TAMPA BAY - Malgré ses 101 points récoltés en saison régulière, le Lightning de Tampa Bay ne reçoit pas la reconnaissance qu’il mérite. Peut-être en raison du brio de Carey Price combiné à l’absence de Ben Bishop, la majorité des prédictions reliées à cette série favorise le Canadien.

Loin de s’en formaliser, les joueurs du Lightning composent très bien avec cette situation. Tout comme leur entraîneur-chef.

« Nous avons été sous le radar toute l’année. Malgré un début de saison solide – 12 victoires à leurs 16 premières rencontres – nous n’étions pas vraiment pris au sérieux. Les paris étaient ouverts à savoir quand au juste nous allions nous écrouler », a convenu Jon Cooper lors d’un long point de presse mardi.

Lorsque Steven Stamkos s’est fracturé les deux os de la jambe droite en percutant un poteau, à Boston, le 11 novembre, un peu tout le monde a cru que la fin avait sonné. Que le Lightning allait imploser.

Il a pourtant maintenu le rythme.

Lorsque le capitaine Martin St-Louis a été échangé aux Rangers de New York, plusieurs ont vu un signal d’abandon de l’état-major du Lightning.

Il a encore maintenu le rythme.

Lorsque Ben Bishop s’est blessé lors de la 78e partie de la saison régulière, plusieurs ont aussitôt conclu à la fin de l’épopée du Lightning.

Non seulement le gardien Anders Lindback a obtenu du succès en relève à Bishop, mais le Lightning a profité de la fin de la saison pour ravir l’avantage de la patinoire au Canadien. Un avantage auquel Jon Cooper tenait beaucoup.

Reste maintenant le plus difficile à accomplir : battre le Canadien de Montréal pour passer en deuxième ronde des séries.

« Nous savions que nous avions un club capable d’atteindre les séries dès le début de la saison. Je ne savais pas que Tyler Johnson et Ondrej Palat seraient 2 et 3 dans la course des meilleurs marqueurs de la LNH chez les recrues. Mais je savais qu’ils aideraient notre club. Je savais que les autres jeunes que je connaissais aideraient notre club aussi. Tout juste avant que Steven ne se casse la jambe – le 11 novembre – j’en étais convaincu. Cette conviction s’est raffermie au cours de la saison lorsque j’ai vu à quel point les autres joueurs, même les plus jeunes, ont su prendre la relève. Perdre Steven Stamkos handicaperait l’attaque de n’importe quel club. Pour pallier son absence, nous avons fait comprendre aux joueurs qu’il ne fallait pas chercher à marquer les buts que Steven ne marquerait pas pour nous, mais bien à réduire le nombre de buts accordés. C’est là où Ben Bishop s’est révélé une grande et agréable surprise pour nous », analysait Cooper.

Maintenant que Bishop n’est plus là, le Lightning tentera-t-il de marquer plus de buts? Un défi pas évident considérant la qualité de Carey Price et du jeu défensif du Canadien.

Jon Cooper reconnaît que la perte de Bishop complique la cause de son équipe. En fait qu’elle modifie la façon d’aborder les séries. L’entraîneur-chef assure toutefois que la fin de la saison a permis à ses joueurs de vivre une transition salutaire vers le gardien Anders Lindback.

« La meilleure chose qui nous soit arrivée en fin de saison est d’avoir assuré notre place en série avec six parties à disputer. Une fois en série, nous avons perdu les deux matchs suivants. Nous avons bien joué dans la défaite contre Calgary, mais très mal ensuite contre Dallas. Ces deux parties nous ont obligés à prendre un grand respire. À faire un pas en arrière pour en faire deux autres par en avant. Ces deux défaites ont réveillé le groupe qui a su rebondir avec quatre victoires de suite. Quatre victoires qui ont permis à Anders de prouver qu’il a sa place devant notre filet et qu’il est en mesure de nous aider à gagner », a ajouté Cooper.

Lindback récompensé

L’expérience de Lindback en série est plutôt mince. Timide même alors qu’il n’a disputé qu’une période en relève à Pekka Rinne dont il était alors le substitut avec les Predators à Nashville. En fait, il n’a pas disputé une période, mais bien 13 minutes de cette période.

