Marian Hossa : exceptionnel!
LNH mercredi, 19 oct. 2016. 12:58 vendredi, 13 déc. 2024. 08:55« Ce que j’ai à dire de Marian? Qu’il est le joueur que je m’efforce de copier chaque fois que je saute sur la patinoire. »
Cette remarque, Jonathan Toews me l’a lancée sans même réfléchir lorsque j’ai croisé le capitaine des Blackhawks vendredi dernier à Nashville. Dans l’ombre du premier match de P.K. Subban dans l’uniforme des Predators de Nashville, Marian Hossa se préparait calmement et discrètement à atteindre le plateau des 500 buts en carrière.
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Il n’y est pas arrivé. Bon! Il s’est rapproché un peu plus du plateau des 600 passes récoltées depuis son entrée dans la LNH, mais le but historique n’est pas venu. Ce but, Marian Hossa l’a finalement inscrit mardi dans une victoire de 7-4 des Blackhawks aux dépens des Flyers de Philadelphie.
Parce qu’il est un marqueur redoutable, mais surtout un exceptionnel joueur de hockey, on savait que ce but viendrait plus tôt que tard.
Et maintenant que Hossa est devenu le 44e joueur de l’histoire de la LNH à atteindre le plateau des 500 buts, il deviendra bientôt le 34e joueur de l’histoire à avoir marqué au moins 500 buts tout en ayant ajouté 600 passes au cours de sa carrière.
« Je n’ai jamais cru que je marquerais un jour 500 buts dans la LNH, que je disputerais 1000 matchs, que je récolterais 1000 points. Quelqu’un m’aurait lancé une telle affirmation quand je suis arrivé dans la LNH et je l’aurais traité de fou », a commenté Marian Hossa après sa 1240e partie disputée en carrière.
Le pire dans tout ça, c’est que le «fou» ayant lancé pareille affirmation à Hossa à l’aube de la saison 1997-1998 alors qu’il a donné ses premiers coups de patin dans l’uniforme des Sénateurs d’Ottawa aurait oublié le plus important : ses trois conquêtes de la coupe Stanley.
Et les deux autres qui lui ont glissé des mains lors de septièmes et dernières parties de la finale de la coupe Stanley; en 2008 aux mains des Red Wings de Detroit alors qu’il défendait les couleurs des Penguins de Pittsburgh et l’année suivante alors qu’il avait joint les rangs des Red Wings et qu’il a perdu la coupe qui s’est retrouvée entre les mains de Sidney Crosby et de ses anciens coéquipiers des Penguins. Un revirement de situation qui avait incité Maxime Talbot à lancer à Hossa lors du traditionnel échange de poignées de main après le dernier match : « tu as choisi le mauvais club! »
Jonathan Toews qui parlait fièrement et avec plaisir de son vétéran coéquipier dont il s’inspire pour réussir dans la LNH – et on peut dire que la recette donne d’excellents résultats pour le capitaine des Hawks – était heureux de voir que la quête d’un 500e but attirait l’attention sur Hossa.
« Je considère depuis des années et je considère toujours que Marian ne profite pas d’une juste évaluation de son talent, de ses qualités, du joueur qu’il est. Marian n’est pas assez apprécié des amateurs et des journalistes alors qu’il est toujours à 38 ans – il aura 38 ans en janvier prochain – un joueur très important au sein de notre équipe. Un joueur reconnu partout dans la LNH. Des gars comme Ducan (Keith), Patrick (Kane) et moi obtenons beaucoup d’attention de la part des médias au détriment d’un gars comme Marian qui a pourtant une valeur inestimable à mes yeux et aux yeux de tous mes coéquipiers », m’expliquait Jonathan Toews.
Si près de Montréal… et si loin
Marian Hossa est passé près de Montréal à deux reprises. Très près même. Tout le monde a gardé en mémoire la transaction que le Canadien et les Thrashers d’Atlanta concoctaient le 28 février 2008. Quelques minutes seulement avant que le couperet ne tombe sur la période des transactions, le Canadien croyait bien avoir mis la main sur Hossa qui aurait pu simplement passer du vestiaire des Thrashers – les visiteurs ce jour-là au Centre Bell – à celui du Canadien pour disputer le match prévu quelques heures plus tard.
L’offre du Canadien était intéressante. Mais Don Waddel, alors directeur général des défunts Thrashers d’Atlanta, a préféré celle de Ray Shero qui était alors d.-g. des Penguins.
Au lieu de changer de passer du vestiaire des Thrashers à celui du Tricolore, Hossa s’est retrouvé dans celui des Penguins qui venaient d’accepter de donner Pascal Dupuis, Erik Christenssen, Colby Armstrong, Angelo Esposito et un futur premier choix – les Thrashers ont repêché Daulton Leveille qui n’ont seulement n’a jamais atteint la LNH mais s’est contenté d’une carrière de 24 matchs dans la Ligue américaine – pour obtenir ses services.
Le Canadien espérait bien revenir à la charge l’été suivant par le biais du marché des joueurs autonomes, mais ce sont les Red Wings de Detroit qui ont gagné.
L’année suivante, les chances de revoir Hossa à Montréal sont passées de minces à presque nulles lorsqu’il a signé un contrat de 12 ans d’une valeur de 63,3 millions $.
Le Canadien pourrait tenter sa chance à nouveau à la fin du présent contrat en 2020-2021, mais il sera trop tard alors que Hossa sera rendu à 43 ans.
Derrière Jason Ward
Il aurait pourtant été beaucoup plus simple pour le Canadien de mettre la main sur Marian Hossa. Si les dépisteurs du Tricolore avaient eu autant de flair et/ou de connaissances que ceux des Sénateurs d’Ottawa, Montréal aurait tout simplement repêché ce joueur promis à une aussi brillante carrière.
