Gaspé n'est pas une ville où les gens roulent sur l'or. Rien ne leur est facile. Les hivers sont souvent plus longs qu'ailleurs. À Montréal, quand les premiers bourgeons font leur apparition au printemps, Gaspé est souvent frappée par une autre bordée de 25 centimètres de neige.

On regarde tout cela de loin et on trouve les Gaspésiens bien courageux d'encaisser les coups durs sans jamais se plaindre. Ce sont des gens résilients.

Curieusement, quand on demande au maire de Gaspé, Daniel Côté, de nous décrire la personnalité de la vedette locale, Cédric Paquette, le héros obscur de la série entre le Lightning de Tampa Bay et les Blackhawks de Chicago, il s'attarde principalement sur sa persévérance.

« C'est agréable de voir un gars de chez nous qui a persévéré et qui a pleinement mérité ses galons, dit-il. Il n'y a pas de doute que l'élément marquant dans son cas est la persévérance. Dans son jeune âge, personne ne le prédestinait à devenir un joueur de la Ligue nationale et on le croyait encore moins capable d'aider une équipe à remporter la coupe Stanley. Il a travaillé fort. Il a tenu bon, de sorte qu'il est devenu une source d'inspiration pour notre jeunesse locale. Honnêtement, Cédric est une grande source de fierté pour nous. » Dans tous les journaux du Canada et de l'Amérique du Nord, chaque fois qu'il est question de Paquette, on précise qu'il est natif de Gaspé, au Québec. C'est un peu normal qu'on insiste là-dessus car sur les quelque 150 membres des médias qui couvrent cette finale, 90 % d'entre eux n'avaient jamais entendu parler de lui auparavant. On veut tout savoir sur lui. S'il continue de briller et de faire une différence durant cette finale, il ne serait pas étonnant de voir les caméras de la télévision débarquer à Gaspé afin d'en apprendre davantage sur lui.

Pas la langue de bois

Dans les points de presse auxquels il a participé jusqu'ici, il s'est fort bien tiré d'affaire, souvent dans une langue qui n'est pas la sienne. Le sang-froid qu'il démontre sur la glace se reflète devant les médias. Il ne semble pas du tout intimidé.

« Contrairement à plusieurs joueurs de hockey professionnels, il n'a pas la langue de bois, précise le maire Côté. Quand je l'écoute en entrevue, je me dis : « Lui, c'est vraiment un gars de chez nous ».

Paquette est trop occupé pour penser à une chose comme celle-là, mais quand il se démarque au sein d'une organisation aussi talentueuse que le Lightning, quand on l'affecte à des tâches défensives et qu'il s'illustre sur le plan offensif pour devenir un joueur d'impact durant les séries éliminatoires, il devient une source de réconfort pour les gens de son patelin qui ont maintenant un porte-étendard à l'étranger.

Le maire de Gaspé, âgé de 35 ans, est avocat de profession. Il est pompier volontaire et joueur de hockey à ses heures. Il a mis sa carrière d'avocat en veilleuse pour se consacrer entièrement à la politique municipale.

Il aime bien faire une analogie entre ce qu'il est devenu et le statut de vedette instantanée que Paquette a acquis dans le hockey professionnel.

« Je vais aller là où la vie va me mener en politique. Je n'avais jamais imaginé que je deviendrais maire de Gaspé un jour. Cédric ne croyait pas lui non plus occuper une telle place dans la Ligue nationale. Je n'ai pas de plan de carrière précis et peut-être qu'il n'en avait pas lui non plus », souligne-t-il.

Le maire vit à Saint-Majorique, en banlieue de Gaspé, si vous me permettez l'expression. C'est aussi le village de Paquette. Les enfants du maire fréquentent l'école où Paquette a lui-même étudié. Cela dit, le premier dirigeant de la ville ne connaît personnellement ni le joueur du Lightning ni les membres de sa famille. Toutefois, comme les amateurs de hockey de la région de Gaspé l'ont fait, il a commencé à s'intéresser à lui en suivant l'évolution de sa carrière junior avec l'Armada de Blainville-Boisbriand.

La population est rangée derrière lui

Cette semaine, on a placé la photo de Paquette sur la page Facebook de la ville tout en demandant à la population de lui offrir un encouragement sans réserve. La réponse a été instantanée. À en juger par les messages qu'il reçoit, le joueur de 21 ans doit se sentir beaucoup aimé.

Les autorités de la ville de Gaspé ont déjà leur petite idée sur la façon d'honorer leur fierté locale. Ça fait déjà un bon moment qu'on veut souligner la présence du deuxième joueur local à s'être hissé jusqu'à la Ligue nationale, l'autre étant Pascal Trépanier qui n'a amassé que 34 points en 229 parties avec trois formations différentes. C'est clair qu'il y aura un party en son honneur. On a déjà quelque chose en tête pour souligner sa prestation de la dernière saison et l'importance qu'il occupe dans la communauté.

On n'a pas de mal à imaginer l'allure que prendrait la célébration si jamais Cédric Paquette gagnait la coupe Stanley et se présentait chez lui avec le gros trophée au cours de l'été.

« Il ne faut pas s'étonner de ce qu'il est en train de réussir. Cédric a le coeur gros comme la Gaspésie », conclut le maire Côté avec une fierté évidente dans la voix.