Pour une deuxième année consécutive, les Penguins de Pittsburgh seront de la finale de la Coupe Stanley, menés par Sidney Crosby qui confirme une fois de plus son statut de meilleur joueur au monde. Fort d’une récolte 20 points en 18 parties, le capitaine des Pens trône présentement au deuxième rang des pointeurs de la LNH en séries éliminatoires, mais ce qui le place véritablement dans une classe à part, c’est qu’il est toujours à son meilleur dans les moments cruciaux.

L’exemple le plus frappant à cet effet est certainement le but qu’il a inscrit en prolongation lors de la finale olympique de 2010, permettant au Canada de rafler la médaille d’or. Plus récemment, Crosby a encore frappé en surtemps, alimentant brillamment Chris Kunitz lors du septième match de la finale d’association, but qui a mis fin au beau parcours des Sénateurs d’Ottawa. Que ce soit en club ou avec la sélection canadienne, plus belle est la tribune, meilleur est Sid the Kid. C’est justement dans les moments décisifs que les légendes se forgent.

Le principal atout de Crosby est indéniablement sa vision du jeu. Comme la plupart des hockeyeurs d’exception, il semble prédire ce qui se produira sur la patinoire, ayant toujours une seconde d’avance sur les autres. C’est la marque des plus grands.

Aujourd’hui, il est possible de quantifier la vision du jeu d’un joueur à l’aide des statistiques avancées. Les données le confirment : la vision de Crosby est sans pareil.Tableau Sidney CrosbyTous le savent, Sidney Crosby est un excellent passeur. Il est d’ailleurs le joueur de la LNH complétant le plus de passes en zone offensive pour chaque tranche de 20 minutes de jeu à égalité numérique. De même, il se classe au deuxième rang chez les Penguins quant au nombre de passes complétées dans l’enclave proportionnellement à son temps d’utilisation à forces égales.

Ultimement, cette habileté à faire circuler avec brio le disque en zone adverse permet à Crosby de se hisser au quatrième rang de la LNH en éliminatoires au chapitre des jeux générant des chances de marquer. En possession de la rondelle, Crosby est un véritable chef d’orchestre, attirant tel un aimant ses adversaires, ce qui lui permet de rejoindre avec tant de succès ses coéquipiers. C’est sa signature, lui qui a déjà récolté 645 passes en 782 parties depuis son arrivée dans le circuit Bettman. Lors des présentes séries, il poursuit tout simplement dans la même veine.

Ce sont ces mêmes talents de passeur de Crosby qui font de lui le joueur ayant le plus fréquemment possession du disque en territoire adverse pour chaque tranche de 20 minutes de jeu à égalité numérique. Le 87 adore dicter le jeu et avec son talent, il le fait sans gêne!

Parallèlement, depuis le début des séries, le capitaine des Pens vient au troisième rang de son club pour les chances de marquer. La majorité des chances de marquer de Crosby sont le fruit d’une passe captée par celui-ci dans l’enclave, à la suite de laquelle il décoche rapidement un tir.

En observant les Penguins, nous pouvons constater que Crosby adore garder longuement possession du disque avant de tenter une passe. Paradoxalement, il est très rare qu’il décoche un tir après avoir eu possession de la rondelle pour plus d’une seconde. En conservant le disque, la couverture défensive se concentre sur Crosby, ce qui permet à ses coéquipiers de se démarquer, raison pour laquelle il tente alors une passe. À l’opposé, pour surprendre le gardien, Crosby préfère plutôt le battre de vitesse lors de son déplacement, exploit qui lui est impossible de réaliser en s’éternisant avec la rondelle.

Étonnamment, depuis le début de la danse printanière, Crosby se classe au quatrième rang de la LNH pour le nombre de passes captées dans l’enclave. Pourtant, ses opposants devraient savoir en tout temps où se trouve le double récipiendaire du trophée Art Ross, question de le surveiller étroitement. Comment expliquer que Crosby soit aussi souvent laissé fin seul dans l’enclave? Son intuition.

Avec ses passes, Crosby sait étourdir la défensive adverse qui doit alors tenter de réparer les pots cassés. Il en résulte que des brèches se forment alors dans la couverture défensive et que Crosby excelle au moment de tirer profit de ces ouvertures. C’est de cette façon qu’il parvient généralement à se libérer dans la zone la plus dangereuse, profitant ainsi d’un angle optimal pour tromper le cerbère.

Tableau Sidney CrosbyLa vision du jeu phénoménal de Crosby a également des retombées positives sur son jeu défensif.

Tout d’abord, le capitaine de la sélection canadienne excelle au moment de récupérer les rondelles libres, empêchant ainsi l’adversaire d’amorcer une attaque.

De même, Crosby réalise plus de jeux défensifs dans son propre territoire que l’attaquant moyen, se classant même au troisième rang de son équipe à ce chapitre lors des présentes séries. L’arme de prédilection de Crosby pour soutirer le disque à l’adversaire : le harponnage. En effet, seul Patrice Bergeron, trois fois gagnant du trophée Selke, a plus souvent enlevé le disque à un opposant à l’aide de ce procédé pour chaque tranche de 20 minutes jouées à égalité numérique en séries éliminatoires.

Pour récupérer une rondelle libre ou harponner le disque à l’adversaire, il faut compter sur un excellent sens de l’anticipation, ce qui est indiscutablement le cas de Crosby. Cette vision du jeu lui permet d’exceller offensivement et défensivement, ce qui fait de lui un joueur redoutable.

Face aux Predators, il sera beaucoup plus difficile pour Crosby d’œuvrer avec le même brio, alors que les erreurs défensives seront très rares, Nashville comptant sur le meilleur quatuor de la LNH à la ligne bleue. Quoiqu’il advienne, Crosby semble être en mission et rien n’indique qu’il ralentira avant d’avoir ajouté une autre bague de championnat à sa collection.