LAS VEGAS - Dans une ville clinquante, scintillante et grouillante d’activités comme Las Vegas, l’annonce de l’arrivée de la LNH dans la capitale du jeu est passée inaperçue. Ou presque.

Pas de feux d’artifice, pas de grande fête dans les rues, pas de partisans venus crier leur joie pour rivaliser avec le bruit des machines à sous dans le casino de l’hôtel Encore où les gouverneurs ont entériné à l’unanimité la candidature de Las Vegas à titre de 31e équipe de la Ligue nationale de hockey. Pas même d’ovation dans la salle de conférence lorsque le nouveau propriétaire Bill Foley a été invité à se rendre au micro pour commenter son entrée dans la LNH. Jeremy Jacobs, qui a recommandé l’approbation de la candidature de Las Vegas à titre de président du comité exécutif de la LNH, a été le seul à applaudir le nouveau propriétaire après l’avoir présenté. Et encore, il l’a fait timidement…

Les trois chaines locales de télévision ont ouvert leur bulletin respectif avec «l’annonce historique» de l’arrivée de la LNH. Des images de la conférence de presse, quelques mots du propriétaire, des images de la cérémonie de remises des trophées individuels qui se déroulait dans un hôtel voisin du quartier général de la LNH, les commentaires d’une mairesse très heureuse d’ajouter du hockey de la LNH à l’offre déjà abondante d’activités et de spectacles susceptibles d’attirer des touristes dans le désert du Nevada, les commentaires de quelques amateurs vêtus de chandails d’équipes de la LNH et des images de jeunes garçons et filles donnant des coups de patin sur l’une des patinoires construites dans la capitale du jeu.

Mais bien qu’elle ait obtenu son équipe dans l’anonymat et sous un soleil de plomb qui a fait dangereusement grimper le mercredi au-delà des 43 degrés Celsius, Las Vegas a gagné.

En échange d’un chèque de 500 millions $ US, Bill Foley a obtenu ce qu’il espérait depuis des années : une équipe de la LNH. Une équipe qui disputera son premier match en 2017-2018 au rutilant T-Mobile Arena qui n’attend que ses principaux locataires et les partisans qui seront invités à venir les appuyer.

Un problème d'audience sur le plan local

Le site internet Vegaswantshockey.com, site par le biais duquel plus de 14 000 partisans potentiels ont enregistrer des promesses d’achat de billet de saison a changé de nom tout juste après l’annonce de Gary Bettman. Il est devenu : Vegasishockey.com.

Ces quelque 14 000 détenteurs potentiels de billets de saison ont convaincu les gouverneurs de la LNH qui savaient déjà que l’argent corporatif coulerait à flots à Vegas, mais qui se demandaient si l’appui populaire serait suffisant pour faire vivre un club professionnel.

«Nous avons gagné. Cela a été plus difficile et plus long que je l’avais anticipé, mais nous avons gagné. Lorsque la Ligue a commencé à parler des paramètres d’un éventuel repêchage d’expansion il y a quelques semaines, j’ai compris qu’on avait gagné», m’a lancé Bill Foley qui affichait un large sourire lorsque je lui ai parlé dans la salle de conférence à l’intérieur de laquelle il a multiplié les entrevues.

Et s’il avait perdu sa mise. Si la LNH avait différé sa décision comme elle l’a fait avec la candidature de Québec, est-ce que Foley se serait retrouvé avec un amphithéâtre impossible à rentabiliser comme le sera le Centre Vidéotron en attente des Nordiques.

«Il nous fallait un amphithéâtre pour attirer la LNH et cet amphithéâtre profitera de la présence du hockey, c’est clair. Mais il y a déjà une centaine de spectacles prévus au cours de la prochaine année. Je vais aller voir Garth Brooks et Shania Twain en fin de semaine. Le T-Mobile aurait été profitable sans le hockey. Il sera maintenant rapidement l’un des amphithéâtres les plus occupés de la Ligue.

Marchés non orthodoxes

Bill Foley le reconnaît sans retenue : Las Vegas n’est pas un marché orthodoxe pour le hockey. Mais il est convaincu que son équipe sera un atout pour la LNH. Qu’elle connaîtra du succès.

