La fièvre du samedi soir
EDMONTON – La voix de Shania Twain et les grands succès qu'elle a multipliés sur la scène érigée à un tir frappé du Rogers Place ont ravivé la fièvre du samedi soir dans la marée de partisans venus prendre d'assaut le centre-ville d'Edmonton.
Les huit buts marqués par Connor McDavid et ses coéquipiers ont ensuite ravivé la fièvre de la finale de la Coupe Stanley.
Car oui! Les Oilers d'Edmonton sont encore bien en vie.
Leur victoire de 8-1, la troisième consécutive depuis le début des séries dans le cadre d'un match sans lendemain – ils avaient battu les Canucks de Vancouver dans les matchs six et sept en deuxième ronde – forcera la tenue d'une cinquième rencontre, mardi, en Floride.
« On s'en va là-bas avec l'intention de les forcer à revenir en Alberta », a lancé Connor McDavid après la victoire.
« Limité » à trois passes lors des trois premiers matchs de la finale, McDavid a explosé samedi en marquant son premier but de la finale en plus d'ajouter trois passes.
Il a donc participé à sept des 12 buts marqués par les Oilers aux dépens des Panthers de la Floride depuis le début de la finale.
Mais il y a mieux : avec ses trois mentions d'aide, McDavid a gonflé à 32 sa récolte de passes depuis le début des séries. Une récolte historique puisqu'il vient de dépasser Wayne Gretzky qui détenait l'ancien record (31) depuis 1988.
Les 38 points (6 buts, 32 passes) qu'affiche le capitaine des Oilers lui permettent aussi de partager, avec Gretzky, le cinquième rang au sein de la liste des plus prolifiques marqueurs de l'histoire de la LNH en séries. Gretzky occupe la première place avec 47 points. Mario Lemieux (44) est deuxième et le 99 occupe aussi les troisième et quatrième places avec 43 et 40 points.
« C'est certainement valorisant d'être associé à un joueur aussi célèbre, mais je suis concentré sur autre chose », a plaidé le capitaine des Oilers.
Les Oilers ont non seulement déclassé des Panthers dans toutes les facettes du jeu samedi. Ils sont aussi finalement venus à bout de Sergeï Bobrovsky qu'ils ont chassé du match après avoir enfilé un cinquième but sur les 16 tirs obtenus à ses dépens. Ils ont ajouté les trois autres aux dépens d'Anthony Stolarz envoyé dans la mêlée pour offrir un peu de répit au gardien numéro un.
« Il va rebondir », a tranché l'entraîneur-chef Paul Maurice après quelques questions reliées à la contre-performance de son gardien.
Une main sur la coupe
Faible le « Bobby »?
Peut-être un brin. Mais Bobrovsky a surtout démontré qu'il est humain.
Et comme ses coéquipiers disputaient un match moribond devant lui, le gardien pouvait difficilement répéter ses exploits du premier match de la finale et faire contrepoids à la générosité démontrée à l'égard des Oilers.
Contrairement aux promesses lancées à droite et gauche depuis qu'ils ont pris le plein contrôle de la grande finale, jeudi, les joueurs des Panthers donnaient l'impression d'être plus concentrés sur la manière dont ils entendaient célébrer leur conquête de la coupe Stanley que sur les moyens à prendre pour signer la quatrième victoire de la finale.
Une quatrième victoire qui est souvent la plus difficile à aller chercher.
À l'exception d'une poussée en milieu de première période au cours de laquelle ils ont coupé en deux l'avance de 2-0 que s'était rapidement donnée les Oilers en plus de passer à un cheveu de niveler les chances tout juste après leur premier et seul but, les Panthers n'ont fait qu'acte de présence.
Du haut de la galerie de presse, on aurait juré qu'ils étaient prêts à laisser le match aller pour s'offrir la chance de soulever la coupe devant leurs partisans mardi.
C'est d'ailleurs bien plus sur le plaisir de retrouver ses « sensationnels partisans » en Floride que sur la contre-performance que lui et ses coéquipiers venaient de connaître que Matthew Tkachuk s'est attardé après le match de samedi.
