MANALAPAN, Floride – Les propriétaires du Canadien, des Maple Leafs, des Rangers et des plus riches clubs de la LNH quittent la Floride ravis cet après-midi. Et ce n’est pas seulement à cause du soleil dont ils ont pu profiter au cours des deux derniers jours.

 

Ils rentrent à la maison avec l’assurance que le plafond oscillera autour de 80 millions $ – entre 78 et 82 millions $ selon l’estimation fournie par la LNH ce matin – la saison prochaine.

 

Ça veut dire quoi? Ça veut dire qu’en dépit du contrat gigantesque que touchera Carey Price la saison prochaine – ponction de 10,5 millions $ de la masse totale de l’équipe – du contrat de Shea Weber (7,857 millions $) et de celui de Jonathan Drouin (5,5 millions $) Marc Bergevin bénéficiera d’une marge de manoeuvre qui pourrait lui permettre de partir à la chasse d’un très gros joueur autonome comme John Tavares si jamais le centre des Islanders décidait de quitter New York.

 

Peu importe la hausse finale, il est acquis que le plafond en vigueur l’an prochain doublera celui imposé après le lock-out (39 millions $) qui a entraîné l’annulation de la saison 2004-2005.

 

C’est énorme.

 

Selon les projections présentées aux 31 clubs ce matin, les revenus de la LNH oscilleront autour de 4,85 milliards cette année. Les revenus directement reliés aux opérations hockey (RHR) qui sont la référence principale du plafond salarial s’élèveront à 4,54 milliards $. Ce qui représente une hausse de 8,2 % en comparaison aux RHR de l’an dernier.

 

« Notre ligue n’a jamais été aussi profitable », a d’ailleurs tenu à préciser le commissaire Gary Bettman.

 

Les fluctuations du dollar canadien et les conséquences du rejet par Donald Trump et les États-Unis du traité de libre-échange avec le Canada et le Mexique auront un impact direct sur le montant final du plafond.

 

Président et chef de la direction de la Banque Scotia, Brian J. Porter est d’ailleurs venu dresser différents portraits économiques associés aux fluctuations du dollar et aux conséquences négatives de l’annulation du traité de libre-échange. Les projections présentées par la LNH reposent sur un dollar canadien évalué à 79 cents US.

 

Autre point important à considérer, les joueurs par le biais de leur syndicat (NHLPA) peuvent réclamer une hausse de 5 % du plafond. Cette fluctuation entraîne toutefois des retenues en fiducie sur les salaires afin d’amortir tout débalancement possible entre le partage 50-50 des RHR entre la LNH et ses joueurs. Les joueurs ont déjà eu à verser jusqu’à 16 % de leur salaire brut – avant impôts et redevances à leurs agents – en fiducie sans jamais obtenir un remboursement complet de ces montants.

 

« Personnellement, j’aimerais garder le plafond le plus bas possible entre les 78 et 82 millions $ afin que les retenues en fiducie restent sur la barre de 10 %, a indiqué Bettman. Il faudra attendre la décision de la NHLPA qui devrait nous être dévoilée en juin prochain pour établir le montant final. »

 

Si l’on se fie aux expériences des années passées, on peut avancer sans trop de risques de se tromper que le plafond oscillera autour des 80 millions $ l’an prochain, soit une hausse de 5 millions $ par rapport à celui imposé cette année.

 

Coupe du monde

 

La LNH espère retourner en Chine la saison prochaine afin de réaliser une percée dans ce marché gigantesque et ainsi générer des revenus tout aussi gigantesques si le sport arrivait à s’y ancrer solidement.

 

Cette présence en Chine est d’ailleurs plus que symbolique puisque la LNH, sans le faire publiquement, maintient le désir de revenir aux Jeux de 2022 en Chine même si elle s’est retirée des Jeux qui s’ouvriront en février en Corée.

 

On doit aussi s’attendre à d’autres matchs disputés en Europe l’an prochain à l’image des deux rencontres opposant les Sénateurs et l’Avalanche du Colorado en Suède l’automne dernier.

 

Le retour de la Coupe du monde est toujours dans les cartons. Un seul ennui, et il est majeur, la LNH ne veut pas prendre de chance en orchestrant un plan de Coupe du monde en 2020 – date logique après l’expérience de Toronto en 2016 – alors que cette date pourrait coïncider avec la fin de la paix syndicale avec la NHLPA.

 

La convention collective actuelle prendra fin en 2022 seulement. Mais les deux parties pourront, à la fin de la saison 2018-2019, signifier leur intention de mettre un terme hâtif à l’entente dès 2020.

 

La LNH a déjà invité l’Association des joueurs à repousser la date d’une éventuelle Coupe du monde ou à convenir d’une paix syndicale jusqu’en 2022. Parce qu’elle aurait tout à perdre en renonçant au levier que lui offre ce privilège d’abroger la convention dès 2020, il serait fort surprenant que la NHLPA adopte un tel scénario.

 

L’avenir nous le dira...

 

Haute technologie

 

Les gouverneurs des 31 équipes ont peu, voire pas du tout, parler des opérations hockey. Ils ont toutefois été sensibilisés au dossier de haute-technologie qui permettra à la LNH d’utiliser dans un avenir rapproché des rondelles intelligentes qui fourniront des données sur les déplacements – peut-être qu’on saura enfin et sans ambiguïté si une rondelle emprisonnée sous une jambière ou gobée dans une mitaine, traversera ou non la ligne rouge – et la vitesse des rondelles.

 

La LNH tient aussi à faire la même chose avec les déplacements des joueurs.

 

Les essais multipliés lors de la Coupe du monde en 2016 ont forcé la Ligue à revoir ses plans. « La technologie actuelle n’est pas assez avancée pour répondre aux exigences du hockey en raison des contacts physiques et de la vitesse de nos joueurs. Nous sommes en train de littéralement inviter une nouvelle technologie pour permettre à nos amateurs d’avoir une nouvelle façon de suivre nos joueurs. »

 

L’Association des joueurs a signifié des préoccupations lors des essais effectués en 2016 quant aux conséquences sur l’évaluation des joueurs de données jusqu’ici jamais utilisées. Les joueurs ont même signifié un refus poli à l’effet que des puces soient collées à chacun d’eux. La nouvelle technologie actuellement développée suivrait les joueurs d’un point de vue optique et non informatique.

 

« Nous sommes bien conscients des préoccupations des joueurs et nous les prenons en considération. Nous pouvons adopter de telles mesures sans avoir à obtenir l’accord de l’association, mais nous tenons à les tenir au courant et à travailler conjointement avec eux dans l’élaboration de cette nouvelle technologie », a indiqué Bill Daly, le bras droit du commissaire Gary Bettman.

La LNH espère pouvoir amorcer des tests lors des séries éliminatoires au printemps 2019 pour globalement implanter le système l’année suivante.

«Il est beaucoup plus difficile d’étendre ce système aux 31 amphithéâtres que ce ne l’était lors de la Coupe du monde qui se déroulerait uniquement à Toronto. C’est pour cette raison que nous prenons notre  temps», a conclus Gery Bettman.

La prochaine réunion des gouverneurs de la LNH se tiendra à Tampa alors que le propriétaire du Lightning de Tampa Bay, Jeff Vinik, recevra ses homologues dans le cadre du week-end du match des Étoiles. On pourrait alors y confirmer la vente de 52 % des parts des Hurricanes de la Caroline à l’homme d’affaires Tom Dundon.