LOS ANGELES - Drew Doughty devra patienter au moins une autre année avant de mettre la main sur le trophée Norris remis au meilleur défenseur de l’année dans la LNH. Un trophée qui se retrouvera entre les bras de l’un des trois finalistes : Duncan Keith, des Blackhawks de Chicago, Shea Weber, de Predators de Nashville, ou Zdeno Chara, des Bruins de Boston.

Si la tendance se maintient, le défenseur de la LNH soulèvera toutefois la précieuse coupe Stanley pour une deuxième fois en trois ans et recevra, en prime, le trophée Conn Smythe remis au joueur le plus utile des séries.

Pas mal comme prix de consolation.

De fait, une deuxième coupe Stanley et un trophée Conn Smythe confirmeraient, bien davantage que le trophée Norris, ce que plusieurs observateurs croient aux quatre coins de la LNH : que Drew Doughty est actuellement le meilleur défenseur de la LNH. Qu’il est en voie de se faire une niche parmi les meilleurs défenseurs qui ont patrouillé la ligne bleue dans l’histoire de la LNH.

« Pour le moment, le meilleur défenseur que j’ai dirigé dans ma carrière est Chris Chelios. C’est lui qui était le plus complet. Qui avait le plus à offrir. Mais Drew Doughty est sorti du même moule », a convenu Darryl Sutter, l’entraîneur-chef des Kings de Los Angeles.

Les collègues qui suivent les Kings depuis le début de leur aventure en séries et ceux qui sont demeurés à l’Ouest plutôt qu’à l’Est depuis six semaines assurent que Doughty représente un choix logique, voire unanime, pour le Conn Smythe tant il dicte l’allure du jeu chez les Kings. Avec ses 16 points (quatre buts) récoltés en 21 matchs, Doughty domine le classement des marqueurs chez les défenseurs. Une statistique trompeuse puisqu’il a disputé quatre matchs de plus que P.K. Subban qui a marqué cinq buts et récolté 14 points en 17 rencontres. La qualité de ses performances dépasse toutefois largement sa récolte de points.

« C’est l’assurance qu’il affiche sur la glace, le leadership qu’il impose dans le vestiaire, sur le banc et sur la patinoire qui font de lui un défenseur qui s’impose dans toutes les facettes du jeu », a commenté Mike Richards lorsque questionné sur la valeur de son coéquipier défenseur qui donne le ton à une brigade complétée par Jake Muzzin, Slava Voynov, Alex Martinez, Matt Greene, Willie Mitchell et les réservistes Robyn Regehr et Jeff Schultz.

Confiance teintée d’arrogance

Assis bien droit devant les journalistes qui défilaient devant lui lors de la journée médiatique au Staples Center, Drew Doughty affichait une confiance certaine teintée d’un soupçon d’arrogance propre aux athlètes qui tendent à se hisser parmi les meilleurs de leur profession.

« Chaque fois que je saute sur la patinoire, je tiens à être le meilleur. Je veux jouer beaucoup. Je veux être placé dans les circonstances les plus importantes, les plus périlleuses. Je veux être sur la glace pour éteindre les meilleurs trios des équipes qu’on affronte. Je veux m’impliquer à l’attaque et contribuer offensivement. Je veux être le gars par qui les succès de l’équipe passent. Et je m’assure de prendre tous les moyens pour y arriver », a plusieurs fois répété Drew Doughty toujours en regardant droit dans les yeux le journaliste qui lui posait une question.

Si ses statistiques offensives lui permettent de devancer tous les autres défenseurs de la LNH depuis le début des séries, Doughty assure qu’elles ne revêtent pas beaucoup d’importance à ses yeux. « Ce qui compte pour moi, ce sont les plus et les moins. Quand je suis sur la glace et que l’adversaire marque, ça me fait mal. Je ne veux jamais être victime d’un but. Quand ça arrive, je rentre au banc et je suis en colère. Je revois le jeu et je m’assure de me racheter le plus vite possible », a indiqué l’arrière qui ne se gêne pas non plus pour secouer verbalement ses coéquipiers lorsqu’il sent le besoin de le faire. Même son compagnon de travail Jake Muzzin n’y échappe pas de temps en temps.

