DENVER – Des 155 buts que Nathan MacKinnon a marqués en saison régulière depuis le début de sa carrière et des dix autres qu’il revendiquait en séries éliminatoires avant le match de jeudi, plusieurs ont défilé dans les faits saillants du jour, de la semaine, du mois, voire de l’année.

Peut-être même la majorité alors que le sensationnel centre de l’Avalanche nous a souvent gâtés avec des buts inscrits au terme de montées flamboyantes, marquées de feintes magistrales avec des tirs aussi vifs que précis, tout ça en patinant à la vitesse de l’éclair.

C’est toutefois à la manière d’un plombier que MacKinnon a inscrit le but qui a fait la différence dans la victoire de 3-0 de l’Avalanche aux dépens des Sharks. Une victoire importante, cruciale même, qui nivelle les chances dans la série qui se poursuivra samedi à San Jose.

Bon! On parle ici d’un plombier de grand luxe bien sûr, d’un plombier qui a mis à contribution son talent, sa vision et la précision de ses mains pour frapper la rondelle au vol après un arrêt de Martin Jones avant de la tirer dans le fond du filet. Tout ça avec le gros défenseur Brent Burns sur le dos.

« C’est l’une des premières fois de ma carrière que je réussis à frapper une rondelle au vol comme ça pour ensuite marquer », a indiqué MacKinnon à qui on venait de demander s’il s’était inspiré ou avait même obtenu des conseils de son grand ami Sidney Crosby qui est un maître dans cet art d’intercepter des rondelles au vol.

Au lieu de traverser la patinoire d’un bout à l’autre ou de contourner un, deux, trois adversaires avant de déjouer le gardien, MacKinnon s’est rendu dans la tranchée où les joueurs doivent se battre et encaisser des coups pour marquer. Une tranchée dans laquelle on retrouve souvent les plombiers alors que les vedettes tendent à s’en éloigner.

« Ce but me donne plus de satisfaction que bien d’autres qui se sont retrouvés dans les jeux de la semaine », a ensuite convenu MacKinnon qui a prolongé à huit sa série de matchs consécutifs avec au moins un point. La plus longue séquence du genre pour un joueur de l’Avalanche depuis 2002 alors que Peter Forsberg avait récolté des points dans huit parties de suite. C’est aussi la troisième plus longue de l’histoire de l’Avalanche derrière les 10 matchs de suite avec au moins un point de Joe Sakic en 1996 et les neuf de Claude Lemieux en 1997.

MacKinnon le plus dangereux de la LNH?

Des six buts qu’il a marqués jusqu’ici en séries, trois se retrouvent dans la colonne des buts gagnants. Un sommet dans la LNH ce printemps. MacKinnon s’approche aussi des quatre buts gagnants enregistrés par Peter Forsberg en 2002.

Quelles sensations ressent MacKinnon de voir son nom être associé à ceux des Sakic, Forsberg et autres grands joueurs qui ont marqué l’histoire de l’Avalanche. Des noms qu’il pourrait éclipser s’il maintient son rythme actuel et que l’Avalanche prolonge son aventure ce printemps?

« C’est cool. J’ai une très bonne relation avec Joe alors que je n’ai rencontré Peter que quelques fois seulement. Cela dit, ils ont deux coupes Stanley et je n’en ai pas encore. C’est ça qui est le plus important », a souligné Nathan MacKinnon qui était confiant de voir son équipe rebondir après le match difficile de mardi.

« Il était hors de question de laisser une mauvaise partie anéantir notre confiance », a ajouté MacKinnon qui a atteint la cible sept fois sur les huit tirs qu’il a décochés. Il s’est d’ailleurs fait voler un deuxième but alors que Martin Jones a étiré la jambière gauche juste à temps pour stopper la rondelle que MacKinnon venait de tirer une fois encore au terme d’une mêlée autour du filet des Sharks.

« À mes yeux, c’est le meilleur joueur de la Ligue nationale », a commenté le Québécois Gabriel Bourque croisé dans le vestiaire des vainqueurs après le match.

Message livré et compris

Entraîneur-chef de l’Avalanche, Jared Bednar était très satisfait de l’effort déployé par tous les membres de son équipe.

« Nous avons obtenu une implication totale de l’équipe. Marquer le premier but a fait une grosse différence parce que le jeu était très serré jusqu’à ce que Nathan marque en milieu de deuxième période », a souligné Bednar en mettant l’accent sur la manière dont MacKinnon s’est rendu au filet pour permettre à l’Avalanche d’inscrire le premier but de la rencontre pour la première fois de la série face aux Sharks.

