MONTRÉAL – Les parcours de Marc-André Fleury et Jonathan Marchessault ont été racontés plusieurs fois. Entre le gardien repêché au tout premier rang et le petit attaquant ignoré, il y a l’histoire de Nicolas Roy.  

 

Tricher dans son jeu afin de récolter plus de points ou pour jouer de manière flamboyante, ça n’a jamais été l'approche de Roy. Si ça l’a mené à patienter jusqu’en quatrième ronde du repêchage de 2015, Yanick Jean, qui a été son entraîneur dans la LHJMQ, savait qu’il atteindrait son but.

 

« Il y a plein de clubs qui l’ont laissé passer pendant trois rondes. Mais je n’ai jamais eu aucune inquiétude qu’il allait faire son chemin. Quand tu as de la détermination comme ça, que tu es brillant et que tu es ouvert d’esprit comme lui, tu ne peux pas manquer ton coup », a souligné Jean qui suit avec plaisir son parcours avec les Golden Knights de Las Vegas.

 

Reculons de 15 mois, on vous racontait alors que Roy avait été impliqué dans plus de 30 renvois et rappels avec Vegas. De quoi étourdir bien des espoirs. Le patineur originaire d’Amos a plutôt gardé la tête haute à travers ce tourbillon et, cette année, il récolte les fruits de son travail.

 

« Je vois son année comme la continuité de sa saison précédente. L’an passé, il a fait réaliser à tout le monde qu’il appartenait à la Ligue nationale. Ça lui a donné confiance et je le vois d’ailleurs jouer avec plus de confiance de mois en mois », a exposé Jean, vendredi après-midi.

 

Même un gérant d’estrade pouvait facilement remarquer que Roy parvenait désormais à bien utiliser ses attributs dans la LNH. Ça n’allait pas échapper à un entraîneur d’expérience comme Peter DeBoer. Jean soulève l’exemple du cinquième match contre l’Avalanche qui s’est conclu hâtivement en prolongation.
 

« C'est le fun de voir la confiance que l'entraineur lui témoigne. Avec 50 secondes et un pointage de 2-2, il était sur la glace. Mais je ne suis pas surpris de ça. Il fait tous les détails qui sont appréciés des entraîneurs. C'est aussi quelqu'un qui était ouvert à se faire coacher, c’est vraiment plaisant de le voir connaître du succès », a vanté l’entraîneur.

 

Roy est ainsi devenu un rouage important du club en tant que centre du troisième trio. Dans une équipe de ce calibre, ce n’est pas banal.

 

« Il est capable d'être un joueur utile dans une bonne équipe », a convenu Jean. Du même souffle, il évoque la statistique des mises au jeu. De tous les centres réguliers, avec plus de 100 mises au jeu, Roy (60,8%) n’est devancé que par Casey Cizikas et Nate Thompson.

 

Le dernier match de la série Vegas-Colorado a été suivi de près par les partisans du Tricolore. Roy a bien joué son rôle et il a été au cœur de quelques menaces offensives particulièrement en première période alors qu'il a été complice du but de Nick Holden.

 

« J'ai tout le temps dit que, dans le junior, Nic était plus efficace pour une équipe de hockey à faire 70 points que 90. Ce que je veux dire, c’est qu’il n’a jamais triché pour faire ses points. Beaucoup de joueurs vont tricher pour réussir à les faire. Lui, il avait compris et il ne s’est jamais posé de questions », a expliqué Jean.

 

À sa première saison dans la LHJMQ, Roy a eu quelques bonnes discussions de hockey avec son entraîneur. Le centre droitier voulait savoir l’identité avec laquelle il cadrerait dans la LNH. Une fois que ce portrait a été clair dans sa tête, il s’est investi à forger ce profil.

 

« Souvent, tu vois des gars qui ne font pas ça dans le junior et qui doivent retourner dans la Ligue américaine de hockey pour l’apprendre. À partir de son année de 18 ans, il était vraiment solide dans toutes ces petites choses-là et il l’a aussi démontré avec Équipe Canada Junior. Ce n’est pas le plus flamboyant ou le plus flasheux, mais certainement un des plus efficaces », a témoigné Jean.

 

Cette attention aux détails se manifeste également dans sa personnalité.

 

« Cette semaine, c'était la fête de notre adjointe aux opérations, Diane Girard. Il y a un ancien des Sags qui lui a souhaité bonne fête et c’est lui. Il était dans les séries et il a pris le temps de poser ce geste », a raconté Jean.

 

Dans les prochains jours, le pilote des Sags sera très attentif aux éliminatoires. Après tout, il a dirigé Roy à Chicoutimi ainsi que Phillip Danault et Yanni Gourde à Victoriaville. Il est heureux de voir que les Knights obtiennent du succès avec plusieurs Québécois dans leur formation. D’autant plus, comme il le fait remarquer, que ce sont des Québécois de tous les acabits : Fleury repêché au premier rang, William Carrier en deuxième ronde, Roy en quatrième ronde et Marchessault ignoré au repêchage.

 

« Il y a plusieurs avenues pour y parvenir. Ce sont des athlètes qui ont du caractère, ils n’ont pas lâché. C'est un bel exemple pour nos joueurs », a exprimé Jean en ajoutant le Lightning de Tampa Bay à ce modèle.

 

« Souvent, on doit composer avec des jeunes de 18 ans qui sont découragés de pas avoir été repêché. C'est très encourageant de voir que c’est possible autrement. Ça facilite notre travail », a conclu Jean en parlant de joueurs qui vont, du même coup, inspirer les enfants rivés devant leur écran.