SUNRISE – À l’approche de leur 20e saison dans la LHJMQ, les Huskies de Rouyn-Noranda ont vu deux de leurs joueurs, Jérémy Lauzon et Jean-Christophe Beaudin, être repêchés dans le top-100 d'un encan pour la première fois de leur histoire.

Sélectionné au 52e échelon par les Bruins de Boston, Lauzon a rapidement été impliqué dans une panoplie d’étapes à suivre avec sa nouvelle équipe samedi en enchaînant les demandes médiatiques et les photos. Cependant, il jetait immédiatement son regard sur tous les écrans qu’il pouvait apercevoir afin de découvrir si son ami et coéquipier avait vécu le même privilège.

Par une heureuse coïncidence, Lauzon a appris via l’auteur de ces lignes - au moment d’entamer une entrevue - que Beaudin venait d’être sélectionné (71e échelon) par l’Avalanche du Colorado. Charismatique de nature, Lauzon a redoublé de bonheur en apprenant la chose et il en ressentait une grande fierté.

« C’est tellement agréable, je suis super content pour lui surtout que je sais qu’il était un peu stressé avant de venir au repêchage », a confié Lauzon du haut de ses six pieds deux pouces.

Quant à ses émotions personnelles ressenties lorsque les Bruins ont prononcé son nom dans le BB&T Center, Lauzon en avait encore des frissons.

« Je ne trouve pas les mots pour décrire la sensation surtout que j’ai été blessé en fin d’année et que je n’ai pas joué pendant les séries. Je ne savais donc pas à quoi m’attendre et je ne voulais pas me faire d’attentes », a confié le sympathique athlète originaire de Val-d’Or.

« C’était génial d’entendre mon nom en deuxième ronde. Dans le fond, je savais que j’avais des chances de sortir à cette place, mais j'aurais aussi pu patienter jusqu'en cinquième ronde. Je pensais surtout à me faire repêcher, c’était la seule chose qui comptait et c’est tout un honneur », a-t-il enchaîné avec son nouveau chandail sur le dos.

Pour un Québécois, revêtir le logo des Bruins pourrait souvent provoquer un sentiment particulier, mais Lauzon ne se classe pas dans cette catégorie.

« J’ai toujours apprécié leur style parce que je suis un joueur énergique, j’aime m’impliquer et utiliser mon physique. Je pense que je vais bien cadrer dans cette organisation. Je pense qu’ils apprécient mon intensité, je ne lève jamais le pied et ça correspond à leurs valeurs », a avancé le défenseur gaucher qui est devenu le premier Québécois choisi par Boston depuis Jordan Caron en 2009.

« C’est un compétiteur inné, il est orgueilleux et il veut toujours être le meilleur. De nos jours, les jeunes ne sont pas toujours comme ça et on est chanceux de miser sur lui. Il n’abandonne jamais et il détient de belles aptitudes autant offensivement que défensivement », a vanté au RDS.ca son entraîneur Gilles Bouchard.

Étrangement, sa principale faiblesse est liée à son atout le plus évident.

« Il doit gérer son intensité adéquatement. Parfois, il se retrouve hors position parce que son désir de réussir est trop intense à certains moments. Disons que c’est beaucoup plus facile de demander à un joueur de modérer son intensité que l’inverse. C’est un défaut intéressant », a indiqué Bouchard qui croit que Lauzon saura hausser sa mobilité de quelques crans.

Après tant d’efforts, Lauzon a toutes les raisons du monde d’être comblé d’avoir été repêché. Ceci dit, c’est certainement son plus jeune frère qui est le plus épaté.

« J’ai deux frères plus jeunes dont un qui a été repêché l’an passé, 25e au total, par les Huskies et il devrait faire partie de l’équipe à condition de connaître un bon camp tandis que mon autre autre joue au niveau bantam », a précisé Lauzon.

« Ils sont très heureux pour moi, mais c’est plus impressionnant pour mon petit frère; il a des étoiles dans les yeux. Toute la semaine, on a côtoyé des joueurs de la LNH et il n’en revenait pas », a-t-il décrit avant d’enchaîner sur une note humoristique.

« Il y a juste ma sœur qui ne comprend pas vraiment ce qui se passe », a-t-il lancé avec le sourire.

Le parcours inspirant de Beaudin

Même s’il a été ignoré sur les deux premières listes de la Centrale de recrutement de la LNH cette année, Beaudin ne s’est jamais découragé et il a prouvé son point en étant repêché par l’Avalanche au 71e rang.

