Leafs, Canes, Stars et Oilers partent favoris
MONTRÉAL - Il faut être prêt à se tromper et même à mal paraître lorsqu'on défile, à l'aube des 1312 matchs qui seront disputés au cours de la saison 2023-2024, les noms des clubs qui se battront pour les premières places au classement général et les autres qui rivaliseront d'adresse pour mousser leurs chances de gagner la prochaine loto-repêchage.
Sans surprise aucune, et sans rien enlever à la qualité du travail amorcé par le duo Jeff Gorton – Kent Hughes, le monstre à deux têtes qui supervise la reconstruction, et à tout ce que Martin St-Louis et ses adjoints font de bien et de bon sur la patinoire, le CH sera plus près du gros lot au repêchage que d'une place en séries encore cette année.
Je sais, bien des choses se passeront entre le premier match de la saison qui opposera, mardi, les Predators de Nashville et le Lightning, à Tampa, et le tout dernier, le 18 avril prochain, alors que les Blackhawks de Chicago rendront visite aux Kings à Los Angeles.
Les blessures sont les premiers impondérables qui peuvent balayer du revers de la main les prédictions les plus réfléchies.
Les conflits opposant un entraîneur-chef à son club peuvent faire piquer du nez n'importe quel club favori. Darryl Sutter et les joueurs des Flames de Calgary ont donné plus de poids à cette vérité qui était déjà lourde de sens.
Un regroupement imprévu autour d'une cause commune, d'un coach qui trouve les moyens d'unir ses joueurs et de tirer le maximum de chacun d'eux peut causer de grandes et belles surprises.
Je fais bien sûr référence ici à la saison de rêve – et ô combien imprévue – des Bruins de Boston l'an dernier avec Jim Montgomery derrière le banc, sans oublier la combinaison gagnante Dave Hakstol et ses joueurs du Kraken. Et je reviendrai sur cette osmose un peu plus tard pour justifier une prédiction un brin ou deux osée reliée à la prochaine saison des Blue Jackets de Columbus.
Et il y en aura d'autres...
Ce qui pourrait aider le Canadien à faire mentir ceux et celles qui les voient autour du 26e, voire 27e rang, au classement général.
Mais de grâce, ne gardez pas votre souffle en attente d'un tel renversement du Tricolore. Ce pourrait être dangereux pour votre santé.
Atlantique : les Leafs et les autres
En attente des surprises qui marqueront la saison, allons-y avec des prédictions solides... ou qui devraient l'être.
Les Maple Leafs de Toronto termineront premiers dans la division Atlantique. Loin de moi l'intention de m'avancer sur les performances des Leafs une fois en séries, mais ils devraient survoler la saison sans grand péril.
Ils sont très forts à l'attaque. Auston Matthews marquera beaucoup de buts. Mitch Marner en préparera beaucoup plus. Ces deux piliers de l'attaque seront épaulés par d'excellents coéquipiers.
En prime, Guy Boucher orchestrera une attaque massive qui pourrait rivaliser avec celle des Oilers d'Edmonton à titre de meilleure de la LNH. L'an dernier, Toronto a terminé au deuxième rang dans la LNH. Ce qui était déjà pas mal, on en conviendra. Mais les Leafs, avec une efficacité de 26%, accusaient un retard considérable derrière les 32,4 % d'efficacité des Oilers.
Les fans des deux équipes peuvent rêver à une efficacité de plus de 30 % cette année. Ce qui donnera des cauchemars à leurs adversaires.
Derrière les Leafs, on assistera à de belles batailles.
bellmedia_rds.AxisVideo
Normalement, je donnerais tout de suite la victoire au Lightning. La perte à long terme d'Andreï Vasilevskiy m'oblige à afficher une retenue certaine à l'égard de ce club qui demeure très solide.
Mais en plus de la perte du meilleur gardien de la Ligue, les « Bolts » traverseront la saison sur le «cruise control» pour être en mesure de mettre la pédale à fond une fois en séries.
