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Marchessault : l'homme des grandes occasions

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LAS VEGAS - Jonathan Marchessault n'est pas le plus grand joueur de la LNH. Au sens propre comme au sens figuré. Il n'est pas même le plus grand joueur de son équipe.

 

Mais bien que la haute direction des Golden Knights ait accepté au fil des dernières années de couper des liens étroits qu'elle entretenait avec des joueurs aussi utiles qu'appréciés pour faire de la place aux Pietrangelo, Stone et Eichel autant sous le plafond salarial que dans le vestiaire, elle n'a jamais considéré larguer Jonathan Marchessault.

 

« Les grands moments qui ont marqué la courte histoire de notre équipe et Jonathan Marchessault vont de pair. Jonathan n'est pas une grande vedette au sens habituel qu'on accorde à ce titre, mais si vous repassez les buts les plus importants qui nous ont permis de gagner des matchs importants et d'avoir les succès que nous avons connus en séries au fil des dernières années, plusieurs de ces buts sont venus du bâton de Jonathan Marchessault. Il est notre homme des grandes occasions », a affirmé sans retenue le directeur général des Golden Knights Kelly McCrimmon lors de la journée média de vendredi au T-Mobile Arena.

 

Ce qui est vrai pour Marchessault l'est tout autant pour William Carrier. «Un gars de quatrième trio qui est aujourd'hui bien plus qu'un simple joueur de soutien», a indiqué McCrimmon. Sans oublier Reilly Smith, William Karlsson, Shea Theodore et Brayden McNabb qui sont toujours avec les Knights depuis leur entrée dans la Ligue.

 

Une déception encore perceptible

 

À 32 ans, après six saisons au cours desquelles le Québécois et ses coéquipiers ont permis au hockey de s'enraciner aussi solidement que les cactus dans le désert du Nevada, Jonathan Marchessault domine l'équipe pour les buts marqués (150) et les points récoltés (348).

 

En 17 matchs depuis le début des séries Marchessault a inscrit neuf buts – tous marqué lors des matchs de deuxième et troisième rondes – et ajouté huit mentions d'aide. Ses 17 points le placent tout juste derrière Jack Eichel, le meilleur pointeur des Knights qui affiche toutefois deux buts de moins que son compagnon de trio.

 

Aussi intéressantes soient-elles, ces statistiques sont loin de combler Marchessault. Plus encore, elles ne pourront panser les plaies vives que subira le Québécois si sa deuxième visite en finale de la coupe Stanley se termine comme la première il y a cinq ans.

 

« Je ne l'ai pas dit souvent, mais il m'a fallu des mois avant de me remettre de ma déception lors de la finale de 2018 », a reconnu bien candidement Marchessault vendredi.

 

Le Québécois avait mis beaucoup de temps à accepter le fait d'avoir trimé aussi dur pour se frayer un chemin sur le parcours aussi long et accidenté menant à la finale de la coupe Stanley.

 

Jonathan Marchessault

 

De fait, à l'écouter parler, à le regarder froncer les sourcils lorsqu'il revient sur ses souvenirs de 2018, il semble clair que Marchessault n'a pas encore tout à fait accepté la défaite. Il semble plus clair encore qu'il tient à savourer une douce revanche. Il se sent aussi mieux outiller pour faire face au défi qu'il entreprendra avec ses coéquipiers samedi : celui de gagner quatre fois aux dépens des Panthers de la Floride.

 

« J'ai pris de la maturité au fil des cinq dernières saisons. Nous formons une meilleure équipe, mais je suis aussi un meilleur joueur de hockey. Je sais que je ne suis pas Jack Eichel. Que je ne suis pas Connor McDavid ! Mais je sais surtout quel joueur je suis et quel joueur je dois être pour aider mon club à gagner », que Marchessault lance avec conviction.

 

Dans le moule de Brad Marchand?

 

Cette conviction a toujours été une marque de commerce pour Marchessault. Une conviction qui a souvent semblé flirter avec un brin ou deux d'arrogance.