Cet exploit n’est pas banal au terme d’une saison recrue dans la LHJMQ. En regardant le portrait, c’est un peu comme si les recruteurs n’avait pas immédiatement décelé le potentiel de ce joueur intelligent, mais peu spectaculaire.

« C’est un joueur qui a l’air de rien pour certaines personnes, mais il accomplit tellement de bonnes choses sur la patinoire. Il n’est pas spectaculaire, mais il est très efficace », a louangé Bouchard.

Jean-Christophe Beaudin« Il avait été repêché en quatrième ronde par notre organisation et ça vient prouver que ça ne veut rien dire en étant pris en troisième ronde dans la LNH. Il est calme, son sens du hockey est fabuleux et il joue très bien autant offensivement que défensivement », a-t-il décrit du même souffle. 

Personnellement, Beaudin a avancé une hypothèse pour expliquer son oubli sur ces listes attendues.

« Peut-être que je jouais avec moins de confiance en début d’année, mais ça s’est amélioré par la suite. En n’étant pas classé, je me suis dit que je devais travailler encore plus fort pour mettre les chances sur mon côté. Mes efforts ont rapporté au repêchage et je l’apprécie », a-t-il évoqué en arborant son chandail et sa casquette du Colorado.

En raison de ce contexte, Beaudin était lui-même surpris de son rang de sélection hâtif.

« Je dois avouer que c’est un peu tôt, mais je suis confiant et j’ai connu une bonne saison. J’étais prêt à toutes les éventualités et je suis content du dénouement », a reconnu lui qui apparaissait au 64e échelon de la liste finale.

« C’était ma première saison complète et je suis content parce que j’ai amélioré mon rendement au fil des matchs. Les entraîneurs m’ont énormément aidé et je suis content de représenter les Huskies », a-t-il ajouté.

« J'aimerais devenir comme Patrice Bergeron »

Selon son entraîneur, il ne s’est jamais laissé abattre par ce qui aurait pu s’avérer une source de découragement.

« Il ne s’est jamais soucié de ça, il s’est occupé de ses affaires et il rend les autres joueurs meilleurs. Ça prouve qu’il a probablement joué dans l’ombre de certains joueurs de son groupe d’âge, mais il a démontré que sa perception par les équipes de la LNH est meilleure que plusieurs personnes peuvent penser », a témoigné son pilote.

À vrai dire, son rendement a été si encourageant que ses entraîneurs lui ont fait confiance dans les situations les plus corsées.

« Même à son année de 17 ans, c’était l’un de mes attaquants les plus fiables. En plus, il a amassé 53 points, il comprend vraiment comment ce sport fonctionne », a fait remarquer Bouchard.

Moins flamboyant que Lauzon sur la patinoire et à l’extérieur, Beaudin n’était pas pour autant moins heureux d’appartenir à une équipe de la LNH surtout qu’elle est dirigée par Joe Sakic et Patrick Roy.

« Je suis vraiment excité d’appartenir à une aussi bonne organisation. C’est une grande source de fierté et j’en profite au maximum avec ma famille. Ce sont deux légendes, j’ai hâte d’aller au camp et leur montrer ce que je peux faire », a noté Beaudin avec enthousiasme.

Par un heureux hasard, le répertoire de Beaudin est souvent comparé à celui de Patrice Bergeron qui était également passé sous le radar de plusieurs observateurs avant de s’épanouir dans la Ligue nationale.

« C’est un style de Patrice Bergeron. Il faut se souvenir que Patrice ne volait pas la vedette quand il jouait avec le Titan. Il sait se démarquer comme Bergeron dans les différents aspects du jeu », a souligné Bouchard.

En considérant l’extraordinaire parcours de Bergeron au niveau professionnel, c’est étonnant de constater que la comparaison avec Beaudin tient la route. En effet, Bergeron avait été « volé » par les Bruins au 45e rang pendant que plusieurs équipes avaient mal perçu son potentiel. Beaudin avait déjà réussi à se faire remarquer par une multitude de formations alors qu’il était loin de leurs priorités il y a quelques mois.

« Les dépisteurs ont fait de l’excellent travail à son sujet. Personne ne le connaissait en début d’année et, finalement, plusieurs clubs de la LNH voulaient le repêcher ce week-end. C’est une belle histoire », a conclu Bouchard avec justesse.