BROSSARD – Ce n’est pas que la carrière de Jason Demers stagnait quand il évoluait pour les Sharks de San Jose, mais elle a tout de même emprunté un virage bénéfique depuis qu’il a été échangé aux Stars de Dallas la saison dernière. Par malchance, la présente saison vient toutefois d'être assombrie par une blessure qui pourrait le forcer à rester à l'écart pour le reste de la campagne.

Demers s'est blessé au haut du corps dans la défaite des siens face au Canadien de Montréal mardi. L'entraîneur-chef Lindy Ruff ne s'est pas montré optimiste à son égard, prévoyant une absence à long terme qui risque de lui faire rater les séries éliminatoires alors que son équipe y sera une aspirante sérieuse à la coupe Stanley.

En dépit de la tournure des évènements, celui qui a été obtenu en retour de Brenden Dillon a contribué, à sa façon, à l’impressionnante relance des Stars qui avaient terminé le calendrier 2014-2015 à l’avant-dernier rang de leur division.

Joyeux luron, Demers se plaît énormément avec la formation de Lindy Ruff surtout que les résultats positifs se sont accumulés. Le Québécois de 27 ans n’excelle pas autant que certains de ses coéquipiers comme Jamie Benn, Tyler Seguin, John Klingberg ou Jason Spezza, mais il a contribué de manière régulière.

À vrai dire, le défenseur originaire de Dorval se dirigeait vers sa deuxième meilleure récolte de points en carrière avant l'incident d'hier. De plus, il n’a jamais été utilisé aussi souvent avec une moyenne de 21:04 par rencontre comparativement à 19:26 en 2014-2015.

Demers s’empresse donc de confirmer que le changement d’organisation a été profitable dans son cas.

« C’est sûr, j’ai plus de responsabilités avec les Stars. Ça marche bien présentement et on a du plaisir. Je pense que le changement a été assez facile pour moi », a déclaré le sympathique droitier qui a amassé 22 points en 60 matchs cette saison.

Demers ne souhaite surtout pas critiquer son parcours avec les Sharks avec lesquels il a connu des saisons de 21, 24 et 34 points notamment tout en apprenant à se développer dans la LNH. Il considère donc qu’on lui avait accordé assez de place pour se prouver dans le contexte qui prévalait.

« Il y avait des défenseurs avec plus d’expérience devant moi et j’étais encore jeune dans ma carrière. Quand tu as des joueurs comme Brent Burns, Marc-Édouard Vlasic et Justin Braun, c’est plus difficile de monter dans la hiérarchie. Ils voulaient me donner une chance et ils ont eu l’occasion de recevoir quelque chose d’intéressant en retour. La décision a bien fonctionné pour les deux côtés », a analysé celui qui touche la cible sur 7,5 % de ses lancers, un résultat très intéressant pour un défenseur.

Évoluant derrière un arsenal des plus puissants en attaque, Demers a rapidement compris que son rôle ne comporterait pas autant de missions offensives sans que ça l’empêche de récolter sa part de points. Du même coup, il semble avoir profité de la situation pour améliorer son rendement défensif. En effet, il affiche un différentiel de +17 contrairement à -3 la saison passée.

Sans trop se soucier de cette colonne, Demers avoue que les défenseurs les plus dominants trouvent le moyen de s’y démarquer.

Jason Demers« J’y crois quand ça va bien, mais pas quand ça va mal », a rigolé Demers avant de répondre plus sérieusement.

« Il y a des extrêmes, mais les meilleurs défenseurs parviennent à présenter de bons chiffres. Je pense à Nicklas Lidstrom. Mais ce n’est pas si grave d’avoir un moins ici et là surtout si tu voulais créer de l’attaque », a-t-il proposé.

Questionné à savoir si Demers se débrouille mieux du côté défensif de la rondelle, Ruff a préféré relayer le tout au jeu collectif.

« En fait, je dirais plus qu’on fait un meilleur travail en équipe dans ce sens. Ce n’est pas à propos d’un joueur en particulier et Jason a embarqué dans ce mouvement, il a suivi l’élan. On a un peu réduit les chances de qualité accordées à l’adversaire. Ça arrivait souvent quand on avait l’avance en plus la saison dernière. Cette année, on prend des décisions plus intelligentes avec la rondelle, on a été plus patient et on a pu gagner plus de matchs ainsi », a exposé Ruff qui a été fort intéressant en entrevue.

Demers mérite du crédit pour l’évolution dans son jeu, mais il ne faudrait pas oublier qu’il peut évoluer avec le vétéran suédois Johnny Oduya qui s’avère un précieux allié.

« Il m’a beaucoup aidé, il sait comment jouer et j’ai appris défensivement sur le positionnement à ses côtés. Ce fut l’une des meilleures choses de me retrouver avec lui, il rend le tout un peu plus facile pour moi », a avoué Demers en vantant son partenaire de 34 ans.

Russell, un outil très utile

Malgré le travail d'Oduya, et d'autant plus avec la récente blessure de Demers, les Stars peuvent encore améliorer leur art défensif et l’ajout de Kris Russell à la brigade se traduit dans ce sens. Une fois que John Klingberg sera rétabli de sa blessure, Ruff pourra miser sur un groupe plutôt intéressant à la ligne bleue.

Acquis des Flames de Calgary, Russell n’a pas tardé à faire sa place avec les Stars et son adaptation devrait mener à des résultats encore plus intéressants prochainement.

« On sait tous qu’il bloque des tirs à merveille, mais il bouge bien la rondelle, il est rapide. Défensivement, il est meilleur que ce qu’on peut dire de lui. C’est agréable de voir un défenseur prêt à sacrifier son corps, il va nous aider », a noté Demers.

« Il a été génial, il cadre vraiment bien avec notre équipe. On sait ce qu’il nous procurera à chaque match. C’est un joueur très intense prêt à faire le sale boulot. Quand il bloque des tirs, c’est aussi important qu’un arrêt clé, ça fait partie des choses très utiles dans un match et ça motive tous les joueurs », a ajouté Jamie Benn au discours enchanté de Demers.

Ceci dit, Ruff représente sans doute celui qui se réjouit le plus de cette arme supplémentaire à l’approche des séries.

Comment animer un mariage selon Jason Demers

« Notre jeu est bâti sur le déplacement de la rondelle et il cadre très bien dans cette philosophie. Il jouait quand même un style un peu différent avec les Flames. En plus, il est arrivé quand nous avions quelques blessures donc il a pu nous aider rapidement. Il peut vraiment passer plusieurs minutes sur la glace », a souligné son nouvel entraîneur.

Justement, les Stars sont rendus à faire leurs ajustements pour la « vraie saison » et Demers a tenu un discours qui fait penser au débat entourant un certain défenseur du Canadien récemment.

« On joue encore de manière un peu trop risquée à l’occasion. C’est le fun de jouer vers l’attaque, mais il faut quand même parfois mettre la rondelle dans le fond du territoire et diminuer les risques. C’est encore plus vrai selon le moment du match, il faut jouer de façon prudente et responsable. Ça s’apprend avec l’expérience », a conclu Demers qui est bien placé pour parler.