«Nous avons obtenu 14 000 promesses d’achat de billet de saison alors que nous n’avions pas de club et pas d’amphithéâtre. Maintenant que nous avons les deux, l’enthousiasme grimpera. Nous les contacterons tous pour transformer les promesses et véritables billets de saison et je m’attends à ce que la liste s’allonge. Je suis convaincu que nous disputerons tous nos matchs devant des gradins remplis au maximum de sa capacité», a indiqué l’heureux propriétaire.

Ça reste à voir…

Histoire d’atténuer les critiques multipliées par ceux et celles – et ils sont nombreux – qui lui reprochent de dénaturer le hockey en l’implantant une fois encore dans un marché non traditionnel, Gary Bettman a souligné le fait que les Sharks de San Jose se sont rendu en finale de la coupe Stanley, que les deux autres clubs californiens ont soulevé la coupe Stanley trois fois depuis 2007, que ces trois équipes ont terminé premières dans la division pacifique – devant les Coyotes de l’Arizona – que les Stars de Dallas ont remporté le championnat de la saison régulière dans l’Ouest et que Auston Matthews, qui sera auréolé du titre de tout premier choix au repêchage de la LNH vendredi soir à Buffalo, est natif de l’Arizona et que ce sont les Coyotes qui l’ont incité à jouer au hockey quand il était petit.

«C’est un grand jour pour notre ligue et pour les amateurs de hockey. Nous sommes les premiers à nous installer dans cette ville vibrante et cette association est excellente pour notre ligue et pour Las
Vegas», a ensuite conclu le commissaire.

Les prochaines années sauront nous dire si Bettman a eu raison. S’il a une fois encore eu raison. Car bien qu’on puisse lui reprocher bien des choses, les aventures de la LNH en terre inhospitalière pour le hockey, du moins de prime abord, ont majoritairement été couronnées de succès.

Tout à construire

Maintenant qu’il a obtenu son club, Bill Foley devra le bâtir.

À commencer par lui trouver un nom, à créer un logo et à établir les couleurs du club. «Je suis attaché au nom Black Knights pour des raisons évidentes – c’est le nom de sa compagnie de finance –, mais je ne sais pas encore si c’est le meilleur nom possible. Peut-être que nous opterons seulement pour les Knights. On verra. Je veux toutefois demeurer loin des noms trop évidents comme les scorpions, les casinos ou les gamblers», a indiqué Foley.

Parlant de «gambling», le commissaire Gary Bettman a assuré qu’il n’en craignait pas les répercussions. «Notre sport occupe une très petite portion des paris sportifs. Nous étudierons la situation, mais je ne vois pas de problème.»

ContentId(3.1188632):L'histoire du hockey à Las Vegas
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Une fois le nom et les couleurs de l’équipe choisis, Bill Foley amorcera les premières embauches afin d’élaborer la scructure de l’équipe. «Les choses bougeront rapidement d’ici les 30 à 45 prochains jours. Nous profiterons des conseils de la LNH pour nous assurer de respecter les règles et de trouver les gens les plus compétents. Nous trouverons des hommes de hockey qui sauront donner la philosophie que je tiens à avoir pour notre équipe. Nous voulons un club qui sera impliqué dans notre communauté. Nos fans auront accès au centre d’entraînement. Nos joueurs seront bien traités. Nous prendrons tous les moyens nécessaires pour que leurs familles soient heureuses ici, pour que leurs enfants aient accès aux meilleures équipes. Nous avons plus de 2 millions d’amateurs potentiels qui ont hâte d’encourager une équipe gagnante. Nous prendrons les moyens pour leur offrir cette équipe.»

Cette équipe prendra forme avec le repêchage d’expansion qui se déroulera dans un an presque jour pour jour : soit le 20 juin 2017. Un repêchage qui sera plus généreux que lors des dernières expansions afin de donner la chance à la nouvelle équipe d’être plus compétitive sur la patinoire. Un atout pour permettre de mousser l’intérêt des nouveaux partisans et le maintenir.

Plusieurs noms circulent déjà à Las Vegas pour pourvoir les postes importants au sein de l’état-major de la nouvelle équipe. Celui de Scott Mellanby, l’un des adjoints de Marc Bergevin avec le Canadien, a été mentionné à titre de premier directeur général des Black Knights. Le nom de Kevin Gilmore, qui vient de quitter ses fonctions à titre de chef des opérations avec le Tricolore, a aussi été soulevé à titre de président potentiel de la 31e équipe de la LNH.