Après avoir marqué ses 696e, 697e, et 698e buts avec style lors d’une remontée des Capitals face aux Kings, Ovechkin n’est qu’à deux buts d’atteindre l’illustre plateau des 700 en carrière.

Seuls 7 autres joueurs ont atteint ce plateau dans l’histoire de la LNH, tous plus légendaires les uns que les autres et menés, évidemment, par Wayne Gretzky avec une marque époustouflante de 894 buts.

La ligue a bien changé depuis l’époque de Gretzky. Les gardiens de but se sont grandement améliorés et leur équipement moderne donne l’impression que les gardiens de l’époque n’avaient que quelques oreillers attachés à leurs jambes comparativement aux jambières modernes. Sans surprise, les joueurs marquaient à leur guise.

Si l’on prend la saison 1981-82 comme exemple, au cours de laquelle Gretzky a établi le record avec 92 buts en une année, il n’y avait que 4 clubs qui obtenaient moins de 3,69 buts par match, la marque qui donne présentement la meilleure offensive de la LNH à l’Avalanche.

En fait, neuf clubs ont marqué au moins quatre buts par rencontre et les Oilers de Gretzky avaient une marque incroyable de 5,12. Le club en dernière position, les Rockies du Colorado avec 3,01 buts par match, seraient 18^e cette année, tout juste derrière le Canadien.

Pour ces raisons, le record de buts de Wayne Gretzky semblait impossible à atteindre. Ovechkin n’a apparemment pas eu le mémo, car il mène encore une fois la LNH en buts à 34 ans et ne montre aucun signe de ralentissement.

Tout le monde connait la qualité du tir d’Alexander Ovechkin, qui lui a permis de remporter huit trophées Maurice «Rocket« Richard, un record de la LNH, mais le volume de tirs qu’il est capable de décocher, saison après saison, est presque plus impressionnant encore.

Depuis qu’il s’est joint à la ligue en 2005-06, saison où il a remporté le Calder, Alexander Ovechkin a obtenu 5483 tirs au but, ce qui le place déjà au 3e rang de l’histoire, derrière Jaromir Jagr et Raymond Bourque, mais Ovechkin a disputé environ 500 matchs de moins que ces deux joueurs.

Relativement à ses pairs, Eric Staal vient au 2e rang depuis 2005 avec 3668 tirs, près de 2000 de moins qu’Ovechkin. En fait, la différence entre Ovi et Staal est presque aussi grande que celle entre Staal et Nathan MacKinnon au 94e rang, et MacKinnon n’a disputé que 7 saisons comparativement aux 15 de Staal et Ovechkin depuis 2005. Pas étonnant de voir que ses 698 buts trônent également au sommet depuis son arrivée dans la ligue, devançant de loin les 455 de Crosby au 2e rang.

La domination d’Ovechkin ne s’arrête pas là ; il faut aussi parler de son arme de prédilection : le tir sur réception. Malheureusement, je n’ai accès à cette statistique qu’à partir de la saison 2016-17, mais la domination de l’attaquant russe est tout aussi apparente, voire même plus puisque l’on regarde seulement ses saisons de 31 à 34 ans, une période où un joueur commence habituellement à ralentir. Ce n’est pas le cas pour Ovechkin.

Ovechkin trône au sommet de la LNH malgré son âge et, encore une fois, ce n’est même pas serré. Brent Burns est le plus près et il tire de l’arrière de 161 tentatives, même si lui-même a une avance de près de 100 tentatives sur Stamkos au 3e rang.

En fait, seulement 13 joueurs ont atteint 386 tentatives de tirs sur réception, ou environ la moitié du total de l’ailier gauche.

Sans surprise, Ovechkin se trouve également au sommet avec 66 buts marqués grâce à son légendaire tir sur réception au cours de cette période. David Pastrnak est son plus proche compétiteur avec 56, tandis que Nikita Kucherov (52 buts) est le seul autre joueur avec au moins 50.

Ovechkin a le talent pour possiblement rattraper Gretzky, mais il a également la durabilité. Depuis le début de sa carrière, il a raté plus de 4 matchs à une seule reprise, lorsqu’il en a disputé «que» 72 en 2009-10. Cette saison, il marque à un rythme bon pour 61 buts. Soyons conservatifs et donnons-lui une saison de 55 buts, ce qui l’amènerait à 713 en carrière. Il aurait besoin de 4 saisons de 50 buts pour dépasser Gretzky pendant la 4e saison, ce qu’il accomplirait à l’âge de 39 ans.

Par contre, un seul joueur de 35 ans ou plus dans l’histoire a marqué au moins 50 buts en une saison: John Bucyk, en 1972-73. Si on lui donne plutôt un rythme de 40 buts par saison, encore impressionnant, mais définitivement plus atteignable, Ovechkin aurait besoin d’une 5e saison pour rejoindre Gretzky, cette fois à l’âge de 40 ans.

Le record est définitivement à sa portée, mais Ovechkin devra continuer de performer comme l’un des meilleurs marqueurs de la LNH et réécrire le livre des records pour un joueur de plus de 35 ans. L’histoire et le temps sont contre lui, mais je ne sais pas s’ils sont assez puissants pour stopper Alexandre le Grand.