L'équipe du 5 à 7 mettra la table pour la loterie à compter de 17 h sur RDS. Celle de Hockey 360 discutera des résultats et des ramifications qui en découlent à compter de 18 h 30 sur RDS2.  

 

MONTRÉAL - C’est ce soir que l’une des huit équipes éliminées de la ronde de qualification gagnera la loterie annuelle associée au repêchage de la LNH et du coup le privilège de sélectionner Alexis Lafrenière.

 

Le sensationnel attaquant québécois représente bien plus qu’un prix de consolation pour les Penguins de Pittsburgh, les Oilers d’Edmonton, les Rangers de New York, les Maple Leafs de Toronto, les Predators de Nashville, les Jets de Winnipeg, les Panthers de la Floride ou le Wild du Minnesota. Il représente un atout qui sera en mesure d’améliorer dès la saison prochaine l’équipe qui gagnera le droit de le repêcher et qui deviendra rapidement l’un des piliers de cette attaque.

 

Je sais! Alexis Lafrenière n’a pas encore disputé un seul match dans la LNH. Et l’histoire nous a démontré plusieurs fois qu’il est périlleux d’auréoler trop rapidement du titre de sauveur un surdoué qui l’a eu facile dans les rangs mineurs. Qui l’a eu parfois trop facile.

 

Le nom Nail Yakupov – premier choix de la cuvée 2012 sélectionné par les Oilers – vous rappelle quelque chose? Selon le slogan associé au nom du jeune espoir russe, les équipes de la LNH devaient échouer pour s’assurer d’obtenir ses services. « Fail for Nail » que les amateurs scandaient pour se consoler des défaites encaissées en cascade par leurs favoris. Les Oilers ont échoué cette année-là. Deux fois plutôt qu’une d’ailleurs. Ils ont échoué en multipliant les défaites et en se laissant porter par la vague populaire pour repêcher Yakupov.

 

Le nom de Rick DiPietro – premier choix de la cuvée 2000 sélectionné par les Islanders – vous rappelle quelque chose lui aussi? Dans un des moments de folie passagère qui ont marqué sa carrière de directeur général, Mike Milbury avait décidé d’échanger Roberto Luongo qui était sur le point de devenir l’un des meilleurs gardiens de la LNH pour repêcher DiPietro qui, selon Milbury, était meilleur pour contrôler la rondelle autour de son but que ne l’était Luongo. L’ennui, c’est que DiPietro n’était pas en mesure d’effectuer des arrêts. Ce qui demeure le mandat numéro d’un gardien...

 

Le cas Lafrenière est différent. Les spécialistes du repêchage sont unanimes : le petit gars est bon. Non! Il est très bon. Et à moins que le ciel ne lui tombe sur la tête ou que la glace ne fonde sous les lames de ses patins, il sera à la hauteur des attentes associées à son titre de tout premier choix de la cuvée 2020.

 

Sera-t-il le sauveur tant espéré? S’imposera-t-il comme l’ont fait Alexander Ovechkin, Sidney Crosby, Patrick Kane, John Tavares, Steven Stamkos, Nathan MacKinnon depuis 20 ans? Comme Connor McDavid est déjà en train de le faire et qu’Auston Matthews semble être en voie de le faire lui aussi?

 

L’avenir nous le dira.

 

Mais ce qui semble clair c’est que Lafrenière, que plusieurs spécialistes auraient préféré, dès l’an dernier, à Jack Hughes si le Québécois avait été éligible, est déjà meilleur que les deux derniers premiers choix des Devils : Jack Hughes (2019) et Nico Hischier (2017).

 

Selon les règles associées à la loterie version COVID-19 du repêchage de 2020, les huit équipes en lice pour la Loto-Alexis ont 12,5 % de chances de gagner. C’est énorme. Et c’est tant mieux pour ces organisations.

 

Cela dit, peu importe l’identité du club dont le nom sera dévoilé par le commissaire adjoint Bill Daly, le grand gagnant de ce soir sera Alexis Lafrenière lui-même.

 

Purgatoire évité

 

Car peu importe l’identité de l’équipe qui obtiendra le privilège de le repêcher, Lafrenière se retrouvera au sein d’une équipe solide. D’un club comptant sur des joueurs établis. D’une organisation en voie de compléter sa reconstruction ou qui pourra l’annuler en obtenant ses services.

 

Lafrenière évitera ainsi le purgatoire de deux, trois, cinq ans auquel les premiers choix doivent souvent se soumettre afin d’orchestrer la reconstruction d’une équipe qui en arrache depuis un bout de temps.

 

Le Wild ne représente pas un club aussi attrayant que les sept autres. Aux sens propre et figuré. Je veux bien. On peut dire la même chose des Oilers qui sont bien ordinaires derrière les sensationnels McDavid et Draisaitl. Et j’ajouterais même le nom des Panthers qui devraient être bien meilleurs qu’ils ne l’ont démontré encore cette année.