On verra ce que ça donnera.
Qui d'autres que les Bolts peuvent se hisser au deuxième rang?
Je ne crois pas aux finalistes de la dernière coupe Stanley. Cette équipe n'avait pas d'affaire en finale. Simonac! Elle n'avait pas d'affaire en séries et n'y aurait jamais accédé, n'eût été l'effondrement des Penguins dans leurs quatre derniers matchs.
Les deux clubs de la Floride étant écartés, la lutte se fera donc entre les Bruins et les Sabres.
Oui! Les Bruins ont perdu le grand Patrice Bergeron. Ils ont aussi perdu David Krejci qui a connu une saison sensationnelle que personne n'attendait l'an dernier.
Ça laisse un grand vide au centre. Un vide que Pavel Zacha ne pourra jamais combler.
Mais David Pastrnak et le nouveau capitaine Brad Marchand y sont toujours. La défense sera encore solide et les Bruins comptent, jusqu'à preuve du contraire, sur le meilleur duo de gardiens de la LNH.
Les Sabres sont prêts à éclore. Prêts à se hisser au sein des clubs qui peuvent regarder avec confiance les séries éliminatoires. L'incertitude devant le filet m'oblige à favoriser les Bruins.
Les Sénateurs d'Ottawa dans tout ça?
Ils sont jeunes, ils sont bons et seront nettement plus forts que l'an dernier. Ils devraient être dans la course pour la dernière place donnant accès aux séries, mais je crains qu'ils manquent de souffle.
Montréal et Detroit se battront pour quitter la cave – ou volontairement y rester – mais je crois que le Tricolore, mené par Nick Suzuki, aura ce qu'il faut pour devancer les Red Wings.
Métropolitaine : Caps et Penguins exclus
Il me semble acquis que les Hurricanes et les Devils sont seuls en lice pour terminer au premier rang de la division métropolitaine.
Je donne cette place aux Hurricanes qui seront en duel avec les Leafs pour le titre dans l'Est.
Les Devils, l'une des belles surprises de la saison dernière, maintiendront le rythme et devanceront sans doute leurs rivaux de Manhattan au classement.
Les Rangers troisièmes : prédiction facile. Du moins, je l'espère.
Je donne le quatrième rang aux Islanders. Et si ce n'était de l'excellence d'Ilya Sorokin devant leur filet, je larguerais tout de go les Islanders des Islanders pour donner les deux places réservées aux clubs repêchés à des équipes de la division Atlantique.
À cause de Sorokin, je donne une chance aux Islanders. Je pourrais le regretter.
Anyway! La grosse nouvelle en ce qui me concerne dans la division Métropolitaine sera l'exclusion des Penguins de Pittsburgh et les Capitals de Washington.
Je ne crois pas à l'effet positif associé à l'acquisition d'Erik Karlsson. Oui, les Penguins marqueront beaucoup de buts, surtout en attaque massive, avec le détenteur du trophée Norris.
Mais le problème des Penguins ne sera pas de marquer des buts. Ce sera d'en accorder moins qu'ils n'en marqueront. Et à ce jeu, Karlsson ne sera pas d'une grande aide.
Les Caps? Ils vivront, cette année, l'an prochain et peut-être l'autre après, en fonction de la chasse au titre de meilleur marqueur de l'histoire de leur capitaine Alexander Ovechkin. Le Russe en compte 822. Il a besoin de 72 buts pour rejoindre Wayne Gretzky avant de le dépasser.
Cette quête sera intéressante à suivre.
Mais elle ne pourra faire contrepoids aux lacunes de cette équipe vieillissante et qui est lestée par plusieurs mauvais et très mauvais contrats.
Je crois même que les Blue Jackets de Columbus, regroupés autour de Pascal Vincent dans une cause commune de faire oublier l'épisode Mike Babcock, termineront devant les Caps.
Je sais : c'est osé!
