Après un quart de saison à peine, la LNH confinera les surfaceuses au garage entre les troisièmes périodes et les prolongations.

Parce que l’opération était trop longue, parce qu’elle freinait les élans des deux équipes et qu’elle tuait l’atmosphère dans les gradins, la Ligue a proposé de plutôt faire appel aux préposés qui passent la gratte lors des arrêts de jeu. Cette procédure prend moins de deux minutes, soit moins de la moitié du temps nécessaire pour permettre aux deux surfaceuses de couvrir l’ensemble de la patinoire.

Réunis à Toronto mardi, les directeurs généraux ont accepté la proposition de la Ligue qui implantera cette nouvelle procédure dès samedi.

« Ce n’était pas ma meilleure idée », a convenu le directeur général des Red Wings de Detroit Ken Holland qui avait proposé l’an dernier de sortir les surfaceuses avant les prolongations de façon à améliorer la qualité de la patinoire et de mousser les chances de marquer.

« Le bilan des premières semaines démontre qu’il fallait entre quatre minutes et demie et six minutes pour compléter le travail. C’est beaucoup trop long. Les surfaceuses donnent une meilleure qualité de glace, car avec les grattes nous ne faisons qu’enlever la neige accumulée. Mais ce sera préférable d’y aller de cette façon », a expliqué le vice-président aux opérations hockey Colin Campbell.

Les surfaceuses seront aussi confinées au garage avant les séances de tirs de barrage si la prolongation ne fait pas de maître.

On ne peut qu’applaudir cette décision de la LNH. De fait, on doit surtout applaudir le fait que la Ligue n’a pas mis de temps à réaliser que la procédure adoptée l’an dernier était mauvaise et qu’elle a rapidement corrigé le tir.

Comme quoi la LNH peut parfois être efficace…

Trois contre trois

Parlant de prolongation, l’idée de faire jouer les deux équipes à trois contre trois en lieu et place de la séance de tirs de barrage gagne du terrain au sein des 30 directeurs généraux. La Ligue américaine sert de banc d’essai cette année. Croisé au Temple de la renommée lundi soir, Sylvain Lefebvre, l’entraîneur-chef du club-école du Canadien à Hamilton, indiquait que le jeu à trois contre trois lui plaisait… surtout après une victoire.

« Ce n’est pas évident. Quand le jeu débute dans ta zone, tu tiens à avoir recours à deux défenseurs, mais à l’attaque tu peux être tenté d’y aller avec trois attaquants. Ça ouvre la porte à plusieurs options. Mais ce qui est clair, c’est qu’à trois contre trois, avec des changements difficiles à compléter, car nous sommes du côté opposé des bancs des joueurs, ça ouvre beaucoup le jeu », a indiqué le coach des Bulldogs.

« Les résultats de l’expérience dans la Ligue américaine nous aideront à prendre une décision sur ce sujet. Nous voulons que plus de matchs se décident en prolongation et ça semble être le cas en ce moment avec le jeu à trois contre trois. Mais l’échantillon est trop petit si tôt en saison pour nous offrir des conclusions claires », a mentionné Stan Bowman, directeur général des Blackhawks de Chicago.

Stopper le jeu de Toronto

Autre action concrète, la Ligue a demandé et obtenu l’autorisation des directeurs généraux de stopper le jeu, de Toronto, dans l’éventualité d’un but passé inaperçu.

« Nous suivons tous les matchs et dans le cas d’un but qui est clairement bon, mais qui n’a pas été accordé, nous allons appeler au banc des marqueurs officiels pour qu’ils stoppent immédiatement le jeu. La règle existante permet au jeu de se continuer jusqu’au prochain sifflet et de ramener le chronomètre au moment ou le but a été marqué. L’ennui avec cette règle, c’est qu’une pénalité décernée au cours de cette séquence est maintenue. En stoppant le jeu rapidement, nous éviterons ce genre de situation controversée tout en réduisant les risques de blessures, a expliqué Colin Campbell. Nous enverrons un avis aux équipes au cours des prochains jours afin d’officialiser le changement et cette procédure entrera ensuite en vigueur. »

Obstruction aux dépens des gardiens

Si les buts accordés ou refusés à la suite d’obstruction aux dépens des gardiens de but vous donnent des maux de tête, dites-vous que vous n’êtes pas seuls.

Car les 30 directeurs généraux réunis à Toronto hier ne sont pas arrivés à rendre des décisions unanimes dans le cadre de votes tenus après avoir visionné six jeux controversés. Même que dans trois de ces six situations, les DG étaient également partagés entre le camp des buts accordés et des buts refusés.

« Nous avons fait cet exercice pour démontrer à quel point il est difficile de rendre la décision juste dans ces situations. Il y a tellement d’interprétation sur la façon dont les jeux se déroulent que ça devient très difficile pour nos arbitres. Les joueurs se laissent-ils tomber sur les gardiens dès qu’ils sont poussés par un défenseur? Les gardiens provoquent-ils les contacts ou exagèrent les conséquences d’un impact avec un adversaire? Ce sont des questions qui reviennent de plus en plus souvent parce que les joueurs convergent de plus en plus vers le filet », a mentionné Campbell.

