MONTRÉAL - Lindy Ruff est à l'image du roc de Gibraltar. Inamovible. À une époque où les entraîneurs ne font souvent que passer, Ruff représente un bel exemple de longévité qui fait l'envie de ses homologues de la Ligue nationale de hockey.

"Je suis chanceux. C'est ce que me disent les entraîneurs que je croise", lance en riant le pilote des Sabres de Buffalo.

Ruff est en poste depuis la saison 1997-1998. Il est l'entraîneur qui possède le plus d'ancienneté (12 ans) derrière le banc de la même équipe. Par comparaison, le Canadien a fait défiler cinq entraîneurs - Alain Vigneault, Michel Therrien, Claude Julien, Bob Gainey (deux fois), Guy Carbonneau - durant la même période. Et on peut penser qu'un sixième nom va s'ajouter à cette liste au cours de l'été.

Quelle est la recette de Ruff?

"J'ai la chance d'avoir un directeur général (Darcy Regier) qui se garde d'appuyer sur la gachette", explique-t-il.

Dr. Jekyll et Mr. Hyde

Les deux hommes sont associés depuis 12 ans, même si l'équipe a changé de propriétaires en deux occasions.

"Il faut aussi avoir une double personnalité, genre Dr. Jekyll et Mr. Hyde, ajoute-t-il. Les joueurs ne veulent pas toujours voir la même personne. Un jour on les sermonne, le lendemain on les fait rire. On ne peut non plus leur envoyer le même message et présenter les mêmes vidéos pendant 82 matchs. Il faut changer les choses, surprendre les joueurs en préparant un entraînement léger alors qu'ils s'attendent à un entraînement punitif, ou l'inverse. Il faut toujours trouver de nouvelles façons de capter leur attention."

Ruff n'hésite pas à faire appel à ses adjoints Brian McCutcheon et James Patrick. Une voix différente dans le vestiaire est toujours appréciée.

"On doit également s'adapter à la personnalité de chacun et être en mesure d'établir une bonne relation avec chaque joueur. On peut être exigeant, mais il faut s'assurer d'être juste."

Donnant donnant

Jason Pominville complète sa quatrième saison sous la direction de Ruff.

"C'est un entraîneur qui amène une belle énergie derrière le banc. Même s'il a l'air sérieux et intense durant le match, il devient très souriant après une victoire", fait valoir le patineur de Repentigny.

Pominville dit apprécier la façon de diriger de son entraîneur.

"Avec lui, c'est donnant donnant. Tu travailles et tu vas jouer."

L'attaquant des Sabres aime aussi sa personnalité.

"Je ne sais pas s'il a pris des cours, mais c'est quelqu'un qui s'exprime très bien. Il trouve toujours le moyen de faire passer son message. Et quand ça ne va pas, il convoque une rencontre individuelle."

Les Sabres risquent de rater les séries pour une deuxième année de suite, et la cinquième fois en sept ans.

"Je serais très déçu de le voir partir, dit Pominville. Ruff n'est pas à blâmer pour les problèmes de l'équipe."