En 1997, à Pittsburgh, avec la 11e sélection de la première ronde, le Canadien a sélectionné avec grand éclat Jason Ward dont la plus belle qualité à l’époque était qu’il pouvait accorder des entrevues en français compte-tenu de ses origines franco-ontariennes.
Tout de suite après, Marshall Johnston sur le point de s’évanouir autour de la table ceinturée de recruteurs des Sénateurs, a «ordonné» à son patron de l’époque Pierre Gauthier de sauter sur Hossa.
Je me souviens que mon ancien collègue du Journal de Montréal Marc Lachapelle qui connaissait la Ligue canadienne de hockey mieux que tous les directeurs généraux de la LNH réunis – et j’exagère à peine – m’avait apostrophé dans les gradins du jadis Melon Arena pour me lancer : « ton club vient d’en repêcher un vrai bon. »
Il ne s’était pas trompé. De fait, l’ami Marc se trompait rarement. Très rarement!
Les Sénateurs n’ont jamais regretté cette sélection.
En fait oui. Ils ont regretté avoir été contraint à échanger Hossa aux Thrashers en août 2005 après qu’un arbitre eut accordé un contrat de trois ans d’une valeur de 18 millions $ à ce joueur exceptionnel que les Sénateurs ne pouvaient alors plus se payer.
Sur le bord de la faillitte à cette époque, les Sens ont obtenu Dany Heatley en retour de Hossa. Une transaction qui a permis à Ottawa d’éviter le pire, car Heatley a marqué 180 buts et récolté 362 points en 317 matchs dans l’uniforme des Sénateurs.
Mais il n’a jamais pu se hisser à la hauteur de Marian Hossa. Rares sont les joueurs à pouvoir le faire…
Le Canadien a tenté de racheter son erreur au repêchage de 2000 à Calgary en réclamant son petit frère Marcel avec la 16e sélection de la première ronde.
Aujourd’hui directeur-général des Sénateurs d’Ottawa mais à l’époque recruteur en chef du Canadien, Pierre Dorion avait commis un lapsus en annonçant sa sélection en lançant le prénom de Marian au lieu de Marcel.
Une erreur facile à pardonner considérant tout ce que Marian Hossa a fait, et fait encore, dans la LNH alors que le Canadien a appris à ses dépens que son petit frère ne pourrait jamais égaler son aîné. Pas même s’en approcher.
C’est Joe Thornton qui a été sélectionné au tour premier rang de la cuvée de 1997. Avec ses 1346 points, Thornton a donné raison aux recruteurs des Bruins qui ont toutefois vu leurs patrons échanger leur prodige aux Sharks de San Jose.
Patrick Marleau sélectionné tout juste derrière Hossa sera le prochain joueur à atteindre le plateau des 500 buts. Il lui en faut 18.
Mais quand on défile les noms des joueurs qui ont été repêchés entre Patrick Marleau au deuxième rang et Marian Hossa au 12e, le Canadien peut se consoler, car il n’est pas le seul à s’être trompé.
Choix du repêchage 1997 | Joueurs | Équipes |
1 | Joe Thornton | Bruins de Boston |
2 | Patrick Marleau | Sharks de San Jose |
3 | Olli Jokinen | Kings de Los Angeles |
4 | Roberto Luongo | Islanders de New York |
5 | Eric Brewer | Islanders de New York |
6 | Daniel Tkaczuk | Flames de Calgary |
7 | Paul Mara | Lightning de Tampa Bay |
8 | Sergei Samsonov | Bruins de Boston |
9 | Nick Boynton | Capitals de Washington |
10 | Brad Ference | Canucks de Vancouver |
11 | Jason Ward | Canadiens de Montréal |
12 | Marian Hossa | Sénateurs d'Ottawa |
13 | Daniel Cleary | Blackhawks de Chicago |
14 | Michel Riesen | Oilers d'Edmonton |
15 | Matt Zultek | Kings de Los Angeles |
16 | Ty Jones | Blackhawks de Chicago |
17 | Robert Dome | Penguins de Pittsburgh |
18 | Michael Holmqvist | Mighty Ducks d'Anaheim |
19 | Stefan Cherneski | Rangers de New York |
20 | Mike Brown | Panthers de la Floride |
21 | Mika Noronen | Sabres de Buffalo |
22 | Nikos Tselios | Hurricanes de la Caroline |
23 | Scitt Hannan | Sharks de San Jose |
24 | Jean-François Damphousse | Devils du New Jersey |
25 | Brenden Morrow | Stars de Dallas |
26 | Kevin Grimes | Avalanche du Colorado |
Malgré ses 500 buts, ses 593 passes, ses 1093 points récoltés en 1240 matchs, malgré les buts et les passes qui s’ajouteront, malgré ses trois coupes Stanley, son différentiel en carrière de plus 239, Marian Hossa n’a jamais remporté d’honneur individuel.
Il est passé près du trophée Calder terminant au 2e rang derrière Chris Drury – alors avec l’Avalanche du Colorado – dans la course au titre de recrue de l’année en 1999.
Il pourrait certainement être un candidat de premier plan pour le Bill Masterton l’été prochain si les collègues de Chicago décident d’en faire le candidat des Hawks. Vous aurez sans doute deviné qu’il obtiendrait mon vote illico!
Mais peu importe les honneurs individuels et la reconnaissance des amateurs ou des médias, Marian Hossa a toujours obtenu la reconnaissance et l’immense respect de ses coéquipiers et de ses adversaires.
Au fond, il n’y a pas plus beau trophée.
Après la coupe Stanley bien sûr.