Les Coyotes de l’Arizona déménageront bientôt. Mais attention! Ce ne sera pas pour mettre le cap sur Québec, Vegas, Seattle ou une autre ville qui aimerait joindre les rangs de la LNH. Ça non!

Lorsque les Coyotes quitteront Glendale, ce sera pour retourner dans le centre-ville de Phoenix, un centre-ville qu’il n’aurait jamais dû quitter, ou pour une banlieue de la capitale de l’Arizona où la LNH a déménagé les Jets de Winnipeg il y a 20 ans déjà.

« Une fois le bail qui nous lie à la ville de Glendale terminé, ce qui arrivera dans 18 mois, nous serons techniquement libres d’aller où bon nous semblera. Mes partenaires et moi sommes toutefois résolument décidés de demeurer en Arizona. Je ne peux vous dire exactement quand et où nous irons, mais je peux assurer une fois encore que ce sera en Arizona et pas ailleurs », a lancé Anthony Leblanc, le président, directeur général et copropriétaire des Coyotes.

Anthony LeBlancLors d’un long entretien téléphonique jeudi, Leblanc a confirmé que lui et ses partenaires jonglaient avec plusieurs options. Certaines publicisées au cours des derniers mois, d’autres non.

« Il est clair qu’une association avec les Suns (NBA) dans un nouvel amphithéâtre qui sera construit au centre-ville de Phoenix est la solution qui retient le plus l’attention. Surtout que le maire de Phoenix (Greg Stanton) et le propriétaire des Suns (Robert Sarver) ont déjà signifié leur intention d’aller de l’avant avec nous. Mais nous avons d’autres propositions sur la table », a indiqué Leblanc.

Le domicile des Suns, le Talking Stick Resort Arena, commence à se faire vieux. Il devrait être remplacé d’ici 2020. Une association entre les équipes de la NBA et de la LNH serait donc la bienvenue alors que les Coyotes doubleraient l’offre de sport professionnel au centre-ville de Phoenix au cours de la saison régulière. Voire en séries, si les Coyotes maintiennent leur développement et deviennent un jour un club de premier plan dans la LNH.

Merci Glendale

L’avenir des Coyotes en Arizona a plusieurs fois été remis en question. On a d’ailleurs cru qu’ils quitteraient le désert à plusieurs reprises, que ce soit durant la période de tutelle assumée par la LNH ou même lors des deux confrontations avec la ville de Glendale après l’achat de l’équipe par Anthony Leblanc et ses partenaires.

La première s’est déroulée en 2013 avant que la ville n’accepte le contrat d’une durée de 15 ans au cours duquel Glendale versait un total de 225 millions $ aux Coyotes en guise de frais d’exploitation de l’amphithéâtre d’abord connu sous le nom de Jobbing.com Arena et qui est devenu le Gila River Arena en 2014. Le deuxième conflit s’est déroulé en juin dernier lorsque la ville de Glendale, par le biais de son nouveau maire Jerry Weiers, a présenté et adopté une motion qui annulait le contrat deux ans seulement après son adoption.

Le duel juridique qui a précédé et suivi cette annulation s’est soldé par une nouvelle entente d’une durée de deux ans. Par le biais de cette entente qui se terminera le 30 juin 2017, les Coyotes ont vu le montant annuel versé par Glendale fondre de moitié et plus puisqu’il est passé de 15 à 6,5 millions $.

Derrière cette perte sèche, les Coyotes ont toutefois effectué des gains importants. Ils empochent tous les revenus reliés aux opérations hockey – ils n’ont rien à voir avec ceux du Canadien, c’est bien évident, mais ils sont en croissance – et les Coyotes n’ont plus à verser la pénalité de cinq ans associée à un départ éventuel de Glendale avant la fin du contrat.

Invité à qualifier l’importance de la victoire remportée aux dépens de la ville de Glendale l’été dernier, Anthony Leblanc est demeuré très prudent.

« L’entente faisait l’affaire des deux parties », a-t-il lancé.

La prudence du PDG des Coyotes est tout à fait normale. Car non seulement son équipe et la ville de Glendale sont partenaires pour encore 18 mois, ce partenariat pourrait se prolonger.

« Nous déménagerons sans doute un jour. Mais avant d’emménager dans un nouvel amphithéâtre, que ce soit avec les Suns ou non, il faudra du temps. Il n’est pas acquis que le domicile actuel des Suns serait la meilleure option de transition. Les Coyotes y ont joué à leur arrivée à Phoenix et il y a toujours le même nombre de sièges avec une vue obstruée parce que l’aréna n’a pas été construit en fonction du hockey. On pourrait donc prolonger notre séjour à Glendale au-delà de la période de deux ans du contrat actuel », a indiqué M. Leblanc.

Est-ce à la ville de Glendale alors d’avoir les Coyotes à titre de locataire dans leur amphithéâtre?

Cela resterait à être négocié. Mais au lieu d’avoir un immeuble vide, la possibilité d’y présenter une cinquantaine de matchs de hockey par année pourrait inciter les élus à empocher les revenus versés par les Coyotes à titre de locataire. Surtout qu’une fois les Coyotes partis de Glendale, le centre commercial adjacent au Gila River Arena se retrouvera bien seul.