Tkachuk n'affiche qu'une passe depuis le début de la finale. Et après quatre matchs, ses «sensationnels partisans» en Floride seraient en droit d'exiger davantage de sa part. Ses coéquipiers aussi.
« C'est la première fois de l'histoire de ces joueurs et de notre franchise que nous avions à composer avec toute la turbulence associée à cette situation. Nous aurions peut-être pu mieux la gérer. Cela dit, toutes les nouvelles expériences te permettent d'apprendre des choses nouvelles. Nous avons maintenant deux jours pour apprendre de ce qui est arrivé ce soir », a quant à lui plaidé l'entraîneur-chef Maurice, histoire d'excuser les ratés de son équipe.
L'entraîneur-chef devra s'assurer de ramener son groupe à la réalité et convaincre ses joueurs que la coupe, bien qu'à leur portée, est loin d'être gagnée s'il veut éviter une remontée plus stressante des Oilers.
Knoblauch a vu juste
Oui les Panthers ont mal joué samedi. Vraiment! Mais il serait injuste de ne pas donner aux Oilers le mérite qui leur revient d'avoir repoussé l'échéance de la finale.
À commencer par Kris Knoblauch qui a apporté des changements qui ont donné des ailes à ses trios.
Ralenti par la présence de Corey Perry et Ryan McLoed, jeudi, Leon Draisaitl était beaucoup mieux entouré par Ryan Nugent-Hopkins et Dylan Holloway samedi. Le nouveau trio volait sur la patinoire. Les trois membres ont totalisé six points : deux buts, une passe pour Holloway, deux passes pour Draisaitl et un but pour RNH.
À la gauche de McDavid et Zach Hyman, Warren a fait bonne figure.
Mais ce sont les joueurs de soutien Mattias Janmark et Adam Henrique qui ont donné le ton au match. Janmark a marqué le premier but en désavantage numérique après que les Panthers eurent frappé le poteau coup sur coup. À peine cinq minutes plus tard, il a offert une passe parfaite qui a permis à son centre de toucher le fond du filet.
Tout fonctionnait pour les Oilers samedi. Les huit buts, dont un premier marqué en 16 avantages numériques depuis le début de la finale, pourraient aider à relancer cette attaque qui avait été muselée par les Panthers lors des huit premières périodes de la série.
« Ça peut servir d'étincelle oui, a convenu Leon Draisaitl avant d'ajouter : mais nous devrons aussi offrir le même genre d'effort qui permet de créer des occasions de qualité et d'en profiter. On doit s'attendre à ce qu'ils soient beaucoup plus étanches en défensive lors du prochain match. »
« C'est clair que leurs gros joueurs doivent être soulagés d'avoir débloqué offensivement comme ils l'ont fait ce soir. Est-ce que j'accorde de l'importance au nombre de buts marqués contre nous? Pas vraiment. On méritait de perdre ce soir, parce que nous avons disputé une mauvaise partie de hockey. Ils se sentiront bien pendant deux jours et tout sera à recommencer lorsque la rondelle sera déposée au début du prochain match », que Paul Maurice a philosophé en assurant qu'il ne croyait pas au transfert du momentum d'une partie à une autre.
Ce sera à surveiller.
Car le monstre à deux têtes des Oilers, une fois réveillé et en pleine possession de ses moyens, est capable de grandes choses sur la patinoire. Surtout si l'adversaire lui ouvre toute grande la porte comme les Panthers l'ont fait samedi soir.
Ah oui! J'oubliais!
Dans les surprises agréables qui ont permis aux Oilers d'éviter le balayage samedi, il est impératif de souligner la performance de Stuart Skinner.
Je sais! Skinner a profité de l'éveil offensif de ses coéquipiers pour jouer sans grande pression samedi. Mais il a quand même réalisé quelques très gros arrêts sur les 32 qu'il a réalisés.
«Il a fait de gros arrêts, mais surtout des arrêts opportuns. On sait qu'on peut compter sur lui», que McDavid a indiqué en parlant du vol réalisé aux dépens de Carter Verheaghe pour l'empêcher le niveler les chances 2-2 en milieu de première.
Un arrêt qui a peut-être changé le cours du match et qui sait... celui de la finale.