 

Mais le Minnesota, Edmonton et la Floride demeurent des destinations bien plus intéressantes que Detroit, Ottawa ou San Jose mettons!

 

Mais attention!

 

Imaginez Lafrenière avec Panarin, Zibanejad et les Rangers; imaginez Lafrenière avec Scheifele, Wheeler et les Jets; imaginez Lafrenière avec Matthews, Marner et les Leafs; imaginez Lafrenière avec Johansen, Forsberg et les Predators; imaginez Lafrenière avec Crosby, Malkin et les Penguins...

 

Mettez-vous à la place du petit gars aujourd’hui et imaginez dans quel état il se trouve. Il doit être mort de rire tant les scénarios qui se présentent à lui sont plus intéressants les uns que les autres. Au lieu d’être condamné à débarquer au sein d’un mauvais club de hockey, un club qu’il devra faire gagner pour éviter d’être contesté, voire critiqué, Alexis Lafrenière à 75 % de chances de se retrouver avec une équipe qui sera considérée prétendante à une place en série encore l’an prochain. Avec une équipe qui peut penser à la coupe Stanley au lieu de simplement y rêver.

 

Avec de telles probabilités, il ne fait aucun doute que c’est Alexis Lafrenière lui-même qui sera le grand gagnant de la loterie qui porte son nom.

 

Occasion ratée pour le Canadien?

 

Pour toutes les raisons défilées plus haut, plusieurs partisans du Canadien affichent des sentiments partagés depuis que leurs favoris ont éliminé les Penguins pour se hisser dans les vraies séries.

 

Heureux de la victoire, ces partisans sentent que le Tricolore perdu une occasion rêvée de mettre la main sur non seulement une vraie vedette offensive, mais sur un jeune surdoué québécois en prime. Sur un Pierre-Luc Dubois; sur un Jonathan Huberdeau; sur un Québécois qui aurait été en mesure de s’imposer davantage que ne le fait Jonathan Drouin depuis son arrivée à Montréal.

 

Surtout que tous ces partisans déçus ne donnent pas cher de la peau du Canadien maintenant qu’il est rendu en séries et qu’il croisera les Flyers de Philadelphie. Les Flyers qui sont sortis gagnants du tournoi à la ronde et qui sont surtout la meilleure équipe de la LNH depuis les Fêtes.

 

Je veux bien.

 

Mais en gagnant comme il l’a fait aux dépens des Penguins, le Canadien a non seulement fait mentir bien du monde, mais il a ravivé la passion de ses joueurs clefs et de futurs joueurs autonomes qui seront plus enclins de rester à Montréal ou d’y venir s’ils considèrent avoir des chances réelles d’y gagner.

 

Et ça c’est important. C’est crucial même.

 

Jeff Petry aura des offres de plusieurs équipes s’il décide d’offrir ses services au marché des joueurs autonomes. S’il est bien à Montréal, avec le Canadien et qu’il croit en ses coéquipiers, il ne se rendra peut-être pas au marché des joueurs autonomes.

 

Même chose pour Tomas Tatar, pour Phillip Danault, pour Brendan Gallagher qui a toutes les qualités requises pour devenir capitaine du Canadien un jour. Mais si Gallagher ne croit pas à ses chances de gagner à Montréal, il quittera vers une destination meilleure avant même que Shea Weber ne lui tende le flambeau et le «C» à apposer sur son chandail.

 

C’est pour toutes ces raisons que la victoire du Canadien aux dépens des Penguins est importante, malgré la perte de Lafrenière et de la neuvième sélection qui échappera aussi au Canadien maintenant qu’il est en séries.

 

Quoi? L’arrivée de Lafrenière ou du jeune obtenu avec la neuvième sélection aurait tout autant contribué à mousser l’intérêt des Petry, Tatar, Gallagher et Danault à demeurer avec le Canadien au lieu de lorgner le marché des joueurs autonomes? Surtout que Cole Caufield pourrait – certains diront devraient – jouer à Montréal l’an prochain?

 

Je veux bien : mais en conservant bien en main son billet pour la Loto-Alexis au lieu d’accéder aux séries, le Canadien n’avait quand même qu’une chance sur huit de gagner... ou sept sur huit de voir le Québécois aboutir avec une organisation rivale. La neuvième sélection? Elle aurait toujours représenté un point d’interrogation.

 

Alors que les séries, le Canadien y est. Contre toutes attentes, je veux bien. Pour le meilleur et pour le pire, je veux bien là aussi. Mais il y est quand même...

 

Le Canadien partira largement négligé une fois encore, c’est évident. Mais il croisera les Flyers au lieu d’attendre le résultat d’un tirage. Et c’est sur la glace qu’une équipe de hockey doit gagner. Pas au boulier.

 

Du moins il me semble...