Le 1er juillet est toujours une journée très mouvementée dans la Ligue nationale de hockey, mais il me semble que cette année, c’était particulièrement fou. Vous ne trouvez pas?

Alors que mon collègue Denis Gauthier vous réserve son analyse de ce qui s’est passé chez le Canadien, voici quelques-unes de mes observations sur les transactions qui ont marqué le reste de la LNH.

1. Les gagnants de la journée : Stars et Blues

Pour moi, aucune équipe n’a davantage aidé sa cause mardi que les Stars de Dallas. Wow! Si on avait de la difficulté à vendre des abonnements de saison il y a quelques années au Texas, ça ne devrait plus être le cas avec l’attaque que le directeur général Jim Nill a réussi à construire.

Avec l’arrivée de Jason Spezza et Ales Hemsky qui se greffent à des étoiles montantes comme Jamie Benn et Tyler Seguin, les Stars sont maintenant dotés de deux trios dangereux qui forceront l’adversaire à être constamment sur ses gardes. Alex Chiasson, qui a été envoyé à Ottawa dans une transaction qui a permis d’obtenir la première pièce de ce nouveau puzzle, n’est pas un méchant joueur, mais Spezza lui est évidemment supérieur et représente toute une amélioration pour les Stars, surtout à une position aussi importante que celle de joueur de centre.

Ajoutez à ça les acquisitions plus modestes de Patrick Eaves, un rapide joueur de profondeur, et Anders Lindback, qui vient stabiliser la position de deuxième gardien, et vous obtenez une équipe de plus en plus solide qui suscitera assurément l’intérêt l’hiver prochain à Dallas.

Les Blues de St Louis n’ont pas été aussi actifs, mais ont selon moi réussi l’un des meilleurs coups de la journée en attirant Paul Stastny dans leurs filets.

L’année dernière, c’est Vladimir Sobotka qui pivotait le deuxième trio des Blues. Aujourd’hui, on l’a remplacé par un joueur de première qualité. Stastny n’est pas un pu marqueur, mais c’est un excellent passeur qui complémentera à merveille les francs-tireurs du Missouri.

2. Les temps seront durs à Ottawa

Si vous ne voulez pas appeler ce qui se passe à Ottawa une reconstruction, admettez que c’est un remaniement coûteux.

J’aime beaucoup Bobby Ryan, mais s’il n’est pas mieux entouré, ça ne sera pas le même Bobby Ryan. Ça fait beaucoup de minutes rapides à prendre pour le jeune Mika Zibanejad et je me demande s’il sera capable de supporter cette imposante nouvelle charge de travail.

À moins qu’une autre transaction soit dans les plans de Bryan Murray? Je l’ignore, mais même si c’est le cas, on peut deviner qu’on n’accueillera pas un joueur de centre de la qualité de Jason Spezza cet été dans la capitale canadienne.

D’après moi, les Sénateurs sont maintenant lourdement hypothéqués pour quelques années.

3. Les Rangers vont s’en remettre

Les Rangers de New York aussi ont perdu des morceaux importants, des joueurs qui ont été des contribuables importants à leur impressionnant parcours éliminatoire qui a pris fin en finale de la coupe Stanley. Mais je ne pense pas que la situation soit si dramatique.

À la place d’Anton Stralman, on retrouve maintenant Dan Boyle. Là, les Rangers sont gagnants. Ils ont maintenant un vrai quart-arrière pour diriger leur jeu de puissance, le pur joueur de pointe que Brad Richards, parti pour Chicago, n’était pas.

La perte du gros Brian Boyle pourrait se faire davantage sentir. Les Rangers, qui s’étaient débarrassés de Derek Dorsett quelques jours plus tôt, avaient selon moi besoin de ce genre de joueurs de caractère.

Pour ce qui est de Benoît Pouliot, je crois que les Oilers d’Edmonton ont été un peu trop généreux pour le convaincre de déménager en Alberta. Son salaire annuel est correct, mais une union de cinq ans? C’est trop. À court terme, la perte de la belle chimie qui s’était créée entre Derick Brassard, Mats Zuccarello et lui pourrait se faire ressentir, mais l’énigmatique attaquant demeure un joueur remplaçable.

4. Les Sabres se vieillissent... enfin!

Peu importe ce qu’ils mettaient dans leur panier, les Sabres de Buffalo ne pouvaient que s’améliorer. Mais en allant chercher des bons vétérans comme Josh Gorges, Brian Gionta, Matt Moulson et Andrej Meszaros, ils ont donné une belle injection de leadership à un vestiaire qui en avait bien besoin.

Un jeune comme Tyler Myers, qui s’est jusqu’ici développé dans le tumulte depuis son arrivée dans la LNH, en est un qui ne se plaindra certainement pas de l’arrivée de nouveau partenaires aussi stimulants.

Le propriétaire des Sabres, Terry Pegula, a les poches profondes et il a enfin permis au directeur général Tim Murray d’y piger. Les acquisitions qui en ont découlé sont intéressantes et devraient donner un nouveau souffle à un bassin de partisans qui méritait mieux depuis quelques années. C’est une journée positive pour les Sabres de Buffalo.

5. Un environnement parfait pour Iginla

Jarome Iginla est passé à côté de son rêve à Pittsburgh, puis à Boston. Maintenant, c’est au Colorado qu’il tentera de mettre la main sur le plus gros trophée qui manque à son palmarès.

