Marc Bergevin s’est fait reprocher dernièrement, en situation « critique », de ne pas donner les outils nécessaires à son entraîneur Michel Therrien pour aider au succès des Canadiens sur la glace. On dit aussi que réussir à effectuer une transaction majeure pour améliorer son club est de plus en difficile aujourd'hui.

Cette saison, le directeur général des Predators de Nashville a justement dû donner plus qu'il ne le souhaitait pour obtenir ce qu’il rechechait depuis longtemps, un joueur de centre de qualité. Il s'est départi du jeune et prometteur Seth Jones en retour de Ryan Johansen. Le jeu en a valu la chandelle puis que depuis son acquisition, il a inscrit 12 points en autant de rencontres.

« Notre défense est bonne à Nashville, mais Jones jouait seulement sur la troisième paire et je ne pouvais pas lui offrir mieux, a révélé Poile au cours d’une entrevue à l’émission 30 Minutes CHrono. Il mérite d’avoir plus de minutes et d’être utilisé dans des situations de jeu plus importantes, et à moins d’échanger un (Shea) Weber, (Roman) Josi ou quelque chose du genre, ce n'était pas possible. Nous avons eu de la difficulté offensivement cette année. Nos deux meilleurs attaquants, Mike Ribeiro et Mike Fisher, ont 35 ans. Je ne croyais pas que ce dont nous avions besoin allait être disponible sur le marché des joueurs autonomes et que nous pouvions avoir mieux que Johansen. »

David PoileÀ Nashville comme à Washington, où il est demeuré pendant 15 ans, Poile s’est surtout affairé à bâtir de l’arrière vers l’avant.

« À Washington, on a eu Scott Stevens comme premier choix (5e au total en 1982). J’ai été capable de faire un échange avec Montréal pour Rod Langway et j’en ai fait un avec Los Angeles pour Larry Murphy. Tous ces gars sont au Temple de la renommée. Nous avons été très chanceux. À Nashville, on bâtit l’équipe un peu de la même façon en ce sens qu'on a cette tendance à prioriser les défenseurs au lieu d'avoir un excellent joueur de centre. »

Poile se souvient par ailleurs de ce qui aurait pu être un moment charnière il y a de cela bien longtemps déjà.

« Il y avait une loterie en 1999, et nous l’avons perdue. Si nous avions gagné, on aurait eu Vincent Lecavalier. On aurait pu l’avoir pour plusieurs années. Tampa Bay a gagné la coupe Stanley avec lui. Qui sait ce que l’organisation serait devenue en sa présence? Au repêchage, les défenseurs nous sont venus plus facilement qu’un centre no 1. Cette année, on a fait une grosse transaction avec le défenseur Seth Jones pour le centre Ryan Johansen. Ça démontre à quel point nous avions besoin d’un centre. »

Poile est aussi revenu un peu plus près dans le temps, au repêchage 2013, quand Jones a été sélectionné. Il a admis qu’à ce moment, l'attaquant Aleksander Barkov était son choix. Ce dernier s’est plutôt retrouvé entre les mains des Panthers de la Floride dès le deuxième choix, après Nathan MacKinnon et avant Jonathan Drouin. Ils en profitent bien aujourd’hui avec ses 34 points (15-19) en 41 rencontres.

« Notre besoin était un centre, je pensais qu’on allait avoir un attaquant et peut-être Barkov parce qu’on avait entendu dire que MacKinnon allait être premier, mais ce n’est pas comme ça que ça s’est passé. La Floride a fait un choix intelligent. Barkov est excellent. »

Nashville a par ailleurs été le théâtre de la plus récente édition du Match des étoiles, qui a été un franc succès selon le DG.

« Ç’a été fantastique, ç’a été un grand évènement pour notre ville, pour notre organisation et le hockey. J’ai vu beaucoup de Matchs des étoiles au cours de ma carrière et je pense que ç’a été le meilleur de l’histoire, a même osé dire l’expérimenté homme de hockey, qui est fier de voir quel genre de marché est devenu la capitale du country grâce à ses assistances importantes et à un bon produit sur la glace. La configuration de Nashville fait en sorte que les hôtels, les restaurants, les bars et autres divertissements sont tous à distance à pied de l’amphithéâtre, ce qui rend l'expérience agréable pour les amateurs.

« Le nouveau format à 3 contre 3 avec les joueurs était incroyable, a-t-il ajouté par rapport au spectacle. Ça leur a permis d’utiliser leur vitesse, leur talent et leur créativité. Je suis très heureux qu’on ait changé le format. »

Présentement, les Predators sont septièmes dans l’Association Ouest et Poile croit qu'ils sont équipés pour aller loin.