Plus encore que le travail de sensibilisation effectué par la Ligue, une révision des mots choisis dans les règles régissant l’obstruction aux dépens des gardiens pourrait clarifier la situation. Une telle révision n’est toutefois pas encore prévue par Colin Campbell.

Reprises vidéo

Si la LNH a réagi promptement dans le dossier des surfaceuses, elle patine toujours dans la vase dans celui des reprises vidéo. Le débat sur l’à-propos de faire appel aux révisions vidéo plus souvent a une fois encore animé la réunion des directeurs généraux. Mais il faudra encore attendre avant de voir des résultats concrets se pointer le bout du nez.

Car s’ils sont unanimes à dire qu’ils tiennent à réduire au minimum les erreurs commises par les arbitres, les directeurs généraux ne s’entendent toujours pas sur les modalités à prendre pour améliorer le système.

David Poile (Nashville) préconise depuis quelques années déjà l’ajout d’un écran-témoin au banc des pénalités afin de permettre aux arbitres d’analyser eux-mêmes le jeu au lieu d’être liés à la décision des responsables du centre de contrôle à Toronto.

Cette solution semble tellement simple et efficace qu’il est difficile de comprendre pourquoi la Ligue et les directeurs généraux ne l’adoptent pas en moins de temps qu’il ne faut pour rédiger la proposition.

Les discussions sur les reprises et les appels que pourraient interjeter les entraîneurs durant les matchs se poursuivront au printemps.

La bonne nouvelle, c’est que cette deuxième rencontre se tient en Floride plutôt qu’à Toronto. Il sera donc plus intéressant de faire le pied de grue sous le soleil plutôt que de se geler les doigts à Toronto en attendant une conclusion. Si conclusion il y a…

Coup de genou

Responsable de la sécurité des joueurs, Stéphane Quintal a effectué, comme prévu, une présentation sur les impacts genou contre genou qui sont en hausse depuis le début de l’année.

À sa première présentation à titre de successeur à Brendan Shanahan, Quintal s’est bien tiré d’affaire alors que les directeurs généraux n’avaient rien à redire – du moins publiquement – sur les mesures disciplinaires supplémentaires qu’il a imposées depuis le début de la saison.

Les décisions rendues par Quintal tendent à démontrer que les suspensions de base sont maintenant plus sévères (autour de trois matchs) que les suspensions initiales des dernières années.

Et c’est tant mieux…

Murray au travail

Parallèlement aux discussions, la réunion des directeurs généraux a permis à Brian Murray de reprendre sa place autour de la table après l’annonce que le cancer qui le mine est rendu dans une phase très avancée.

« Je pourrais prendre ma retraite ou me retirer afin de livrer ce combat contre le cancer. Mais je suis incapable de m’imaginer assis sur un divan à ne rien faire. J’ai besoin d’être occupé, de travailler, de faire mon boulot. Cela m’aide à garder le moral et à livrer ma bataille dans le meilleur contexte possible », a indiqué le directeur général des Sénateurs d’Ottawa.

Murray doit s’astreindre à des séances de 48 heures de chimiothérapie aux deux semaines. Il orchestre ses séances en fonction du calendrier de son équipe ou de ses activités professionnelles.

« Je devais en subir une aujourd’hui, mais je l’ai retardé à demain. Une fois le traitement complété, j’ai besoin d’une journée ou deux pour m’en remettre et je reprends mes activités ensuite. Les contrecoups des traitements sont durs, mais une fois qu’ils sont passés tout va aussi bien que ça peut aller », a indiqué Murray.

Pourquoi livrer son combat sur la place publique plutôt qu’en solitaire?

« Je n’avais pas l’intention de lever le voile sur la maladie. Le reportage auquel j’ai accepté de participer avec Michael Farber me permet de sensibiliser les hommes à se soumettre à des examens de dépistage. Je ne l’ai jamais fait et j’en paye le prix aujourd’hui. J’ai reçu beaucoup de témoignages positifs et d’appels de joueurs que j’ai dirigés qui me disent que je les ai incités à subir ces tests. Ça ne changera rien à ma situation, mais si cette sensibilisation permet de sauver quelques vies, ma sortie publique n’aura pas été vaine », a indiqué Murray qui est foudroyé par un cancer colorectal qui s’est propagé aux organes internes et aux poumons. Un cancer identique à celui qui a eu raison de Pat Burns il y a quatre ans.

Bryan Murray a perdu une quarantaine de livres depuis le diagnostic initial de son cancer le printemps dernier. Il ne sait pas combien de temps encore il pourra combattre la maladie tout en maintenant au maximum ses activités professionnelles. « Mais tant que je le pourrai, je vais continuer », a-t-il conclu avant de quitter les bureaux de la LNH à Toronto.