L’Avalanche est une équipe parfaite pour Iginla : jeune et agressive, mais en manque de vétérans sur lesquels s’appuyer.

Quand Iginla est arrivé avec les Penguins, à la fin de la saison 2012-2013, je ne suis pas sûr qu’il a pu assumer le même rôle qu’il avait rempli toute sa vie avec les Flames de Calgary. Même chose chez les Bruins, une formation bâtie sur des bases très solides.

À Denver, dans un vestiaire où il redeviendra un modèle pour les plus jeunes, dans une association qu’il connaît très bien, j’ai l’impression qu’on reverra le bon vieux Jarome Iginla.  

6. Qu’est-ce qu’on prépare à Washington?

Matt Niskanen a prouvé beaucoup de choses la saison dernière en s’avérant l’un des joueurs les plus constants des Penguins de Pittsburgh. Au moment où l’équipe était décimée par les blessures, il est demeuré droit comme un chêne et s’est imposé comme le pilier de la brigade défensive. Il a connu toute une saison.

Malgré tout, je trouve que le contrat qu’il a signé avec les Capitals (7 ans/40 M$) est un peu trop lucratif pour sa valeur réelle. Mais que voulez-vous... c’est le marché!

Les acquisitions de Niskanen et de Brooks Orpik mettent probablement la table pour d’autres chambardements chez les Capitals, qui comptent maintenant sur huit défenseurs. Avec l’ascension du jeune Connor Carrick, on prépare selon moi la sortie de Mike Green.

7. Miller règle un problème à Vancouver

C’est à souhaiter que l’arrivée de Ryan Miller à Vancouver mettra fin à la série de problèmes que les Canucks se sont auto-infligés au cours des dernières années devant le filet.

Il ne fait aucun doute que Miller arrivait au sommet de la liste des joueurs disponibles à sa position. Pour moi, les mauvaises séries qu’il a connues avec les Blues n’ont été qu’un épisode circonstanciel dans une carrière autrement brillante. Avec lui, les Canucks ont enfin un numéro un dont le poste ne sera jamais remis en question.

Après être passé de Roberto Luongo à Cory Schneider, d’Eddie Lack à Jacob Markstrom, voilà enfin un problème de réglé. Ça leur prenait un gardien de but de ce calibre.

8. Sans surprise, Vanek a eu exactement ce qu’il voulait

Pour aboutir avec le Wild, Thomas Vanek était prêt à faire des compromis qu’il n’aurait pas faits pour les Islanders de New York ou le Canadien de Montréal.

Vanek voulait jouer au Minnesota plus que n’importe où ailleurs et en regardant le contrat qu’il a accepté, on suppose qu’il n’attendait qu’une offre moindrement raisonnable pour y élire domicile.

Pour d’autres équipes, il ne valait pas 6,5 M$ par saison. Mais avec le départ de Dany Heatley, le Wild pouvait se le permettre et il cadre bien au sein de cette équipe.

9. Celle que je ne comprends pas : le départ de Josh Gorges

En guise de conclusion, permettez-moi d’empiéter dans les plates-bandes de Denis et de vous glisser un mot sur le Canadien. Parce que s’il y a une décision que je suis incapable de m’expliquer au terme de cette journée complètement folle, c’est celle de Marc Bergevin de se départir de Josh Gorges.

Je n’achète pas l’argument qu’on ait voulu liquider son contrat pour libérer de l’espace sur la masse salariale. Après tout, si on fait le calcul en prenant en considération la valeur du nouveau venu Tom Gilbert, on réalise que le Canadien n’économise qu’un peu plus d’un million de dollars!

Bergevin dit qu’il voulait modifier le visage de sa brigade défensive pour avoir des droitiers à droite et des gauchers à gauche. D'accord, mais pour moi, cette tactique ne permet pas de justifier qu’on cherche à se débarrasser d’un gars avec autant de caractère, d’un coéquipier parfait. Gorges, qui aurait gardé les buts pour cette équipe-là, était assommé d’apprendre qu’on ne voulait plus de lui à Montréal et je le comprends.

C’est vrai qu’il n’avait pas grand-chose à offrir offensivement, mais jetez un œil aux statistiques de Gilbert : on ne parle quand même pas d’un gars qui a sa place sur la première unité d’avantage numérique. Il a marqué cinq buts sur le jeu de puissance depuis trois ans! Et vous me direz peut-être qu’il n’a pas joué pour des grosses équipes, mais une seule fois seulement a-t-il fini une saison avec un différentiel positif.

Je veux bien donner la chance au coureur, mais dans mes souvenirs, je ne vois pas un gars très solide défensivement. De plus, c’est « robustesse zéro » dans son cas.

Gionta? Brière? Leur départ ne me choque pas. Je dois être conséquent, je suis le premier à dire que le Canadien doit se grossir.

Mais Gorges, un guerrier qui aurait tout fait pour cette équipe, un gars qu’on n’a jamais entendu se plaindre, qui projetait une image parfaite pour ses coéquipiers, qui était l’allié parfait de l’entraîneur... Ça ne court pas les rues, ce genre de gars-là!

J’ai beau me forcer, je ne la comprends pas.