«Je suis un gars émotif et intense. Parfois c’est bien. Parfois ce l’est moins alors que je peux dire à n’importe qui de se remonter les bas et de se mettre à jouer. Mais quand je le fais, les gars savent que c’est pour le bien de l’équipe. Que c’est mon désir de gagner qui prend le dessus. Et lorsqu’un gars me répond, qu’il réplique, qu’il me dit que je devrais faire ce que je demande aux autres de faire, je l’accepte aussi. Je suis le premier à savoir quand je suis en pleine possession de mes moyens ou pas. Quand mes premières présences sont bonnes, je sais que j’aurai un bon match. Quand je connais une mauvaise première période, je tente de revenir à la base pour m’assurer de retrouver le niveau de jeu que je dois afficher pour assumer le rôle que je tiens à assumer au sein de cette équipe », a poursuivi Doughty avec une confiance surprenante pour un arrière de 24 ans.

Il faut dire qu’en dépit de son jeune âge, Doughty complète déjà sa sixième saison dans la LNH et qu’il se retrouve pour une deuxième fois en grande finale. « J’ai eu la chance de faire le saut directement dans la LNH - premier choix des Kings, deuxième sélection de la cuvée 2008 derrière Steve Stamkos - en sortant des rangs juniors. Ça m’a obligé à me responsabiliser autant sur la patinoire qu’à l’extérieur », a expliqué Doughty qui a vite compris qu’il se retrouvait au sein d’un club ayant le potentiel pour être champion.

« Les Kings ont eu leur part d’ennuis au fil des ans. Mais quand je me suis retrouvé ici pour la première fois et que j’ai réalisé après un certain temps que cette équipe pouvait compter sur un gardien comme (Jonathan) Quick devant le filet, sur un attaquant surdoué comme Anze Kopitar et sur un défenseur de mon calibre, j’ai aussitôt compris qu’avec des bases aussi solides, on pouvait bâtir un club champion. Nous l’avons prouvé il y a deux ans, et nous revoici en grande finale. »

Trois étapes difficiles

À l’aube de la série qui opposera les Kings aux Rangers, Drew Doughty refusait de plonger dans le jeu des prédictions favorisant largement son équipe au détriment des Blue Shirts. Il a toutefois reconnu que les trois séries remportées par les Kings avaient été ardues, difficiles et surtout bien plus physiques que le jeu préconisé dans l’Est.

« On a affronté trois grosses équipes de hockey jusqu’ici. Nous savions que ce serait difficile, car nous avons croisé San Jose, Anaheim et Chicago souvent cette année. Ces trois équipes étaient devant nous au classement final de la saison régulière. Nous avons dû revenir de l’arrière (0-3) contre San Jose et (2-3) contre Anaheim, mais nous y sommes arrivés parce que nous formons un club qui croit en ses moyens. Un club uni qui sait faire passer le bien de l’équipe devant le bien des joueurs. La série contre Chicago a été la plus difficile des trois, mais nous devons envisager la prochaine avec le même sérieux. Nous espérons ne pas avoir à nous rendre en sept matchs une fois encore, mais si c’est ce qui nous attend, nous devrons composer avec cette situation comme nous l’avons fait lors des trois premières rondes », a commenté Doughty.

Face à un club rapide, efficace en échec avant, mais moins physique que les autres formations que lui et ses coéquipiers ont affrontées jusqu’ici, Drew Doughty assure que l’intensité et l’implication physique feront la différence.

« Les équipes de l’Est frappent moins. Elles préconisent les longues passes, elles tentent de contourner les défensives. Il faudra se dresser devant les Rangers. Les frapper pour les ralentir. Imposer notre rythme et notre style au lieu de s’adapter à ce qu’ils offriront. Ce sera la clef du succès », a conclu Doughty.