Les choix des experts

Dans quelques jours, les premiers matchs des séries commenceront dans la LNH. Je dois d’abord reconnaître que ça fera du bien de revoir du hockey. Après des mois d’abstinence, je peux vous assurer que je regarderai ces parties avec beaucoup de plaisir. Quel que soit le résultat!

 

Cela dit, plusieurs espèrent que le CH fera davantage qu’une figuration dans cette confrontation avec les Penguins, même si la plupart des experts prédisent que Montréal devrait avoir bien du mal à vaincre Pittsburgh. Il est vrai — inutile de le nier — que sur papier les Penguins présentent une équipe redoutable et, sauf peut-être devant le filet, bien plus puissantes que Montréal. 
 

Toutefois, et je l’ai déjà écrit, toutes les compétitions, quel que soit le sport, revêtent aussi un volet psychologique dont les impacts peuvent brouiller les cartes. J’ai donc mis quelques-uns de ces éléments qui pourraient avoir un impact dans l’issue de la série.

 

Une longue absence
 

Qu’on le veuille ou non, il n’y a pas eu de matchs depuis le 12 mars. Plus de 4 mois sans vivre l’intensité d’une vraie partie. Tout le monde ignore les conséquences de cette réalité. Les joueurs se sont entraînés individuellement d’abord, puis, plus récemment, en équipe. On peut donc imaginer que la préparation physique sera assez équivalente pour tous. L’avantage risque d’aller à l’équipe qui sera la plus déterminée psychologiquement, nivelant ainsi (un peu en tout cas) les différences de talent. 

 

De plus, les séries s’amorcent en été, saison traditionnellement consacrée au repos pour le hockey. On ignore si cela influencera la vitesse ou l’intensité du jeu, tout au moins en début de série. 

 

Une courte série
 

Quel que soit le sport, une courte série augmente la possibilité de voir survenir des surprises. La confiance en ses moyens est déterminante pour donner la pleine mesure de son talent. Or, si la victoire stimule et accroit cette confiance, la défaite l’ébranle. Il s’agit d’une espèce de règle psychologique.
 

On comprend donc l’importance des premières parties. Si le CH devait démarrer sur les chapeaux de roues et gagner, contre toute attente, le premier match, cela pourrait avoir une influence déterminante sur la suite des choses. 

 

Une seconde chance
 

Les joueurs du CH obtiennent manifestement une seconde chance unique de participer aux séries. Ils ont l’occasion de faire valoir leur talent et de montrer qu’ils valent plus que ce que les fans pouvaient croire au mois de mars. On a rarement une telle possibilité dans la vie. Reste à voir s’ils seront conscients de cette faveur et s’ils s’en serviront comme carburant pour pousser encore plus fort à chaque instant.

 

Les négligés


Est-il nécessaire de préciser que les joueurs du CH sont les « négligés » dans ce combat? Cela implique deux choses. D’une part, la pression est bien moindre sur le Canadien puisque bien des analystes et des preneurs aux livres le considèrent perdant dès le départ. Or, la pression, on le sait, peut rendre le moindre geste, la moindre feinte, le moindre arrêt bien plus difficile qu’il ne l’est habituellement. Sans ce frein, les joueurs du CH pourront-ils prendre plus facilement leur envol? 

 

Par ailleurs, les joueurs des Penguins connaissent également cette situation. Comment réagiront-ils au fait d’être favoris? Sentiront-ils une pression à gagner rapidement et de façon significative? Arriveront-ils au contraire avec une confiance énorme en leurs moyens et prendront-ils le CH à la légère? Dans une série aussi brève, chaque partie a une importance colossale. Un mauvais départ, parce qu’ils sont trop surs d’eux, pourrait les hanter toute la série.

 

L’absence du 7e joueur
 

Les parties seront disputées sans spectateurs. On n’applaudira ni ne huera aucun joueur, aucune équipe. Certains joueurs carburent aux applaudissements et au soutien de la foule. D’autres réagissent aux huées comme si elles les stimulaient, les forçant à en faire encore plus. En tout cas, la foule ne laisse personne indifférent.

 

Savoir que des milliers de personnes regardent à la télé demeure un concept intellectuel qui n’aura jamais le même impact que le soutien direct des spectateurs dans le stade.Qu’arrivera-t-il quand il n’y aura aucun bruit dans l’aréna?

 

Bref, tout ça pour dire qu’en séries éliminatoires, les jeux ne sont pas réglés d’avance. Tout est possible! C’est sur la glace que le sort des équipes se décidera. Et je vais être un spectateur attentif.

 

Laurent Duvernay-Tardif  
 

Un mot en terminant sur Laurent Duvernay-Tardif dont l’intégrité est un phare dans un monde qui concède tant à la gloire et à l’argent. À mon avis, Laurent constituait déjà un modèle extraordinaire pour les jeunes. Avec sa décision de reporter d’un moins un an un éventuel retour au football professionne,l il démontre encore qu’il ne fait pas de compromis avec ses principes et ses valeurs. Il dit souhaiter faire partie de la solution à la pandémie et non une éventuelle source de transmission. C’est en toute humilité que je le félicite et que je le remercie de son geste!