Si les Canucks tenaient vraiment à se débarrasser de Roberto Luongo et surtout de se libérer du gigantesque contrat qui l’empêchait de quitter Vancouver, pourquoi ne pas l’avoir fait l’an dernier alors que les Maple Leafs de Toronto salivaient à l’idée de mettre la main sur le gardien québécois?

Ils auraient conclu une meilleure transaction que celle conclue avec les Panthers de la Floride hier. Et en prime, ils pourraient toujours compter sur les services de Cory Schneider qui est en voie de ravir, si ce n’est déjà fait, le poste de gardien numéro un des Devils à Martin Brodeur.

C’est à n’y rien comprendre.

Aux prises avec deux gardiens numéro un qu’ils ne pouvaient satisfaire – en fait non, les Canucks avaient décidé de donner le poste à Schneider qui n’a pas été en mesure de l’assumer pleinement – il y a un an à peine, les Canucks se retrouvent avec deux gardiens numéro deux.

Deux bons gardiens numéro deux. C’est un fait.

Eddie Lack, qui en est à ses premiers arrêts dans la LNH malgré ses 26 ans, présente une fiche de ,500 (9-9-4) cette saison. Il présente surtout une moyenne de 2,09 buts alloués par match et une efficacité de 92,4 % après 25 présences devant la cage des Canucks. Tout ça pour une bouchée de pain (1 M$ cette année, 1,3 M$ l’an prochain). Une économie substantielle en comparaison aux 34,356 millions $ promis à Luongo d’ici à la fin de son contrat en 2022. Mais une économie qui perdra un brin de sa valeur en considérant que les Canucks verseront 15 % de ce salaire (5,153 millions) aux Panthers.

Sans oublier son compatriote suédois Jacob Markstrom qui vient le rejoindre à Vancouver sans avoir été en mesure d’atteindre le poste de numéro un qui l’attendait dans le sud de la Floride.

Mais deux gardiens numéro deux quand même. Du moins pour l’instant.

Et ce n’est certainement pas l’attaquant Shawn Matthias qui n’a jamais marqué plus de 14 buts dans une saison – l’an dernier dans le cadre du calendrier écourté à 48 matchs en raison du lock-out – ou récolté plus de 24 points – il y a deux ans en 79 parties – qui fera la différence dans cette transaction.

Du moins je ne crois pas.

Plus on regarde cette transaction, plus on l’analyse, moins on la comprend. À moins, bien sûr, que Mike Gillis ne complète mercredi un grand ménage en échangeant Ryan Kesler et/ou Kevin Bieksa et/ou Alexander Edler, voire un jumeau Sedin avec ça. Ou peut-être les deux. Le genre de ménage qui confirmerait que les Canucks sont passés de finalistes de la coupe Stanley – il y a quatre ans à peine – à un club en complète reconstruction.

Luongo enfin échangé

Mais même si c’était le cas, pourquoi ne pas avoir accepté l’offre des Maple Leafs de Toronto l’an dernier?

Une fois les folles rumeurs écartées, il a été permis de conclure que les Leafs étaient prêts à céder aux Canucks Ben Scrivens et deux choix de deuxième ronde en retour de Luongo.

Les Leafs demandaient simplement aux Canucks de les aider sur le plan financier en épongeant un million par année d’ici la fin du contrat du gardien de St-Léonard.

Les Canucks ont dit non à cette dernière demande.

Pourquoi l’ont-ils accepté hier alors?

Car en obtenant Scrivens et deux choix de deuxième ronde, les Canucks auraient obtenu autant que ce qu’ils ont eu par le biais de Markstrom et Matthias. En plus, ils auraient toujours Schneider pour assumer le rôle de numéro un en plus d’Eddie Lack pour faire la lutte à Scrivens et pousser dans le dos du numéro un.

Je ne sais pas ce que Mike Gillis fera d’ici 15 h aujourd’hui. Mais si j’étais son patron – à moins que l’ordre soit venu d’en haut – je ne suis pas convaincu que je lui donnerais l’occasion de prendre d’autres décisions susceptibles de nuire à mon équipe aujourd’hui.

Et si je devais le laisser aller, je commencerais à chercher les candidats pour le remplacer.

Luongo est un excellent gardien. Sa réputation est peut-être un brin plus grande que la réalité. Mais il demeure un des très bons gardiens de la LNH malgré ses 35 ans et le fait qu’il a perdu de son lustre dans la grande finale de la coupe Stanley qu’il a perdue aux mains de Tim Thomas et des Bruins de Boston en 2011.

Et je comprenais facilement pourquoi les Canucks faisaient des pieds et de mains pour garder Schneider plutôt que Luongo l’an dernier.

De là à se priver des deux en moins de neuf mois. Il y a là une raison que la raison ne comprend pas. Du moins pas encore…

Thomas-Luongo

Si cette transaction n’a pas grand bon sens pour les Canucks, je ne peux pas dire qu’elle représente un grand chelem pour les Panthers non plus.

