CHICAGO – Henrik Lundqvist a trop de vécu dans le monde du hockey pour se raconter des histoires. Sa question est simple : qu’est-ce qui est réaliste au niveau des attentes pour les Rangers cette saison?

 

La franchise du gardien suédois était indiscutable. Il comprend que son organisation traverse une période de reconstruction accélérée et que c’est impossible – et inutile - de viser trop haut dès maintenant.

 

« Après la dernière saison, j’ai eu besoin de temps pour analyser les choses et aussi m’éloigner du hockey. Un mois plus tard, j’ai recommencé à m’y plonger et je trouve ça excitant de voir les gestes effectués dans la bonne direction », a-t-il lancé d’emblée.

 

« Maintenant, la question est de savoir quelle pression peut-on exercer sur cette équipe? Où sommes-nous rendus? Qu’est-ce qui est réaliste au niveau des attentes? Mais il n’y a aucun doute qu’on a fait des progrès cet été », a enchaîné l’homme au débit posé et réfléchi.

 

Sa déclaration valait une relance. On parle tout de même du marché affamé de New York et l’une des vedettes de l’équipe admet qu’il existe une limite quant aux possibilités malgré la parité qui caractérise la LNH.

 

« Ce que tu veux et la réalité, c’est parfois bien différent. J’espère qu’on en parlera avant la saison : voilà ce qu’on possède, soyons réalistes, fixons un but et travaillons dans ce sens. On devrait être en mesure de passer au prochain niveau avec les changements effectués », a fourni Lundqvist comme explication en faisant référence notamment aux ajouts d’Artemi Panarin, Jacob Trouba et Kaapo Kakko pour la troupe de David Quinn.

 

Petite parenthèse ici, Lundqvist salive à l’idée de suivre la confrontation qui se dessinera entre Kakko et Jack Hughes dans le cadre de la rivalité entre les Rangers et les Devils du New Jersey.

 

Parce que n’allez pas croire que Lundqvist a perdu la flamme de la compétition en lisant le début de cet article. Il assure qu’il veut encore repousser ses limites à 37 ans et c’est encore plus vrai – et crucial – après une deuxième moitié de saison particulièrement éprouvante pour lui.

 

« Ce fut probablement la portion la plus difficile de ma carrière mentalement. De voir où nous étions après tant de belles années, c’est une nouvelle expérience dans laquelle il faut apprendre. Mon but est de faire partie d’un beau projet avant que ce soit le temps d’arrêter. C’est de plus en plus clair dans ma tête pourquoi je joue encore, c’est pour gagner des matchs, voilà ce qui me rend heureux », a confié le vétéran de 14 saisons dans cet uniforme.

 

Autant qu’il veut savourer des victoires, autant il ne veut pas quitter les Rangers.

 

« Je ne peux pas m’imaginer ailleurs, j’étais prêt pour la reconstruction. Mais c’est aussi difficile de penser au temps que ça va prendre pour revenir au sommet. Il faut faire de notre mieux avec ce qu’on possède », a-t-il prononcé.

 

La reconstruction, via l’afflux de jeunes, rime avec compétition même pour un athlète établi comme lui. Il dit bien composer avec cette réalité tout en devant s’adapter à une nouvelle réalité.

 

« C’est vrai que c’est un peu différent parce que les gars sont si jeunes. Avant je ne pensais pas à l’âge des autres. Maintenant, je sens que je veux prouver aux jeunes que je suis encore capable. Certains ont quelque chose comme 17 ou 18 ans (et même 19 pour Kakko) de moins que moi. C’est un gros écart ! », a reconnu, en souriant, Lundqvist qui dispose encore de deux années à son contrat.

 

Rask préfère jouer moins souvent

 

À 32 ans, Tuukka Rask n’est pas jeune non plus, mais il est encore au sommet de son art.

 

Le gardien finlandais dégage une personnalité fascinante. Il affirme que ses enfants lui ont rapidement permis de tourner la page à la suite de la défaite au septième match de la coupe Stanley. Quant aux nombreuses critiques essuyées parce qu’il occupe le poste de gardien dans un climat sportif acerbe comme celui de Boston, sa réponse est parfaite.

 

« Ça devrait repartir dans un mois », a-t-il lancé en riant en prétendant qu’il se sent tout de même apprécié.

 

« C’est juste une ville qui fonctionne ainsi. Les partisans sont comme ça dans tous les sports. Tout le monde a une opinion là-bas. Pour un gardien, tu n’as pas à la lire ça. Peu importe où je vais dans la ville, les gens me supportent énormément et c’est là que j’ai la vraie impression de ce que les gens pensent », a ajouté Rask.

 

Cette sorte de détachement explique aussi qu’il ignorait le changement de réglementation permettant aux équipes offensives de choisir le côté pour effectuer la mise au jeu après un dégagement refusé et au début d’un jeu de puissance.

 

« Quoi? Cette année? Mais ça ne fait pas de différence à mes yeux, on dirait simplement qu’ils essaient de trouver de nouveaux règlements. Est-ce qu’ils vont réduire notre équipement de notre nouveau, voilà ce qui m’importe. Ils ne vont pas retirer notre masque j’espère! », a rétorqué le Finlandais repêché en première ronde en 2005 par Toronto.  

 

Ça ne signifie pas que Rask est au-dessus de ses affaires, il sait très bien que les Sabres de Buffalo et les Panthers de la Floride seront des proies plus coriaces.

 

« Si tu commences à penser que tu es l’équipe à battre et que les autres doivent réussir à te renverser, c’est une pente dangereuse. On doit vaincre Toronto, Floride, Tampa et les autres. C’est une ligue compétitive à l’image de notre division », a réagi Rask.

 

La saison dernière, le gardien numéro un des Bruins a pu conserver des ressources pour les séries grâce à la contribution de Jaroslav Halak à ses côtés. Cette approche de miser sur un deuxième gardien de grande qualité lui semble plus que pertinente.

 

« Je le pense depuis des années. Si ton partant encaisse huit ou neuf millions, tu veux le voir jouer. Mais tu veux gagner donc est-ce qu’il peut jouer plus de 60 matchs et 20 en séries au même niveau en séries? C’est possible de le payer pour 50 bons matchs et que son adjoint fasse le reste. La tendance se dirige vraiment dans cette direction », a avancé celui qui touche un salaire de sept millions.  

 

« Le plan de l’utilisation pour le gardien numéro un est rarement respecté à la lettre au fil de la saison, mais tu as besoin que les deux gardiens fassent du bon travail. En vieillissant, tu penses encore plus à l’équipe », a ciblé Rask.

 

Ben Bishop doit aussi composer avec cette réalité  et il confirme que le plan écope souvent avec le classement corsé.

 

« On ne se fera pas dire " Tu es en feu, mais on va te reposer ". Les entraîneurs veulent gagner autant que les joueurs », a ajouté Bishop comme grain de sel.