« Je n’ai pas joué beaucoup, c’est un fait. Mais j’ai beaucoup appris en regardant Pekka aller dans sa préparation et sa façon d’aborder les séries », mentionnait le gardien suédois après l’entraînement de mardi.

Et bien qu’il n’ait pas connu beaucoup de succès cette saison (huit victoires, 12 revers et 2 revers en prolongation, avec une moyenne de 2,90 buts alloués par match et une efficacité de 89 %, la pire de tous les gardiens de la LNH ayant disputé au moins 20 rencontres), Anders Lindback a travaillé d’arrache-pied pour maintenir la forme et corriger ses défauts.

« Je suis plus patient devant mon filet, plus compact aussi ce qui me permet de réduire les ouvertures comme je le faisais plus tôt cette saison », a ajouté Lindback.

Et bien qu’ils mentiraient en assurant qu’ils ne voient aucune différence entre leurs deux gardiens, les joueurs du Lightning sont heureux de voir Lindback rebondir comme il l’a fait en fin de saison obtenant d’ailleurs le dernier titre de première étoile de la semaine dans la LNH.

« On ne peut que sourire et être heureux pour lui. Je pourrais le répéter un million de fois que je serais toujours aussi sincère la dernière fois que je le dirais: avec tous les efforts qu’il a déployés lors des entraînements cette saison, le fait de se retrouver dans cette situation et d’avoir l’occasion de réussir représente une récompense pleinement méritée pour Anders », a mentionné le capitaine Steven Stamkos à mon collègue Erik Erlendsson du Tampa Tribune.

Complètement remis de sa blessure, Steven Stamkos a bien hâte de renouer avec les séries éliminatoires.

En 2010-2011, lorsque le Lightning s’est rendu en finale d’Association face aux Bruins de Boston qui ont ensuite soulevé la coupe Stanley sous le nez des Canucks de Vancouver et de leurs partisans, Stamkos s’était signalé avec six buts et 13 points en 18 rencontres.

Animosité et attention médiatique

Aujourd’hui capitaine du Lightning, il souhaite profiter de l’avantage de la patinoire pour aider son équipe à passer en deuxième ronde.

« C’est un avantage important. Surtout contre Montréal. Surtout si la série se rend à la limite des sept matchs, car un match décisif, tu tiens à le disputer à la maison. J’en ai disputé deux en 2011. J’ai gagné le premier 1-0 et j’ai perdu le deuxième 1-0 contre Boston. Si la série se rend à la limite, et nous savons déjà qu’elle sera très serrée, ce sera bien de disputer ce match décisif devant nos fans », a indiqué le capitaine.

Déjà que l’attention médiatique associée au Canadien est omniprésente en saison régulière et décuplée en séries, voilà que le Lightning s’apprête à recevoir la seule équipe canadienne présente en séries.

Est-ce là une source d’inquiétude pour Jon Cooper?

« Pas vraiment. Disons qu’en matière d’attention médiatique, nous avons eu de bonnes initiations en cours de saison avec la blessure subie par Steven et la transaction impliquant notre capitaine. Quand j’ai vu la mer de journalistes devant Steven après son retour au jeu et que j’ai vu trois photographes agenouillés devant lui pour prendre un gros plan de son tibia, je me suis dit que nous étions maintenant en mesure de faire face à n’importe quoi », ironisait Cooper mardi après-midi.

On verra!

Car si la série opposant le Canadien au Lightning se prolonge et que la tension devait se mettre à monter, l’entraîneur-chef recru pourrait être quitte pour toute une surprise en se retrouvant devant une horde de journalistes plus grosse que celle qu’il a personnellement invitée dans le vestiaire de son équipe après l’entraînement de mardi.

Parlant de tension, dans le camp de Lightning on a depuis longtemps oublié l’échauffourée qui a éclaté au terme du dernier match alors que Carey Price avait décidé de chercher noise à un adversaire après la sirène finale.

On assure aussi que tout le monde a oublié la bagarre opposant Brandon Prust au gardien Ben Bishop.

Reste à savoir si les joueurs du Tricolore s’en souviennent eux.

Et s’ils se souviennent aussi de l’élimination en quatre matchs aux mains du Lightning (15 buts par Tampa contre 5 par Montréal) en 2004 lors du premier et seul duel en séries entre les deux équipes… jusqu’ici.