NASHVILLE - Le visage sévère, droit comme un chêne, Mario Lemieux m’avait lancé un « on va être correct » convaincant lorsque croisé sous les gradins du Bridgestone Arena au terme du quatrième match de la grande finale. Un match que son équipe venait de perdre aux mains des Predators qui venaient d’égaler la série avec deux victoires très convaincantes de 5-1 et 4-1.

À peine une semaine plus tard, mais cette fois sur la patinoire et non sous les gradins, le propriétaire des Penguins affichait un large de sourire de satisfaction au terme d’une victoire de 2-0 qui a permis à son équipe de gagner la cinquième coupe Stanley de son histoire et une deuxième consécutive.

Pourquoi Lemieux affichait-il une telle confiance après les deux revers encaissés à Nashville contre un club qui semblait s’être emparé du contrôle de la finale?

« Parce qu’on retournait chez nous, parce qu’on avait le temps de reprendre notre souffle et que je savais que notre équipe rebondirait. En plus, on avait toujours gagné la coupe sur la route, alors je croyais vraiment en nos chances de gagner chez nous et d’ensuite soulever la coupe ici », a expliqué Lemieux pendant que ses joueurs célébraient aux quatre coins de la patinoire au grand plaisir des quelques centaines de partisans des Penguins qui avaient fait le voyage à Nashville.

Lemieux a vu juste.

Guidés par un Sidney Crosby au sommet de sa forme et de son art, les Penguins ont pulvérisé les Predators 6-0 lors du cinquième match.

Dimanche, dans le cadre d’une partie aussi enlevante que serrée, une partie qui a offert un duel de gardiens pour la première fois de la finale, les Penguins sont devenus la première formation de la LNH en 19 ans à réaliser deux conquêtes de la coupe Stanley consécutives depuis les titres des Red Wings de Detroit en 1997 et 1998.

Crosby n’a pas contribué au pointage dimanche alors que Patric Hornqvist a brisé l’égalité avec un but chanceux marqué avec seulement 95 secondes à faire au match et que Carl Hagelin a scellé l’issue de la rencontre dans un filet désert.

Mais Crosby a encore donné le ton au match distribuant de belles passes, offrant de bonnes occasions de marquer et obtenant quatre des 29 tirs des Penguins. Le plus haut total de son équipe.

ContentId(3.1235145):LNH : les Penguins soulèvent encore la coupe Stanley
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La victoire des Penguins est donc aussi celle de Sidney Crosby. Une victoire qui permet à l’élève Crosby de rejoindre et peut-être même de dépasser son maître Lemieux.

Comme Lemieux, Crosby vient de remporter son deuxième trophée Conn-Smythe en carrière. Un deuxième en deux ans comme l’a fait Lemieux et 1991 et 1992 lors des deux premières conquêtes de l’histoire des Penguins.

Mais Crosby a soulevé sa troisième coupe Stanley en carrière. Une de plus que son propriétaire. Un propriétaire qui se réjouit des succès de son élève qui est bien plus qu’un simple joueur aux yeux de Lemieux.

Sidney a transformé notre équipe, il a donné le nouvel envol à notre franchise. Notre unique but saison après saison est de gagner. C’est à son image. Il vient de gagner une troisième coupe. Il vient de gagner un deuxième Conn-Smythe. C’est vraiment spécial. Mais c’est un joueur spécial. Sur le plan personnel, je suis très heureux pour lui, car Sidney fait partie de la famille. Il a vécu chez nous pendant bien des années et il est encore souvent à la maison. Il est comme un frère pour mes enfants. Pour moi, Sid est l’un des meilleurs joueurs de l’histoire du hockey », a lancé Mario Lemieux.

Directeur général des Penguins, Jim Rutherford est allé plus loin encore dans son apologie de Crosby. «Il est clair que Sidney est l’un des deux, trois ou quatre meilleurs joueurs de tous les temps. Il y a tout ce qu’i fait sur la glace, mais il y a aussi tout ce que vous ne voyez pas derrière les portes du vestiaire. Il peut soulever le groupe. Il peut aussi prendre un gars seul à seul pour passer son message. C’est un leader dans tout ce que cela représente. Sidney est comme un train en marche. Tu es bien mieux d’être à bord sinon tu seras renversé. Il n’accepte pas les demi-mesures et il s’assure de donner le ton en tout temps», a ajouté Rutherford.

Le directeur général des Penguins s’est aussi lancé à la défense d’Evgeni Malkin qui n’ontient pas les mérites qui devraient lui revenir. «Nous avons la chance de compter sur deux des meilleurs joueurs de la Ligue. Avez-vous vu aller Gino en séries? Il a été sensationnel pour nous. C’est un joueur sensationnel. Avec de telles performances, il me semble qu’il avait sa place parmi les 100 meilleurs joueurs de l’histoire de la LNH. Je ne comprends toujours pas qu’on ait pu l’oublier dans cette sélection. C’est un non-sens. Mais bon, je vais m’arrêter là avant de trop parler. Surtout que c’est un moment de réjouissance», a conclu le directeur général des Penguins.

ContentId(3.1235158):LNH : la coupe Stanley demeure à Pittsburgh
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S’il est difficile de soutenir que Sidney Crosby a maintenant dépassé ou même rejoint Mario Lemieux dans l’histoire de la LNH, il est clair que l’actuel capitaine des Penguins aura l’occasion d’ajouter une ou des coupes Stanley à son palmarès et qui sait, peut-être aussi des trophées Conn-Smythe tant les Penguins forment une grande organisation.

« C’est impossible de dire si nos deux premiers titres consécutifs ont plus ou moins de valeur que les deux que nous venons de célébrer. Les époques sont différentes. L’imposition du plafond salarial complique les choses aujourd’hui. Ce qui est clair toutefois, c’est que nos deux dernières conquêtes confirment que notre organisation prend tous les moyens nécessaires pour gagner. Nous faisons de l’excellent travail pour repêcher des jeunes prospects et les développer. On vient de gagner notre cinquième coupe, notre deuxième de suite, et on va tout faire pour gagner encore l’an prochain », a ajouté un propriétaire visiblement très heureux.

Avec l’ajout de sang neuf et de mains agiles à chaque année, les Penguins sont en mesure de bien entourer leurs vedettes. Ça ne garantit pas des coupes Stanley tous les ans, mais ça assure de voir les Penguins parmi les favoris tous les ans. Car oui, ils seront encore à prendre très au sérieux l’an prochain...