Je me reprends avec la prédiction facile selon laquelle les Flyers seront les derniers de leur division.
Centrale : les Stars jusqu'à la coupe?
La division centrale sera la plus faible de la LNH cette année. Et de loin.
Ça ouvrira toute grande la porte aux Stars de Dallas et à l'Avalanche du Colorado tout en haut du classement.
Les Stars partent favoris devant un club que j'adore pour des raisons historiques. Je crois même que les Stars gagneront au moins un gros trophée cette année : le trophée Clarence Campbell d'abord, peut-être aussi la coupe Stanley.
Mais la lutte sera féroce.
L'Avalanche est déjà à prendre au sérieux. Gabriel Landeskog ratera peut-être la saison en entier. Mais Nathan MacKinnon est encore là. Mikko Rantanen aussi. Sans oublier le duo Makar-Toews, l'un des meilleurs de la LNH.
Il y a des questions devant le filet. J'en conviens.
Cela dit, on s'attend tous et toutes à ce que Patrick Kane revienne au jeu en cours de saison. Dans quelle forme? On verra bien. Mais si Denver devait être la destination choisie par Kane, cela donnerait des ailes à une équipe qui en a déjà de très belles.
Suspense...
Derrière les Stars et l'Avalanche, c'est mince. Très mince.
La tête me dictait de donner le troisième rang au Wild du Minnesota. J'aurais peut-être dû l'écouter. Mais j'ai plutôt suivi mon cœur en favorisant les Jets de Winnipeg.
Une folie? Peut-être! Mais Rick Bowness est le genre de coach capable de regrouper ses joueurs. Les meilleurs voulaient partir. Ils sont toujours à Winnipeg. Ne serait-ce que pour les inciter à connaître des saisons solides qui les aideront à obtenir ce qu'ils désirent, je crois que Bowness pourra transformer en positif une situation qui à première vue est très négative.
En Arizona, les Coyotes seront meilleurs cette année. Peut-être pas assez pour devancer les Preds. On verra.
Mais assez pour devancer les Blues et les Blackhawks.
Pacifique : lutte à trois pour le titre
Les Oilers, les Golden Knights et les Kings occuperont les trois premières places de la division Pacifique.
Dans quel ordre?
Vos prétentions sont aussi valables que les miennes. Elles le sont toujours, cela dit...
Je donne un mince avantage aux Oilers. Pas juste à cause de McDavid et Draisaitl. Mais aussi à cause de Mattias Ekholm, l'excellente acquisition de Ken Holland à la date limite des transactions le printemps dernier.
C'est mince devant le but des Oilers avec Stuart Skinner et Jack Campbell. Vous avez raison. Mais c'est tout aussi mince devant la cage des Kings et des Golden Knights. Du moins, il me semble.
Je mise sur un podium Oilers, Kings, Knights.
Un podium que les Flames de Calgary, bien que libérés de Darryl Sutter, ne devraient pas menacer.
Les Canucks? Ils n'ont rien fait pour dissiper les doutes qu'ils soulèvent à mes yeux. Et ce n'est pas la nomination de Quinn Hughes qui m'incite à les placer en séries.
Mais je crois qu'ils ont les outils, comme les Flames, pour devancer le Kraken de Seattle. Vrai que le Kraken a survolé la dernière saison. Et qu'ils devraient être aussi bons.
Je ne crois pas qu'ils seront vraiment moins bons. Je crois juste que les Flames et les Canucks seront simplement en mesure de jouer avec une efficacité qui leur permettra de devancer Seattle.
Les Ducks seront meilleurs que les Sharks. Cela dit, considérant que San Jose sera le pire club de la LNH cette année, c'est loin d'être une consolation...
Voilà.
Il ne reste plus qu'à attendre combien de clubs enverront ces prédictions par-dessus la bande et pour quelles raisons certaines de ces prédictions – le moins possible je l'espère – vieilliront mal... ou très mal.
Bonne saison!