Pourquoi le désert?

Natif de Baie-Comeau, ville de la Côte-Nord qu’il a quittée alors qu’il avait 10 ans pour suivre ses parents à Thunder Bay, Anthony Leblanc a longtemps vécu à Ottawa. Il connaît donc très bien le Canada et ses gros marchés de hockey. Des marchés avec lesquels Phoenix peut difficilement rivaliser.

« Il sera impossible d’égaler les marchés de Montréal et de Toronto. C’est évident. Mais nous avons le 11e marché de télé aux États-Unis. Le potentiel est immense et nous croyons à notre marché. Même si nous sommes loin de l’action à Glendale, nous perdons déjà beaucoup moins d’argent que nous en perdions à notre arrivée en 2013. Nous affichons des foules moyennes de 13 500, ce qui est raisonnable considérant la saison misérable que nous avons eue l’an dernier sur la glace. Comme à Ottawa, nos performances sur la glace ont des résultats directs sur nos performances aux guichets. Avec des jeunes dynamiques qui retiennent l’attention comme le font Max Domi, Anthony Duclair et nos autres jeunes comme (Oliver) Ekman-Larsson sans oublier Shane Doan qui est toujours le pilier de notre club, nous sommes convaincus que l’avenir est prometteur en Arizona. Je vous le répète. Nous sommes ici pour y rester », a répété plusieurs fois Anthony Leblanc.

Tout en souhaitant des performances solides sur la patinoire, Anthony Leblanc et ses partenaires souhaitent pouvoir bientôt solidifier les liens les unissant à leurs partisans.

Shane Doan« Avec toute l’incertitude et les batailles légales qui ont retenu l’attention, il est normal que notre avenir ici soit remis en question. Le plus important pour nous sera de déterminer le plus rapidement possible quel sera le plan de relance de notre équipe. Il faudra attendre entre trois et cinq ans avant d’avoir un nouvel amphithéâtre. Mais si on peut annoncer rapidement à nos fans où il sera construit quels sont nos plans à long terme, les fans seront rassurés. Il sera alors plus facile pour eux de s’associer à nous pour longtemps. Vous savez, le hockey en Arizona n’est plus seulement l’affaire des Coyotes. L’Université de l’État de l’Arizona (ASU) sera en première division de la NCAA l’an prochain. En plus, Auston Matthews, qui devrait être le tout premier joueur sélectionné au prochain repêchage de la LNH est natif de Scottsdale. C’est en suivant les Coyotes qu’il a pris goût au hockey. Comme quoi, la présence de notre équipe dans le désert est bien ancrée. »

Choix de première ronde des Jets de Winnipeg en 1995, Shane Doan a suivi sa nouvelle équipe en Arizona après sa première saison dans la LNH. Il a vécu tous les hauts et les bas des Coyotes à Phoenix et Glendale et admet avoir plusieurs fois été inquiet de son avenir.

« Je suis de nature optimiste et j’ai toujours fait confiance à l’organisation. J’ai appris à aimer cette ville qui représente un endroit exceptionnel pour y vivre et élever ses enfants. Les partisans sont de première classe aussi. Mais pendant de longs moments, disons que je vivais l’aventure au quotidien, car il était bien difficile de faire des projections à long terme. Je suis très heureux de voir la tournure des événements. Tout n’est pas encore parfait, mais je suis plus convaincu que jamais que notre avenir est assuré en Arizona, et c’est une très bonne nouvelle pour le hockey. Nous avons un bon marché de sports. Nous sommes aussi entre la Californie, le Texas et les autres villes du Midwest. Notre position géographique est un plus pour la ligue. J’en demeure convaincu. Et quand tu y penses, les Coyotes sont en Arizona depuis plus longtemps (20e année) que les Jets (17 ans) ont été à Winnipeg », a indiqué Doan qui complète sa 20e saison dans la LNH.

Sera-t-il toujours capitaine des Coyotes lorsqu’ils disputeront leur premier match dans leur nouvel amphithéâtre?

« Je suis encore en très bonne forme. Mais c’est trop loin pour penser à ça. Je ne veux pas seulement endosser l’uniforme, je veux contribuer aux succès de mon équipe. Le fait d’avoir autant de jeunes loups qui m’entourent m’aide à maintenir ma forme et mon niveau d’enthousiasme. Mais à 39 ans, on prend les saisons une à la fois, car le temps finit toujours par avoir raison. »

On verra si le temps donnera autant raison aux Coyotes et à leur aventure dans le désert qu’il a donné raison à Doan de prolonger une carrière à laquelle il ne manque qu’une coupe Stanley.

« C’est évident que l’idée de passer à une autre formation pour me donner la chance de soulever la coupe m’est déjà passé par la tête. Mais je suis demeuré à une organisation qui m’a toujours bien traité et qui a toujours été aussi loyale à mon endroit que je l’ai été envers elle. Ça compte ça aussi dans une carrière », a conclu Doan qui revendique 4  buts et 8 points en 16 matchs cette saison, mais qui a franchi le cap des 900 points (372 buts, 534 passes) en 1412 rencontres en carrière.