« Comme entraîneur, j’adore voir un joueur vedette se salir les mains et le nez pour aller chercher un gros but. Les buts spectaculaires sont de moins en moins fréquents plus tu avances dans les séries. On a avisé les joueurs après notre victoire en première ronde que le jeu serait beaucoup plus hermétique en deuxième ronde. Les Sharks sont excellents en couverture défensive. Ils ferment le jeu. C’est du hockey très différent de celui que nous avons vu contre Calgary et nos joueurs ont compris qu’il faut s’adapter à cette réalité. Et il faudra continuer à le faire de match en match, car ce sera de plus en plus difficile. »

Grubauer : premier jeu blanc

Au-delà de MacKinnon qui a donné le ton offensivement, de l’attaque massive qui a finalement offert un but alors que Mikko Rantanen a profité d’une gaffe monumentale de Burns – le gros défenseur a perdu la rondelle devant son filet – pour effectuer une passe parfaite – entre les patins et par derrière – à Colin Wilson qui a poussé dans une cage presque déserte, Philipp Grubauer a réalisé 32 arrêts pour signer son premier jeu blanc en carrière en séries.

ContentId(3.1320703):Séries LNH : Sharks 0 - Avalanche 3 (hockey)
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Bien qu’il ait jonglé à quelques reprises avec la rondelle à la suite d’arrêts ratés avec la mitaine et qu’il ait semblé pris hors position à quelques occasions, Grubauer a réalisé plusieurs gros arrêts.

Son meilleur, le gardien allemand l’a réservé à Gustav Nyquist qui, après un très vilain changement au banc de l’Avalanche – Bednar a souligné que son équipe est tombée dans le coma sur ce jeu –  a profité d’une longue échappée.

« Nous avons été beaucoup meilleurs que mardi dans l’ensemble de notre jeu. Nous étions agressifs en échec avant et défensivement nous avons été beaucoup plus étanches ce qui a permis de réduire le nombre d’occasions de qualités des Sharks », a analysé Grubauer qui est devenu le cinquième gardien – Petr Mrazek en a 2, Mike Smith, Marc-André Fleury et Braden Holtby en ont un – à réaliser un jeu blanc depuis le début des séries.

« Leur gardien n’a pas accordé de but ça veut donc dire qu’il a été solide, mais nous aurions pu trouver des moyens pour lui compliquer davantage la tâche. Nous avons bien amorcé la rencontre, mais dans une partie aussi serrée que celle de soir, le premier but a fait une grosse différence. Soyons honnêtes : on ne s’attendait pas à balayer l’Avalanche dans cette série. Mais en gagnant une des deux parties ici nous avons repris l’avantage de la patinoire et on tentera d’en profiter lors du prochain match samedi », a pour sa part mentionné Peter DeBoer l’entraîneur-chef des Sharks.

En bref

- Cale Makar a encore fait écarquiller des yeux en réalisant de très bons jeux lors du match de jeudi. Il a récolté une passe – sa quatrième – sur le premier but du match. « Il est déjà l’un des plus rapides patineurs de notre équipe et avez-vous vu le calme qu’il a démontré sur le jeu qui a mené à mon but. Bien des défenseurs se seraient de contenter de tirer le plus fort possible en direction du filet. Cale a plutôt opté pour une remise dans le haut de l’enclave parce qu’il avait vu que Mikko (Rantanen) était en position de faire dévier la rondelle. Le rebond accordé par le gardien m’a permis de marquer », a expliqué MacKinnon...

- Partenaire de travail de Makar, Samuel Girard s’est lui aussi signalé de brillante façon à quelques occasions. En fin de troisième période, il a mystifié la défensive des Sharks sur une poussée amorcée dans son territoire qu’il a complétée en se rendant au filet des Sharks...

- En plus de se faire complice d’un des trois buts de son équipe, Gabriel Landeskog a abattu du gros travail jeudi : il a remporté huit des 12 mises en jeu qu’il a disputées (67%), il a asséné six des 33 mises en échec distribuées par l’Avalanche et a également bloqué trois des 20 tirs stoppés par les Avs en défensive, sans oublier les quatre tirs qu’il a obtenus sur Jones...

- Le premier trio de l’Avalanche a obtenu 13 des 28 tirs de l’équipe. Sept pour MacKinnon, quatre pour Landeskog et deux pour Rantanen...

- Malgré le but de Wilson, l’attaque massive de l’Avalanche n’a marqué que deux buts en 14 tentatives (14,3 %) en quatre matchs contre les Sharks. Le Colorado a marqué cinq fois en 25 occasions (20 %) en première ronde contre Calgary…

- L’Avalanche est toutefois très solide en désavantage numérique ayant écoulé 10 des 11 attaques massives offertes aux Sharks (90,1%). Ces derniers ont marqué huit buts en 34 occasions (23,5 %) aux dépens des Golden Knights en première ronde, dont quatre en neuf opportunités lors du match décisif pour réaliser la remontée historique qui leur a permis d’éliminer Las Vegas...