Maximiser la protection; dynamiser les prolongations
TORONTO - Bien que satisfaits par les prolongations qui permettent de dénouer l'impasse en moyenne six fois sur dix, la LNH et ses 32 directeurs généraux aimeraient trouver une manière de les dynamiser un brin ou deux.
« Le jeu à trois contre trois ouvre généralement la porte à des poussées enlevantes. L'ennui, et c'était prévisible, c'est qu'avec le temps, les entraîneurs-chefs et les joueurs envoyés habitués à prendre part à ces prolongations ont développé des habitudes qui ralentissent le jeu », a plaidé Jim Nill.
Le directeur général des Stars, comme plusieurs de ses homologues croisés à leur sortie de la salle de réunion mardi midi, faisait référence au surcroît d'attention apporté à la possession de rondelle.
« La prolongation est devenue une quête de possession de rondelle. Les équipes veulent bien sûr marquer, mais elles font tout ce qu'elles peuvent pour éviter de donner la rondelle à l'adversaire. On voit maintenant des joueurs refuser de tirer en direction du but si l'occasion n'est pas optimale. On voit aussi beaucoup de situations où les équipes en possession de rondelle reviennent en zone défensive pour permettre d'envoyer des joueurs reposés avant de relancer leur attaque », a ajouté Colin Campbell, grand responsable des opérations hockey.
Tout ça est bien beau. Mais ces tactiques relevées lors de la réunion d'hier sont totalement légales. Elles témoignent même d'une saine gestion de la rondelle.
Pourquoi alors songer à modifier les règles?
« Parce que nous tenons toujours à améliorer la qualité du spectacle. Nos directeurs généraux prendront le pouls de leurs entraîneurs et de leurs joueurs et ce sujet, comme tous ceux abordés aujourd'hui, sera approfondi lors de la grande réunion – trois jours – en mars prochain », a plaidé Campbell.
La LNH pourrait s'inspirer de la NBA pour dynamiser ses prolongations. Comme on le voit déjà au basket, la LNH pourrait donner un temps limite aux équipes pour décocher un tir en direction du filet adverse. On pourrait aussi interdire un retour en zone défensive, voire en zone neutre, une fois rendue en zone ennemie avec le contrôle de la rondelle.
L'idée d'étirer la prolongation au-delà des cinq minutes déjà accordées n'a pas été abordée mardi a toutefois souligné Colin Campbell.
Protection supplémentaire
En marge de la tragédie qui a coûté la vie à Adam Johnson, il y a deux semaines en Angleterre, la LNH a recommandé à ses directeurs généraux de mousser la popularité du port d'équipement de protection afin de diminuer les risques de graves lacérations au contact de la peau avec une lame de patin.
Atteint à la gorge par un coup de patin, Adam Johnson, un ancien membre de l'organisation des Penguins de Pittsburgh, est décédé des suites d'une hémorragie massive.
« L'équipement est disponible depuis plus de 10 ans déjà », a assuré Rod Pasma, vice-président aux opérations hockey de la LNH.
« Il s'est aussi grandement amélioré en matière de qualité de protection tout en minimisant les désagréments en matière de confort. Ce n'est plus vrai que les pièces sont trop grosses, trop encombrantes, trop chaudes. Nous avons une dizaine de produits approuvés pour la protection des poignets, une douzaine pour la protection des pieds et des chevilles. Pour la nuque, nous travaillons avec huit compagnies différentes et sommes sur le point d'élargir à une douzaine, les pièces de protection pour le cou », a poursuivi Pasma.
Pourquoi ne pas imposer le port de ces pièces d'équipement si elles sont aussi sécuritaires et peu encombrantes que le prétend le responsable de la LNH?
« C'est un dossier délicat. On peut encourager les joueurs, mais il est impossible d'imposer une règle sans l'approbation des joueurs et de leur association », a indiqué Kent Hughes, le directeur général du Canadien.
Les clubs devraient pourtant avoir le droit de protéger les investissements massifs qu'ils multiplient en matière de salaire. Des salaires qu'ils doivent verser – directement ou par le biais de compagnies d'assurance – aux joueurs blessés.
« Peut-être que des compagnies d'assurance forceront la main de tout le monde en indiquant qu'elles refuseront de payer dans l'hypothèse qu'un joueur aurait multiplié ses chances d'être blessé en refusant de se protéger correctement. Je crois toutefois qu'on est loin d'être rendu là », a commenté Jim Nill, le DG des Stars.
Protocoles d'intervention améliorés
Le dépôt d'accusations criminelles d'homicide involontaire à l'endroit de celui qui a atteint Johnson à la gorge pourrait inciter des joueurs et la Ligue à « banaliser » la tragédie en se disant qu'elle n'était pas le fruit d'un accident.
Ce serait une grave erreur.
Car le simple fait qu'un joueur puisse mourir en quelques secondes une fois atteint à la nuque devrait forcer la main en matière de protection.
D'ailleurs, les jeunes qui arrivent dans la LNH et qui portaient déjà des protecteurs au cou, dans les rangs juniors et universitaires, devraient être obligés à maintenir le port de ce type d'équipement une fois dans les rangs professionnels.
Comme on l'a fait avec l'entrée progressive des casques – aujourd'hui obligatoires – et des visières portées par la très grande majorité des joueurs.
Présent ce matin à la réunion des directeurs généraux, le médecin en chef de la LNH, Willem Meeuwisse, a assuré que les équipes médicales des 32 formations étaient parfaitement en mesure d'affronter des cas comme celui qui a coûté la vie à Adam Johnson.
« Ces graves accidents font partie du quotidien des médecins intensivistes à l'emploi de nos équipes. Nous avons amélioré nos procédures cette année en forçant toutes les personnes susceptibles d'affronter pareille situation – thérapeutes athlétiques, ambulanciers présents lors des matchs et membres du personnel médical des équipes – à se rencontrer avant la période d'échauffement afin d'être déjà en mesure de se reconnaître dans l'éventualité d'une intervention. Ça ne peut qu'améliorer les choses », a insisté le docteur Meeuwisse.
Instigateurs à l'index
En raison de la recrudescence de bagarres amorcées à la suite de mises en échec pourtant légales, la LNH mettra les instigateurs à l'index.
Elle le fait déjà un peu alors que des pénalités mineures pour instigateur sont décernées dans 50% des bagarres suivant des mises en échec légales.
Juste 50%?
« C'est déjà une bonne proportion », a assuré Stephen Walkom le responsable des arbitres.
« Il ne faut pas oublier qu'en plus des pénalités d'instigateur, d'autres pour rudesses, bâton élevé ou conduite antisportive peuvent être ajoutées à une pénalité majeure pour bagarre », a ajouté le responsable des arbitres.
Pourquoi ne pas hausser les peines aux instigateurs de bagarres suivant des mises en échec légales? Pourquoi ne pas ajouter une pénalité majeure, une pénalité de 10 minutes pour inconduite ou simplement chasser les fautifs du match?
Cela éviterait que des joueurs qui assènent de solides mises en échec légales cessent de le faire pour éviter d'avoir à jeter les gants ensuite.
Stephen Walkom a évité la question.
Une question qu'il vaudra la peine de soulever à nouveau en mars prochain alors que les directeurs généraux seront réunis pendant trois jours pour approfondir les discussions amorcées mardi à Toronto.