À quelques mois des Jeux olympiques de Sotchi, Hockey Canada a dévoilé lundi sa liste de 47 invités en vue du camp d’orientation qui aura lieu à compter du 25 août à Calgary. Des vétérans, des joueurs étoiles, de jeunes loups... tout y est et la compétition s’annonce féroce.

Ce sera particulièrement le cas devant le filet, alors que pour la première fois en plusieurs années, personne ne part comme grand favori pour obtenir le poste de gardien partant. Corey Crawford, Roberto Luongo, Mike Smith, Braden Holtby et Carey Price se livreront donc bataille.

Ce n’est toutefois pas ce premier camp qui fera foi de tout. La première moitié de saison sera en effet extrêmement déterminante pour chacun d’entre eux. Les dirigeants canadiens ne risquent pas de faire leur choix avant décembre ou janvier prochains.

Le seul qui part peut-être avec une longueur d’avance – et elle est très petite – est Luongo en raison de son expérience au sein de l’équipe nationale.

Il y a quelques mois, j’ai identifié Price comme un sérieux candidat pour le poste de partant et j’y crois encore. Crawford, qui a impressionné bien des gens en menant les Blackhawks de Chicago à la coupe Stanley, pourrait lui compliquer la tâche. C’est sans parler de Smith.

Pour ce qui est d’Holtby, sa présence au sein de ce groupe peut paraître surprenante, mais il ne faut pas oublier qu’il a bien fait la saison dernière, spécialement en séries éliminatoires. Il mérite d’être vu.

Une chose est certaine, une nouvelle ère risque de commencer à Sotchi.

La jeune garde

En défense, les dirigeants d’Hockey Canada ont notamment invité Drew Doughty, Duncan Keith, Brent Seabrook, Shea Weber et Dan Boyle, qui sont tous repartis de Vancouver médaille d’or au cou en 2010.

Si je vois mal les quatre premiers être ignorés, la présence de Boyle est loin d’être certaine. L’Ontarien demeure un excellent défenseur et il mérite d’être considéré, mais une jeune relève souffle dans son dos.

P.K. Subban, Kristopher Letang, Alex Pietrangelo et Marc Staal ne sont que quelques-unes des menaces pour Boyle.

Trophée Norris en poche, Subban est en constante progression et il sera de la formation lors du dévoilement officiel. Vous pouvez parier un p’tit deux là-dessus, comme sur la présence de Letang.

Ces jeunes loups devraient donc se greffer aux Doughty et Keith, sur qui le Canada comptera beaucoup pour guider cette brigade défensive. Doughty a ouvert bien des yeux à Vancouver, où il avait été exceptionnel malgré son jeune âge, et il sera sans doute encore le général sur qui on se fiera du côté canadien.

Qu’elle ait un pendant pour l’attaque ou pas, cette défense ne manquera certainement pas de mobilité. Tant mieux, car sur une glace olympique, il n’y a pas de place pour se cacher.

Ça prend donc toutes sortes de joueurs. Mobile et capable d’appuyer l’attaque à l’occasion, Seabrook sera donc sans doute encore une fois d’une grande utilité. En 2010, il a notamment excellé en désavantage numérique et il pourrait fort bien hériter à nouveau de cette mission.

Martin St-LouisDernier appel pour St-Louis?

Il va de soi qu’en attaque, le Canada regorgera de tout autant de talent. Et à cette nouvelle génération d’attaquants seront confrontés quelques vétérans, dont Martin St-Louis.

Âgé de 38 ans, le Québécois devra lui aussi connaître un excellent début de campagne pour se tailler un poste. Vétéran de plusieurs saisons, St-Louis a gagné à peu près tout ce qu’il y a à gagner dans la LNH. Il y a toujours de la place au sein de n’importe quelle équipe pour un gars d’expérience comme lui qui ne paniquera pas dans les moments critiques et qui servira d’inspiration pour ses coéquipiers. Ce ne serait pas un miracle qu’il participe à l’aventure olympique.

Parmi les jeunes attaquants qui tenteront de faire leur place, notons la présence de John Tavares, qui se veut à mon avis un incontournable. Malgré son jeune âge, il a prouvé beaucoup de choses en transportant une équipe médiocre jusqu’en séries. Lui aussi en progression constante, il affiche beaucoup de maturité.

Tavares est l’un des meilleurs joueurs de la LNH, mais il n’en reçoit tout simplement pas le plein crédit car il endosse l’uniforme des Islanders.

En ce qui a trait à Taylor Hall, je suis moins convaincu. À moins qu’il connaisse un début de saison du tonnerre et qu’il se retrouve parmi les cinq ou six meilleurs marqueurs après les premiers mois de la campagne, il ne devrait pas faire partie de l’équipe. Pour que le contraire se concrétise, il faudrait que les astres s’alignent. N’empêche, il est encore jeune et il obtiendra sans doute d’autres chances de participer aux Olympiques.

Quant à son coéquipier des Oilers Jordan Eberle, ses chances sont peut-être meilleures. La compétition sera féroce, mais au moment de choisir, à talent égal, il est toujours important de jeter un coup d’œil au parcours des joueurs. Le palmarès d’Eberle parle de lui-même. Avec Équipe Canada Junior, il a inscrit des buts capitaux en moments critiques. Sur la grande scène, il ne se sauvera pas. À titre de 11e, 12e, 13e ou 14e attaquant, il ajouterait de la profondeur au Canada en attaque.

Si vous consultez la liste des invités, vous constaterez la présence de Milan Lucic. Le colosse des Bruins mérite cette invitation, mais il y a lieu de se questionner sur son rôle sur une glace olympique. Sur ce type de surface,  les attaquants de puissance comme lui perdent un peu de leur utilité. Il pourrait cependant être employé dans une mission très précise et c’est de se planter devant le filet adverse en avantage numérique. Autrement, je le vois mal faire partie de l’équipe canadienne.

Un mot en terminant sur le personnel d’entraîneurs qui a pour mission de mener le Canada une fois de plus vers l’or. Entouré de Ken Hitchcock, Lindy Ruff et Claude Julien, Mike Babcock connaît et maîtrise à merveille la recette du succès. Difficile de dénicher de meilleurs candidats.

*Propos recueillis par Mikaël Filion