OTTAWA- Le troisième match s’est peut-être transformé en véritable bataille de rue quand cinq combats ont éclaté simultanément sur la patinoire en troisième période, mais les Sénateurs d’Ottawa y ont simplement vu une occasion de se défendre.

Le tout s’est enflammé quand Ryan White a asséné un coup de bâton à Zack Smith sur la mise au jeu.

« C'est White qui a commencé »
« C'est White qui a commencé »

« C’est White qui a commencé toute cette situation, ça n’a rien à voir avec nous! Nous avons simplement montré qu’on se soutient, c’est que nous avons bâti tout au long de la saison », a tranché Neil qui n’était pas du tout amoché quelques minutes après la confrontation.

« Ce sont des choses qui arrivent parce que les émotions atteignent des sommets en séries. On s’est soutenu et il fallait le faire », a-t-il ajouté.

Son entraîneur Paul MacLean tenait un discours semblable.

« Je n’ai pas vraiment vu venir ce scénario. Un joueur a donné un coup de bâton à deux mains à l’un de nos joueurs ce que je n’ai pas vu depuis longtemps. Je trouve qu’on s’est bien comporté, on s’est avant tout défendu », a avancé MacLean.

« Ce n’était pas pour lancer un message. C’est plus qu’on ne se laissera pas faire. On est une équipe soudée dans le vestiaire et sur la patinoire », a expliqué le héros offensif de la soirée, Jean-Gabriel Pageau.

Dominés physiquement lors de la deuxième partie, les Sénateurs tenaient à corriger le tir devant leurs partisans et ils y sont parvenus avec éclat même si le spectacle n’a pas été élogieux.

Ils ont même remporté les cinq bagarres alors que Smith s’est vengé contre Francis Bouillon, White a été malmené par Jared Cowen, Travis Moen a fait son possible contre Chris Neil, Chris Phillips a eu le dessus sur Jarred Tinordi et Matt Kassian a gagné son combat contre Colby Armstrong.

« Pour être honnête, je me souciais seulement de mon combat. Je n’ai pas vu les autres, mais je vais devoir regarder la vidéo. Ce ne sont pas seulement les cinq joueurs sur la patinoire qui ont fait des efforts robustes, tout le monde a contribué. Je pense à (Cory) Conacher et Pageau qui ont joué d’une façon physique même s’ils ne sont pas les plus gros », a dévoilé Neil.

Cette scène, qui n’a certainement pas ravi ceux qui prônent l’abolition des bagarres, a soulevé la foule de la Place Banque Scotia. De son côté, La LNH se demande probablement comment elle pourrait calmer le portrait pour la suite de la série. À ce sujet, MacLean avait un message à lancer.

« Les Canadiens se sont humiliés eux-mêmes »
« Les Canadiens se sont humiliés eux-mêmes »

« Je crois surtout que beaucoup de gestes devront être revus par le comité de sécurité des joueurs. Ils auront une longue nuit selon moi. Je fais référence aux coups de coude à la tête de mes joueurs, au coup de bâton vicieux qui est une infraction majeure… », a-t-il souhaité.

L’amphithéâtre des Sénateurs avait souvent été perçu comme un endroit accueillant pour le Canadien en raison des nombreux partisans dans leur camp sauf que cette soirée a donc complètement changé le portrait.

« C’était phénoménal du début à la fin. On a définitivement ressenti l’avantage de la patinoire », a confié Neil qui ne s’est pas gêné pour célébrer sa victoire aux poings.

« Je fais toujours cela à domicile, c’est ma tradition. Les gens paient pour nous voir jouer et quand je porte ce chandail, je joue pour l’équipe, mais les partisans également », a-t-il précisé.

Les amateurs ont réservé un traitement spécial à P.K. Subban qui a été hué à répétition et la foule a raffolé du fait qu’il a écopé de trois punitions dans une performance moins réussie.

Dans ce total de 236 minutes de punition, c’était surprenant de voir que Brandon Prust n’ait pas participé aux duels. En fait, il a voulu se battre avec Neil plus tôt dans la partie, mais ce dernier a refusé.

« Je lui ai proposé un combat dès la première présence du match. Il a eu sa chance et il a voulu se reprendre à la fin de ma présence. Ce sera une longue série et je m’attends à d’autres confrontations avec lui », a témoigné Neil.

Quelques secondes après le gala de boxe, les Sénateurs ont ajouté l’insulte à l’injure en inscrivant leur cinquième but. C’est à ce moment que l’ennemi numéro à Ottawa, Subban, a décidé de jeter les gants contre Kyle Turris. En furie, Subban a même continué à le frapper alors qu’il était étendu sur la patinoire.

Au-delà des furieux combats, les hommes de Paul MacLean avaient multiplié les mises en échec en prenant soin de viser souvent le dérangeant Brendan Gallagher.

Un souvenir inoubliable pour Pageau

Ce revirement de situation a jeté un peu d’ombre sur l’éclatante performance de Pageau.

Il avait déclaré en matinée que sa première partie en séries à domicile serait très spéciale. En fait, elle s’est transformée en une soirée de rêve pour le talentueux attaquant.

Jean-Gabriel PageauAuteur de trois buts, Pageau s’est forgé des souvenirs inoubliables. À 20 ans, il était déjà devenu le plus jeune joueur des Sénateurs à réussir une partie éliminatoire de deux buts.

« Il va avoir de la difficulté à traverser le pont tellement il est populaire ce soir! Il a connu une très grosse soirée à sa première partie à domicile en séries. Il devra certainement se calmer en vue du prochain match et je vais en discuter avec lui », a déclaré son entraîneur.

Jouant devant famille et amis, Pageau a même entendu son nom être scandé dans les gradins.

« Je ne suis pas encore capable de réaliser ce qui est arrivé. J’essaie juste d’apprécier le tout pour le moment. Mes coéquipiers et les partisans ont été merveilleux avec moi. C’était vraiment spécial, les fans ont été superbes dans ce match. Ils sont devenus une grande motivation et nous avions justement besoin de cela », a avoué Pageau qui est devenu un autre joueur à perdre une dent dans cette série quand Subban l’a atteint au visage avec son bâton une fraction de seconde avant d’enfiler l’aiguille une première fois.

« J’en ai perdu seulement une. Je vais la placer sous mon oreiller avec ce qui est arrivé ce soir! », a dit le sympathique athlète.