Tard au mois de mars, le directeur général des Flyers de Philadelphie, Paul Holmgren, répondait à une question des journalistes : « Certains joueurs seront de retour avec nous l'an prochain. D'autres n'y seront pas. »

Questionné à savoir s'il « avait une bonne idée de ce qu'il allait faire », Holmgren n'a pas hésité une seconde en affirmant « mon idée est faite ».

À partir de ce moment, les journalistes affectés à la couverture ont fait une liste avec le nom des joueurs que l'on croyait voir partir à la fin de la saison. Tout le monde était du même avis, au revoir Braydon Coburn si les Flyers pouvaient obtenir quelque chose en retour et, si ce n'était pas de son gros contrat, bye bye Daniel Brière.

Scott Hartnell? Tellllllllement sous d'autres cieux.

Un gardien. Ça presse!

On commençait même à parler de laisser partir Simon Gagné en raison de sa capacité à jouer avec de la douleur… plutôt son incapacité.

Le constat : les Flyers devaient être plus robustes, rapides, affamés et plus matures. Cette équipe se devait d'être une de celles que l'on croise, le printemps venu, à Detroit, Buffalo, au New Jersey et dans d'autres endroits de ce genre.

Et maintenant?

« Quand tu gagnes, tout le monde paraît bien, a affirmé Hartnell après l'entraînement d'hier. Quand tu perds, tout le monde semble horrible sur la patinoire. »

« Gagner change tout, a concédé Brière. Il n'y a que gagner qui compte et parvenir à le faire change la perception que les gens ont de vous. »

Les Flyers sont devenus un groupe de joueurs déterminés et prêts à se sacrifier pour les autres en bloquant des tirs avec leur os orbital, se brisant le pied avant de patiner sur ce membre amoché, faisant de jolis jeux autour du filet adverse ou encore en laissant partir de puissants lancers au-dessus des épaules du gardien adverse.

En plus, le gardien, peu importe quel nom est inscrit dans le dos de celui-ci, est plus souvent responsable de la victoire dans un match serré que du contraire.

Tel est le consensus du mois. Du moins, celui de la semaine.

Lorsqu'on demande à Holmgren ce qu'il compte faire avec les Flyers pour l'an prochain, il semble pas mal moins certain de son plan. Le DG est en mode « évaluation » d'une équipe qui démontre finalement qu'elle a été bâtie « pour les séries ».

En mars, deux jours après les commentaires d'Holmgren, Brière avait répliqué en affirmant que son équipe était remplie de « guerriers ». Et même si les mots utilisés par Holmgren hier étaient plutôt « joueurs de caractère », il faut avouer que les observateurs ont plutôt tendance à approuver cette remarque.

Avec le recul, on constate que les médias n'ont jamais véritablement douté de la capacité de cette équipe à gagner, que les partisans n'ont jamais vraiment hué leur équipe et que personne n'a douté de leur courage et leur conviction.

Le but et la mention d'aide de Brière lors du premier match ont porté son total à 17 points depuis le début des séries. Un an après qu'il ait été considéré comme candidat pour l'équipe olympique canadienne, Coburn joue comme un candidat olympique.

Et Hartnell? Dans la victoire de 6-0, il a marqué son troisième but et donc son sixième point depuis que Peter Laviolette l'a cloué au banc des joueurs lors du deuxième match de la série face aux Bruins de Boston. Le gros attaquant a joué, malgré la défaite, un troisième match inspiré et ce n'était là qu'un aperçu de ce qu'il s'apprêtait à réaliser pour permettre à lui et ses coéquipiers de combler le déficit de trois matchs qu'ils accusaient dans la série.

À quel point le colosse se sent mieux maintenant comparativement à il y a quelques semaines à peine?

« 1000 %, répond-il sans hésitation. Quand la rondelle se retrouve sur mon bâton, je peux faire à peu près n'importe quoi. Il y a quelque temps, je me débarrassais du disque comme si je n'en voulais pas. J'essaie présentement de conserver la rondelle dans les coins et de me lever les yeux afin de trouver mes partenaires sur la patinoire. »

« C'est si différent. Je me sens bien maintenant », a-t-il conclu.

Hartnell en a-t-il fait suffisamment pour sécuriser son emploi dans la ville de l'amour fraternel? Peut-être. Il en a du moins fait assez pour réintégrer le mode « évaluation » de son directeur général.

Lundi, Michael Leighton expliquait à quel point c'est difficile pour lui d'avoir à traîner sa jeune famille de ville en ville alors qu'il tente tant bien que mal de se tailler un poste avec une équipe de la LNH. Il expliquait simplement à quel point ce serait merveilleux pour lui si, finalement à l'âge de 29 ans, une équipe pouvait lui faire confiance.

« Je crois que l'on auditionne de façon permanente pour un poste », a-t-il philosophé en guise de réponse. Il a raison. Il auditionne.

Qu'en est-il du reste de l'équipe? Certains ont déjà sécurisé leur poste pour la prochaine édition des Flyers, et ce, peu importe ce qui adviendra au cours des prochaines semaines.

Simon Gagné a prouvé sa valeur. Qui l'eut cru? Ian Laperrière est maintenant un héros culte. Dan Carcillo est pour sa part parvenu à mettre la foule de son bord et s'est peut-être assuré une place.

Hartnell? Il devra peut-être en faire plus. Et il le sait.

Toute la saison, il a été la preuve de ce qui ne fonctionnait pas chez les Flyers. Et il le sait.

Maintenant, il pourrait être la preuve de ce qui fonctionne chez les siens en série.

« Tu continues de gagner en séries, tu continues de bien jouer et de contribuer au succès de l'équipe, a simplifié le numéro 19 de Philadelphie. Présentement, l'an prochain est le dernier de mes soucis, je ne pense qu'au deuxième match de notre série. »

Selon un texte de Sam Donnellon paru dans le Philadelphia Daily News