NASHVILLE – Écrasé au fond de son siège sur la galerie de presse de fortune aménagée dans les gradins de la section 311, Pierre-Alexandre Parenteau suit le troisième match de la série opposant les Predators aux Ducks d’Anaheim avec un brin d’attention et deux brins de désarroi.

L’attention est normale considérant l’enjeu du match et surtout l’animosité qui oppose les deux équipes depuis le début d’une finale de l’Ouest qui a des allures de guerre à finir. Une guerre qui offre tout un spectacle cela dit.

Le désarroi est tout aussi normal.

Acquis à la date limite des transactions – les Devils du New Jersey ont obtenu en retour un choix de sixième ronde – par des Predators qui cherchaient à faire le plein de munitions offensives à l’aube de séries qu’ils espéraient prolonger le plus longtemps possible, Parenteau préférerait de beaucoup être un acteur dans cette finale aussi relevée plutôt qu’un simple spectateur.

Contrairement aux jeunes Québécois Frédérick Gaudreau* et Alexandre Carrier** qui font partie de l’équipe de réserve et qui sont visiblement très heureux d’être associés, bien que ce soit de loin, à cette première présence des Predators en finale de l’Ouest, le vétéran Parenteau peine à se satisfaire d’un rôle de soutien.

« Ça commence à être difficile », a d’ailleurs convenu le vétéran au cours d’un entretien avec le RDS.ca lors du premier entracte du match de mardi.

Même si les Predators mènent la série 2-1, Peter Laviolette a décidé de faire appel à ses services pour la partie de jeudi.

Laviolette aurait pu conserver la même formation pour le quatrième match car comme le dit le vieil adage, on ne change pas une combinaison gagnante.

Remarquez que ce cliché du sport est loin de sourire au Québécois qui vient de célébrer ses 34 ans. Inscrit à la formation à deux reprises seulement depuis le début des séries, Parenteau était en uniforme pour la victoire de 4-1 qui a permis de compléter le balayage des Blackhawks de Chicago en première ronde. Il était aussi de la formation qui a battu les Blues de St Louis (4-3) lors du premier match en deuxième ronde.

Depuis, Parenteau « travaille fort » lors des entraînements pour garder la forme tout en espérant un signe positif de la part de Peter Laviolette.

Ce signe serait sans doute venu plus rapidement si les Oilers d’Edmonton avaient pu compléter le travail qu’ils avaient si bien amorcé en deuxième ronde avant de se laisser rattraper et éliminer par les Ducks. Car contre un club dont le jeu est moins axé sur la robustesse que préconisent les Ducks, Parenteau aurait offert un atout plus intéressant à Laviolette.

Famille arrivée en renfort

S’il compose avec sa déception en silence, Parenteau compte sur un appui de taille au sein du vestiaire des Predators. Mike Fisher, son capitaine et joueur de centre lorsqu’il est en uniforme, croit toujours que Parenteau pourrait donner un fier coup de main si l’occasion se présentait. « P-A a de l’expérience et du talent. Il vit des moments difficiles, c’est clair. Mais il ne lâche pas. Il s’entraîne fort. On le voit. On sait qu’il sera prêt si l’on fait appel à ses services et c’est le genre de gars qui pourrait nous donner un ou des buts importants si cela arrivait. J’en suis convaincu », a souligné Fisher croisé après la victoire de mardi.

Ces buts ne sont pas venus lors des deux matchs que Parenteau a disputés. Il a obtenu deux tirs en près de 11 minutes de jeu contre Chicago et un en 11:30 contre St Louis. Il a toutefois terminé les deux rencontres avec des différentiels de zéro.

S’il garde la forme sur la patinoire et au gymnase, Parenteau a reçu un appui de taille sur le plan du moral en début de semaine alors que son épouse et leurs deux enfants sont venus le rejoindre à Nashville.

« Ça faisait un mois que je ne les avais pas vus. Ne pas jouer et en plus être loin de ta famille, ce n’est pas une bonne combinaison. Ce qui m’aide c’est que nous avons une fichue de bonne équipe ici. Mais en plus, c’est vraiment un bon groupe de gars. J’ai rarement vu un groupe aussi uni. C’est vraiment le fun de faire partie de ce groupe et ça t’oblige à prendre tous les moyens pour éviter d’être une distraction.»

En plus de découvrir de nouveaux coéquipiers, Parenteau a pu renouer avec P.K. Subban, son ancien coéquipier avec le Canadien. « P.K. s’est vraiment mis en marche en séries. Il joue du très gros hockey pour nous. Mais quand tu regardes notre top-4, c’est incroyable de voir à quel point il est solide. Josi et Ellis sont vraiment solides. Je ne crois pas que les amateurs autour de la Ligue savaient à quel point ces deux gars-là sont bons. Avec P.K. et Ekholm en plus, on est vraiment fort à la ligne bleue. À l’attaque, on est tenace et capable de marquer des buts aussi. On a vraiment une bonne équipe », défilait l’ailier droit cantonné, pour le moment, dans un rôle d’analyste.

Les yeux sur l’an prochain

La saison qui s’achève n’aura donc pas été facile pour Parenteau. C’est le moins que l’on puisse dire. Soumis au ballottage dès la fin du camp d’entraînement, le Québécois a été réclamé par les Devils du New Jersey. Avec cette équipe qui en a arraché toute la saison, Parenteau a marqué 13 buts et amassé 27 points en 59 matchs.

Une fois à Nashville, une blessure à l’auriculaire a miné ses chances de se faire une place dans la formation. « La blessure ne m’a pas aidé, mais les choses n’allaient pas bien sur la glace non plus. Une combinaison de facteurs a compliqué les affaires. Ça m’a fait revivre un peu ce que j’avais vécu lors de mon passage avec le Canadien (2014-2015). »

Parce qu’il complète le contrat d’un an signé avec les Islanders l’été dernier, son passage avec les Predators aurait pu mousser ses chances de se faire une niche à Nashville ou d’attirer l’attention d’autres formations de la LNH. Car oui, malgré ses 34 ans, Parenteau espère prolonger sa carrière.

« J’espère jouer le plus longtemps possible. Je suis encore en forme, j’ai encore le goût et la passion de jouer. Je veux gagner. C’est clair que de la façon dont les choses vont présentement, ça ne m’aide pas beaucoup, mais j’espère vraiment obtenir un contrat l’été prochain. Je veux jouer l’an prochain », a conclu Parenteau.

*Frédérick Gauvreau : jamais repêché, le centre âgé de 24 ans a marqué 25 buts et récolté 48 points en 66 matchs avec le club-école de Milwaukee et a obtenu une passe en neuf matchs avec les «Preds»

** Alexandre Carrier : repêché en 4e ronde (115e sélection) en 2015, le défenseur de 20 ans qui a disputé quatre saisons avec les Olympiques de Gatineau, a marqué six buts et ajouté 33 passes en 72 matchs avec le club-école de Milwaukee en plus de disputer deux rencontres avec le grand club.