Sur le plan marketing, c’est bien. Pas de doute. En rapatriant Luongo dans le sud de la Floride, Dale Tallon peut ressortir les posters géants de Luongo qui a longtemps été le visage du hockey et des Panthers dans la région de Fort Lauderdale. Il revient pour de bon à la maison avec son épouse – une petite fille de la place – et le reste de la famille. Ça fera de belles photos dans les journaux. De beaux reportages à la télé. Et ça se traduira peut-être par la vente de quelques billets de saison de plus l’an prochain. Billets de saison que «Bobby Lou» allait personnellement livrer aux fans des Panthers avant qu’il ne soit échangé aux Canucks tout juste avant la séance de repêchage de 2006.

Mais sur le plan hockey, on peut se poser des questions.

À commencer par : comment diable Luongo et Tim Thomas développeront-ils une complicité après les échanges acerbes de critiques et commentaires pas très élogieux qui ont marqué la grande finale Bruins-Canucks il y a quatre ans?

Bon! Tim Thomas pourrait être échangé lui aussi. Sauf qu’il profite d’une clause de non-échange qui pourrait autant compliquer une possible transaction que le sale caractère et la réputation pas commode qui précède l’ancien gardien des Bruins.

Mais pour le moment, Luongo et Thomas se retrouvent devant le même filet.

En plus, ils se retrouvent derrière un mauvais club de hockey qui ratera les séries cette année pour une 12e fois lors de ses 13 dernières saisons.

Une séquence négative qui devrait se propager encore deux, trois, voire quatre ans. Et ce même si on devait placer Luongo et Thomas devant le filet en même temps!

À n’y rien comprendre…

Bon coup des Oilers

Dans l’ombre de la transaction qui a chassé Roberto Luongo de Vancouver et de l’arrivée de Mike Weaver à Montréal – je ne peux pas croire que c’est tout ce que le Canadien fera pour aider sa cause en vue du dernier droit de la saison et des séries – plusieurs transactions ont marqué la journée de mardi.

À mes yeux, ce sont les Oilers d’Edmonton qui ont réalisé la meilleure en obtenant des Ducks d’Anaheim les services du gardien Viktor Fasth.

Nouveau dans la LNH malgré ses 31 ans, Fasth donne aux Oilers un vrai gardien. Ce qu’ils croyaient avoir en Devan Dubnyk – sans jamais vraiment l’avoir obtenu – et qu’ils n’ont jamais eu avec Ilya Bryzgalov qu’ils ont cédé au Wild du Minnesota hier.

Fasth, remis de la blessure qui l’a limité à cinq présences devant la cage des Ducks cette année, devrait composer un excellent duo avec Ben Scrivens. L’ancien des Leafs qui a commencé la saison à Los Angeles – où il s’est retrouvé en retour de Jonathan Bernier – avant de passer aux Oilers qui l’ont récemment mis sous contrat pour les deux prochaines années (4,6 millions $).

Les Oilers ont cédé deux choix au repêchage pour mettre la main sur Fasth. Un choix de 5e ronde l’été prochain, un autre de 3e ronde dans deux ans.

C’est peu pour un gardien qui a connu une saison recrue aussi prometteuse de celle de Fasth l’an dernier : 15-6-2. Mais les Ducks comptant déjà sur Jonas Hillier, sur Frederik Andersen et John Gibson, ils ne pouvaient se permettre d’être trop gourmands.

Pourquoi Bryzgalov au Minnesota alors qu’on y envoyait Jaroslav Halak ou Martin Brodeur?

En raison de son salaire (2,266 millions $) que le Wild est en mesure d’assumer tout en respectant le plafond.

Et le Canadien

Quoi dire sur le Canadien et sur le défenseur Mike Weaver que Marc Bergevin a obtenu des Panthers de la Floride?

Pas grand-chose si ce n’est que c’est pas assez.

Weaver est un Bouillon qui tire de la droite.

Est-il meilleur que Bouillon? On verra.

Est-il meilleur que Stéphane Robidas qui a coûté un choix de 4e ronde – Weaver a coûté un choix de 5e au CH – aux Ducks d’Anaheim? Je ne crois pas. Surtout que si les Ducks, un club qui aspire à la coupe Stanley, considère que Robidas pourra les aider une fois remis de sa double fracture à la jambe, comment expliquer que le Canadien n’a pas conclu la même chose?

Weaver est petit. Il n’a pas un grand talent. Mais un des entraîneurs-chefs qui l’a dirigé au fil des dernières années dans la LNH, m’a assuré que c’était un travailleur acharné et qu’il savait maximiser son talent limité.

C’est ça de gagné.

Mais ce n’est pas assez.

Il reste encore quelques heures pour mousser l’attaque anémique du Tricolore.

On verra s’il arrivera à la faire.

Car bien que la journée de mardi ait été l’une des plus – sinon la plus – actives des dernières années en guise de prologue à la date limite, il reste de grosses prises à faire.

Ryan Kesler, Ryan Callahan – à moins qu’il ne s’entende avec les Rangers au cours de la nuit – Tomas Vanek, Matt Moulson, Michael Cammalleri sont autant de gros noms encore disponibles.

Sans oublier les gardiens Jaroslav Halak et Martin Brodeur. Mais au nombre de gardiens qui ont changé de camp hier, on peut se demander si d’autres suivront mercredi.

À moins que Mike Gillis et les Canucks réalisent qu’ils ont peut-être déjà besoin de renfort devant le filet.

Dire qu’ils avaient Roberto Luongo et Cory Schneider dans leur vestiaire il y a à peine un an…