L’intronisation de Pat Burns au Temple de la renommée tout juste quatre ans après son décès au terme d’un long et inégal combat contre le cancer rappelle à quel point cette maladie est implacable.

Remarquez que les derniers jours ont permis à ce damné cancer d’étendre son fléau aux quatre coins de la LNH.

La grande famille des Sénateurs d’Ottawa a été foudroyée par la confirmation que le directeur général Brian Murray était sur le point de perdre les derniers assauts de son duel contre un cancer du côlon qui le mine depuis l’été dernier.

Lundi soir, lors de l’intronisation de Pat Burns, des anciens joueurs Rob Blake, Peter Forsberg, Dominik Hasek et Mike Modano en plus de l’arbitre Bill McCreary, Pat Quinn, président du Temple de la Renommée brillera par son absence. Aux prises lui aussi avec le cancer, Quinn est trop faible pour effectuer le voyage à Toronto. «Reviens-nous en forme», s’est assuré de souhaiter John Davidson, le président du comité de sélection des intronisés lors de la présentation de la cohorte de 2014, vendredi après-midi.

Au-delà cette cascade des mauvaises nouvelles associées au cancer, Olli Maatta, le jeune défenseur des Penguins de Pittsburgh, ravive les espoirs. Dix jours seulement après avoir subi une intervention à la nuque au cours de laquelle les chirurgiens ont retiré une tumeur cancéreuse à la glande thyroïde.

Le Finlandais âgé de 20 ans n’a pas affronté les Leafs à Toronto vendredi soir. Mais à l’entraînement matinal, il se donnait à fond. Il s’est même permis des minutes supplémentaires en compagnie des autres joueurs écartés de la formation.

«S’il n’en tenait qu’à lui, il jouerait déjà», a lancé le vétéran défenseur Kristopher Letang. C’est une force de la nature sur le plan physique. Mais Olli est aussi doté d’une force de caractère et d’une maturité hors du commun pour un gars de son âge.»

Foudroyé l’an dernier par un accident vasculaire cérébral dont il s’est très bien remis, Letang a senti le besoin de s’asseoir avec son jeune coéquipier lorsque la nouvelle du diagnostic d’une tumeur a été dévoilée. Il n’a pas mis de temps à réaliser que son jeune coéquipier était en mesure d’affronter ce cancer de pied ferme.

«Je crois que nous étions tous bien plus préoccupés que lui. Comme coéquipier, comme ami, tu veux offrir ton aide, ton appui. Lorsque je lui ai parlé, Olli a insisté sur le fait que son cancer était l’une des formes les plus bénignes. Il était loin d’être ébranlé. Je me suis même permis de lui dire d’accorder de l’importance à ce qu’il vivait, pour ne pas être frappé plus tard. À le voir aller depuis son retour, je n’ai plus la moindre inquiétude», a conclu Letang.

Simon Despré, qui a atteint vendredi le plateau des 100 matchs dans la LNH, avait un exemple à offrir pour démontrer la force de caractère de son jeune coéquipier finlandais. La première journée qu’il est revenu dans le vestiaire, il a passé deux heures dans le gym. Il tenait à reprendre le temps perdu…»

À quelques pas de Després, Pascal Dupuis tenait à en rajouter sur la nature herculéenne de leur jeune coéquipier.

«Quand tu penses à ce qu’il a déployé comme énergie l’an dernier, ça te donne une idée de sa force et de sa forme physique. Il a fait le tournoi des recrues, le camp des recrues, le vrai camp, les matchs préparatoires et en saison, il a joué beaucoup plus que prévu en raison de son talent, mais aussi des blessures que nous avons subies. Il devait aller au Championnat du monde junior, mais il s’est plutôt retrouvé aux Jeux olympiques. Malgré tout ce hockey qu’il a joué, il multipliait les heures au gymnase. À un moment donné, il a fallu intervenir. Il a fallu lui dire : assez c’est assez. Si on n’allait pas le sortir du gym, il n’en sortait pas. Je n’ai encore jamais vu un joueur de son âge être aussi professionnel dans tous les aspects de sa préparation physique et des attentions qu’il porte à son jeu. Je ne suis pas surpris du tout de le voir affronter la maladie de la façon dont il l’affronte. Il se bat calmement, mais avec vigueur. Il sera de retour en uniforme bientôt. Je suis même surpris qu’il ne joue pas ce soir», a convenu Dupuis.

Outre Maatta qui est en voie de freiner le cancer qui tentait de l’envahir, il est important de rappeler que Phil Kessel est lui aussi sorti gagnant d’un duel qu’il a livré à un cancer des testicules qui l’a foudroyé en début de carrière à Boston.

Comme quoi bien qu’il soit redoutable, voire implacable et qu’il le prouve malheureusement encore trop souvent, le cancer n’est toutefois pas imbattable.