Dominik Hasek avait l'habitude de régler une machine à lancer des rondelles tout juste sous la barre honrizontale, alors qu'il était couché sur la patinoire. Les disques volaient dans tous les sens, et Hasek s'arrangeait chaque fois pour sortir l'une de ses jambes au bon moment pour les stopper.

Le monde du hockey est rempli d'histoires semblables à celle de la routine d'entraînement de Hasek, et il existe une quantité incalculable de séquences vidéo dans lesquelles on le voit réaliser des arrêts spectaculaires au fil de sa carrière dans la LNH.

Vous pouvez dire qu'il était cinglé, c'était quand même l'un des meilleurs gardiens de l'histoire de la LNH.

« Il y avait de toute évidence une technique derrière tout ça, a déclaré l'ex-gardien de la LNH John Davidson. (Il pouvait) réaliser des arrêts qui étaient impossibles à faire. Il était rapide, mais il savait lire le jeu et trouvait une façon d'obtenir des résultats en tordant son corps ou encore en roulant sur lui-même. Peu importe ce que c'était, ça fonctionnait. »

Hasek, le lauréat de six trophées Vézina, remis au gardien par excellence de la ligue, et deux trophées Hart, remis au joueur par excellence de la LNH, a été intronisé au Temple de la renommée du hockey en novembre. Mardi soir, l'équipe avec laquelle il a connu ses heures de gloire, les Sabres de Buffalo, retirera son chandail no 39 avant son duel contre les Red Wings de Detroit - l'équipe avec laquelle il a soulevé la coupe Stanley.

Lorsqu'ils réfléchissent à la carrière de Hasek, des anciens entraîneurs ainsi que des spécialistes des gardiens de but adorent expliquer comment 'Le Dominator' est devenu l'un des meilleurs de sa profession. Tout, ou presque, était inhabituel, mais il arrêtait la rondelle mieux que la plupart de ceux qui ont occupé sa position au fil des ans.

Évoluant à une époque marquée par Patrick Roy et Martin Brodeur, Hasek sortait du lot « comme un extra-terrestre », selon le spécialiste des gardiens de but Justin Goldman, de 'The Goalie Guild'. Goldman a confié que le sens kinesthésique de Hasek - c'est-à-dire la façon dont il contrôlait son corps, ses muscles et son esprit - était unique.

« Sa capacité à se contortionner en dépit de la vitesse ou de l'imprévisibilité d'un match de la LNH à cette époque était sans équivoque, a dit Goldman. Il avait un style inorthodoxe parce qu'il était très flexible, qu'il avait la capacité de se contortionner et de contrôler son corps d'une manière qu'aucun autre gardien ne pouvait le faire à l'époque. »

Hasek, qui est originaire de la République tchèque, fut en mesure de développer son propre style parce qu'il n'a pas été supervisé par un entraîneur dès son plus jeune âge, croit Goldman. Pendant que la plupart des gardiens adoptaient une approche plus rationnelle, Hasek était conscient qu'il pouvait être lui-même puisqu'il connaissait son corps, les habitudes des tireurs et qu'il comprenait le déroulement d'un match plus que quiconque.

Si certains aspects de la technique de Hasek peuvent être dupliqués, Davidson et Goldman considèrent que personne ne peut la reproduire parfaitement.

« C'est impossible de la reproduire en raison de sa biomécanique, de sa génétique et de son parcours, qui sont uniques, a expliqué Goldman. Jamais plus aucun gardien ne pourra dire qu'il a un 'slinky' à la place de la colonne vertébrale, ou que sa flexibilité est attribuable à sa génétique. »

Présentement, le gardien de la LNH dont le style se rapproche le plus de celui de Hasek est Jonathan Quick, qui a déjà gagné deux coupes Stanley avec les Kings de Los Angeles. Ses mouvements devant son but sont différents de ceux de ses collègues. Mais Hasek était unique en soi.

« C'est presque une approche spirituelle, a confié Goldman. Pour un gourou des gardiens de but, il était une oeuvre d'art... Vous ne verrez plus jamais un gardien comme celui-là. »