MONTRÉAL – La cuvée 2017 du repêchage de la LNH ne passera pas à l’histoire pour la LHJMQ, mais l’attaquant Antoine Morand constitue tout de même une ressource de qualité qui pourrait briller à maturité.

Morand, un produit du Titan d’Acadie-Bathurst, semble en voie de poursuivre la lignée des joueurs moins imposants qui parviennent à se démarquer dans les rangs professionnels.

À sentir l’excitation dans la voix des dépisteurs lorsqu’on évoque son nom, on comprend que le gaucher parvient à s’illustrer malgré son physique de cinq pieds dix pouces et 178 livres.

Cet intérêt pour Morand s’est confirmé au début juin, à Buffalo, lorsqu’il a rencontré une vingtaine d’équipes dans les cadres des journées d’évaluation de la LNH. Le patineur originaire de Mercier a également profité des évaluations physiques pour ajouter du poids à sa candidature.

Morand s’est démarqué en se classant dans le top-15 pour 3 des 14 tests effectués par la centaine d’espoirs invités à ce rendez-vous incontournable.

Antoine Morand« La grandeur n’est plus un facteur aussi important qu’avant et il compense beaucoup par sa vision du jeu. J’adore son instinct offensif, sa créativité avec la rondelle. Sa grande force, c’est en supériorité numérique quand il joue du côté haut des cercles sur le long de la bande. Il est dominant parce qu’il a une bonne vision et une grande patience avec la rondelle. C’est un joueur qui crée beaucoup de choses offensivement », a vanté un recruteur d’une équipe de l’Association ouest de la LNH.

Un deuxième dépisteur sondé ultérieurement a offert un son de cloche similaire en ajoutant une précision.

« Les petits joueurs ont leur place aujourd’hui dans la LNH, mais ils doivent la prendre. Il faudra qu’il se grossisse et qu’il joue un peu plus à l’intérieur. Il doit s’inspirer d’un joueur comme Zach Parise. Les petits joueurs qui restent en périphérie, peut-être qu’ils ne joueront pas dans la LNH. Il a un super potentiel et une très bonne personnalité », a relevé cet informateur à propos de celui qui pointe au 53e rang sur le classement final de la Centrale de recrutement de la LNH.

Il ne suffisait que de refiler ce commentaire à Mario Pouliot, son entraîneur avec le Titan, pour évacuer cette impression parfois trompeuse avant de déguster un vin.

« Je n’ai aucun problème par rapport à ça, ce n’est pas un jeune qui a peur du trafic. L’important, c’est de lire les bonnes ouvertures et foncer quand c’est le temps. Je n’ai pas d’inquiétude à ce niveau », a assuré Pouliot qui l’a déjà employé à l’aile.

Justement, son entraîneur précisé que son protégé pourrait toujours être déplacé à l’aile ce qui le soulagerait de responsabilités défensives dans le bas de la zone contre des adversaires imposants.

Le principal intéressé n’est pas affecté par les questions sur sa taille. Il était prêt à faire feu pour répondre aux interrogations des équipes à ce sujet.

« Je leur répondais que je suis un joueur très compétitif et passionné. Même si je suis petit, je vais toujours trouver une manière de me démarquer. Éventuellement, je vais jouer dans la LNH, j’en suis certain. Je suis vraiment déterminé à le faire et je travaille très fort à l’extérieur de la patinoire », a exposé Morand quelques minutes après avoir prouvé ses dires en accomplissant le meilleur total (13) pour les pull-ups sur le parterre du Harbor Center où les 31 équipes étaient représentées par un contingent d’observateurs.

Interviewé quelques instants plus tard, Maxime Comtois a plaidé en faveur de son bon ami.

« Je pense que c’est un joueur sous-estimé en vue du repêchage. Oui, tout le monde dit qu’il est petit et qu’il n’a pas la force physique d’un gars de plus six pieds, mais il compense beaucoup avec son caractère et sa combativité. L’équipe qui va le repêcher sera bien contente avec lui », a assuré Comtois.

Steve Hartley, qui a adoré diriger ces deux joueurs à Châteauguay dans le Midget AAA, classe la conviction de Morand très haut sur sa liste.

« Que ce soit une pratique ou un match, il veut gagner toutes les confrontations sur la patinoire. Ce qui m’a le plus marqué chez lui, c’est l’un des jeunes les plus compétitifs que j’ai pu voir. Je ne parierais pas contre lui », a témoigné Hartley.

Un peu de Perreault, Gaudreau et Schwartz en lui

À la suite d’une première saison de 50 points (14 buts et 36 aides) en 48 matchs dans la LHJMQ en 2015-2016, Morand a augmenté sa récolte à 74 points (28 buts et 46 aides) en 67 parties.

Ce rendement laisse croire que tout fonctionnait bien pour Morand. Cependant, le jeune homme a dû surmonter une épreuve de taille quand il a été retranché de la formation canadienne U18 pour le tournoi Ivan Hlinka.

Le Titan a pris soin du jeune homme qui a pu bénéficier des conseils du Dr. David Scott, un réputé psychologue sportif qui œuvre notamment avec les Canadiens.

« Ce n’était pas à la suite d’un manque d’effort. Il s’était mis beaucoup de pression parce qu’il veut faire la différence. Ils ont eu des discussions sur ça et le fait que c’était son année de repêchage. C’est bien qu’on lui dise qu’il doit penser au présent et faire les bonnes choses au quotidien, mais c’est plus facile à dire qu’à faire. Les spécialistes sont formés pour ça, je pense que c’est très bon pour les jeunes d’entendre une autre voix que celle de l’entraîneur ou de l’adjoint », a expliqué Pouliot.

Sérieux dans son parcours, Morand ne s’est pas laissé abattre et il a donné raison à son entraîneur.

« Quand les défis sont là, il répond toujours d’une belle façon », a conclu Pouliot avec un commentaire qui fera plaisir à l’équipe qui lui mettra le grappin dessus.

Pour ceux qui raffolent du jeu des comparaisons, Morand est souvent associé à Mathieu Perreault, un autre produit du Titan qui a amassé 240 parties en 426 matchs LNH jusqu’à maintenant. Flatté par cette allusion, Morand ajoute le nom de Jaden Schwartz qui cumule 212 points en 318 rencontres avec les Blues de St.Louis.

Hartley considère que Perreault détient une touche de marqueur supérieure à Morand qui se démarque plutôt par sa vision du jeu. Hartley voit plus en Morand une partie des aptitudes de Johnny Gaudreau par sa manière de contrôler l’action et repérer ses partenaires.

Perreault a été repêché en sixième ronde (177e au total) en 2006. Patrice Bergeron (2e ronde, 45e en 2003) et Bruno Gervais (6e ronde, 182e en 2003) complètent le trio des joueurs repêchés du Titan d’Acadie-Bathurst qui ont connu de belles carrières dans la LNH.