 

Le genre d'arrogance affichée par un certain Brad Marchand qui était une petite peste à son arrivée à Boston et qui est aujourd'hui une des grandes vedettes des Bruins. Une des grandes vedettes de la LNH au grand complet.

 

L'entraîneur-chef Bruce Cassidy esquisse un sourire agacé lorsqu'on lui demande s'il est d'accord pour comparer le niveau de confiance, voire d'arrogance, qui font de Marchand et Marcessault le genre de joueurs qu'ils sont sur la glace et à l'extérieur de la patinoire.

 

« Disons qu'ils aiment tous les deux dicter le rythme qui leur convient », réplique Cassidy qui dirige Marchessault depuis l'automne dernier après avoir passé un peu plus de cinq saisons derrière le banc des Bruins.

 

« Nous avons eu nos différends Jonathan et moi au cours de la saison. Quand ça arrive, il est important de garder la communication ouverte. Il est important que le joueur comprenne ce que le coach demande et que l'entraîneur soit capable de garder une ouverture sur l'opinion de ses joueurs. Nos enfants jouent dans le hockey mineur. On s'est souvent croisés comme parents dans les arénas. Ça nous a permis de nous parler dans un autre contexte et surtout de bien se comprendre. L :es résultats sont là pour prouver que nous avons su bien nous comprendre », que Cassidy défile avec franchise.

 

Les yeux de Marchessault scintillent lorsque je lui fais part des commentaires de Cassidy à son endroit.

 

« Je suis un gars qui a ses opinions. Je suis surtout un gars honnête qui sait jouer au hockey. J'ai développé de la constance au fil des ans. J'ai développé de la confiance aussi. J'ai bénéficié de conseil de beaucoup de monde pour me rendre dans la Ligue nationale. J'ai souvent parlé de l'influence positive de Patrick (Roy) dans les rangs juniors, mais c'est quand même moi qui me suis rendu jusqu'ici », que le Québécois ajoute fièrement comme s'il voulait justifier le fait qu'il peut maintenant présenter des positions personnelles et les défendre.

 

Bien qu'il ait pris de la maturité, qu'il soit cinq ans plus vieux et qu'il soit père de quatre enfants, Jonathan Marchessault affiche toujours le petit air d'adolescent frondeur qui le suit depuis qu'il a gravi un à un les échelons du hockey mineur dans la région de Québec.

 

En 2018 Marchessault avait retenu l'attention en séries en se présentant au T-Mobile Arena au volant d'une rutilante Lamborghini offerte par un détaillant de voitures de grand luxe de Las Vegas.

 

« C'était bien le fun de conduire une telle voiture, mais c'était surtout devenu un porte-bonheur, car on gagnait au début des séries quand j'arrivais à bord de cette auto sport », se remémore Marchessault.

 

Samedi, c'est aussi volant d'une voiture, disons plus conservatrice – une Cadillac – qui attire beaucoup moins l'attention que Marchessault arrivera au T-Mobile Arena.

 

Et ce sera très bien ainsi.

 

Car c'est d'abord et avant tout sur la patinoire que Marchessault tient à attirer l'attention cette année. Et c'est surtout de cette façon qu'il maximisera ses chances de pouvoir enfin toucher à la coupe Stanley. Ce trophée qu'il regarde avec admiration depuis qu'il est tout petit. Ce trophée que les Nordiques qu'il encourageait dans le temps à Québec n'ont pu gagner, mais que l'Avalanche qu'il a encouragé après l'exil de la capitale en 1995 lui ont offert dès l'année suivante.

 

Vingt-sept ans après la première conquête de l'Avalanche, cinq ans après sa première tentative avec le Knights, Marchessault fera-t-il honneur au titre d'homme des grandes occasions qui lui a permis de s'établir à Las Vegas?

 

La réponse tombera dans quatre, cinq, six ou sept parties.