Ils jouaient dans un aréna rattaché à un centre commercial. Ils soulignaient leurs buts au son d'une musique qui sonnait comme un thème d'émission de télévision des années 1970 et ils sont disparus de la carte du hockey depuis 17 ans.

Malgré cela, les couleurs bleue et verte des Whalers de Hartford demeurent très visibles.

« Les gens qui ont grandi avec les Whalers ne les oublieront jamais et ils auront toujours un sentiment d'affection pour eux », souligne l'ancien directeur général Jim Rutherford.

À la suite de la récente retraite du gardien Jean-Sébastien Giguère, il n'y a plus aucun ancien joueur des Whalers qui évoluent dans la LNH (le nom de Chris Pronger figure encore au sein de la formation des Flyers de Philadelphie même s'il est acquis qu'il ne rejouera plus jamais, et Craig Adams des Penguins de Pittsburgh a été un des derniers choix de l'équipe, même s'il n'a jamais porté ses couleurs).

« Je n'aurais jamais cru ça, oui il a été le dernier joueur des Whalers dans la ligue, mentionne Sean Burke, qui a joué pendant cinq saisons à Hartford, incluant une avec Giguère. C'est d'une certaine façon la fin d'un autre chapitre pour les Whalers de Hartford, mais d'une autre façon ça garde l'histoire de l'équipe bien vivante. »

Dans les faits, la véritable histoire des Whalers n'est plus que pure nostalgie : la plupart des amateurs de sport de Hartford n'étaient même pas nés quand l'équipe a remporté son seul titre de la section Adams en 1987 ou ils n'ont jamais assisté à un match au Civic Center en arborant fièrement le logo de l'équipe et entendre résonner dans les hauts-parleurs la musique de « Brass Bonanza ».

Les Whalers ont pu miser sur de loyaux partisans principalement en raison de joueurs comme Ron Francis et même Gordie Howe qui est venu terminer sa carrière à Hartford.

Francis, Howe et son fils Mark ainsi que Brendan Shanahan sont passés par Hartford avant d'être admis au Temple de la renommée. Pronger pourrait être le prochain dans quelques années. Mais l'héritage des Whalers a autant à voir avec d'anciens joueurs comme les Joel Quenneville, Dave Tippett, Kevin Dineen et Ulf Samuelsson.

« Avec le recul, vous réalisez qu'il y a plusieurs bons joueurs qui sont devenus de bons entraîneurs ou dirigeants dans la ligue, fait remarquer Burke, entraîneur des gardiens chez les Coyotes de Phoenix. La liste est longue. »

Francis, meneur de la concession au chapitre des matchs, des buts, des passes et des points, a remplacé Rutherford comme directeur général des Hurricanes de la Caroline ce printemps. Shanahan vient d'accepter la présidence des Maple Leafs de Toronto tandis que Marc Bergevin en est à sa troisième saison comme directeur général du Canadien et que Don Maloney va amorcer sa huitième année chez les Coyotes.

Tippett (Coyotes) et Quenneville (Blackhawks de Chicago) sont considérés comme deux des meilleurs entraîneurs de la LNH. Samuelsson est un des adjoints d'Alain Vigneault chez les Rangers de New York.

Dineen, dernier capitaine des Whalers avant que l'équipe ne soit délocalisée à Raleigh, en Caroline du Nord en 1997, a dirigé les Panthers de la Floride, avant d'aider l'équipe canadienne féminine de hockey à se couvrir d'or aux Jeux de Sotchi. Le revoilà dans la LNH comme un des adjoints de Quenneville.

Les Whalers ont fait leur entrée dans la LNH, au même moment que les Jets de Winnipeg, les Oilers d'Edmonton et les Nordiques de Québec lors de la fusion de l'AMH en 1979. Ils n'ont pris part aux séries éliminatoires qu'une fois au cours de leurs six premières saisons dans la LNH, avant d'y accéder sept fois d'affilée. Ils ont participé aux séries à huit reprises au cours de leur existence de 18 saisons.

Ils ont été contraints de quitter en 1997, quand le propriétaire Peter Karmanos, incapable de conclure une entente avec l'état du Connecticut pour la construction d'un nouvel amphithéâtre, a délocalisé la concession.

L'amphithéâtre désuet et l'effritement du soutien corporatif ont davantage fait mal aux Whalers que le manque de soutien des partisans.

« C'était évident pour tout le monde que la survie des Whalers passait par la construction d'un nouvel aréna, note Giguère. À ce moment, l'économie de la ville ne le permettait pas. L'argent devait être investi ailleurs que dans la construction d'un aréna, et c'était compréhensible. »

Pour les mêmes raisons, un éventuel retour de la LNH à Hartford n'est pas évoqué, contrairement à Québec qui est une des villes pressenties pour une expansion ou une délocalisation.

Il n'y a toujours pas de nouvel aréna et on se demande si la ville pourrait supporter financièrement une équipe de la LNH de l'ère moderne.

« Québec n'est peut-être pas un bien meilleur marché que Hartford, mais c'est au Canada, résume Burke. Quand vous parlez de Hartford, les gens se rappellent que l'équipe a échoué, qu'au bout du compte les Whalers n'ont pas pu survivre. »