NASHVILLE - P.K. Subban n’a pas changé. Dès qu’il a rejoint ses nouveaux coéquipiers sur la patinoire du Centennial Sportsplex où les Predators s’entraînaient jeudi matin, P.K. s’est mis à virevolter, à sautiller, à virer abruptement à gauche avant de virer plus abruptement encore à droite.

Quelques secondes plus tard, Subban s’est fait offrir une passe savante de Mike Ribeiro dans l’enclave. P.K. a décoché un tir sur réception en déposant son genou droit sur la glace. La rondelle s’est logée dans la lucarne du filet inoccupé et Subban s’est offert une célébration de son cru.

Le genre de célébration qui comblait les partisans du Canadien et plus particulièrement ses propres fans. Des fans qui maudissent encore la transaction qui l’a chassé de Montréal. Des fans comme le lecteur de The Gazette et détenteur de billets de saison depuis toujours qui a dépensé autour de 10 000 $ pour s’offrir une pleine page de publicité afin de remercier son joueur favori et proclamer qu’il ne pouvait plus encourager l’équipe qui l’avait échangé.

« Je ne suis pas au courant de cette publicité », a répondu P.K. Subban lorsqu’on l’a informé du coup de gueule à l’endroit du Canadien, et du coup de cœur à son endroit.

« Il se dira et s’écrira bien des choses au cours de l’année. J’ai encore des tas d’amis à Montréal. Je leur parle tous les jours. Mais je suis un Predator maintenant. Nashville est chez moi. Je suis bien installé et je me sens membre à part entière de cette équipe. Je n’ai pas de réaction sur ce qui se fait ou se dit à Montréal, mais j’aimerais bien que des partisans d’ici achètent ce genre de publicité pour dire qu’ils viennent de faire l’acquisition de billets de saison. Comme joueur, j’ai la responsabilité de faire évoluer mon sport. D’attirer des amateurs dans les gradins. J’ai bien l’intention de faire tout ce que je peux pour y arriver, mais c’est aussi l’objectif de tous les joueurs de la LNH et pas seulement de quelques-uns. »

Pas question de museler Subban

Si les célébrations multipliées par P.K. plaisaient à ses fans et à une grande majorité des fans du Canadien, elles commençaient aussi à tomber sur les nerfs de quelques-uns de ses coéquipiers et membres de l’état-major chez le Canadien. De fait, ce genre de célébration a un brin ou deux contribués à son départ de Montréal.

Directeur général des Predators de Nashville, David Poile ne s’en fait pas le moindrement avec l’effervescence, voire de l’excentricité, de Subban. À la tête des Predators depuis leur arrivée dans la LNH en 1998, David Poile qui est considéré comme un dirigeant conservateur. Malgré tout, il assure n’avoir aucune intention de changer le défenseur vedette. « Nous savons que P.K. est un joueur flamboyant sur la patinoire. Nous savons qu’il l’est tout autant à l’extérieur de la patinoire alors qu’il est peut-être le plus engagé de la Ligue dans toutes sortes d’activités. Mais nous savons aussi qu’il est un excellent joueur de hockey. Un joueur qui va apporter une nouvelle dynamique à notre équipe. Une dynamique qui va nous permettre, c’est ce qu’on souhaite, de passer à un autre niveau d’excellence dans la Ligue », m’a expliqué David Poile ce matin pendant que Subban et ses nouveaux coéquipiers s’entraînaient.

S’il ne veut pas changer P.K. Subban, s’il ne veut pas le museler et encore moins freiner ses élans offensifs, David Poile tient toutefois à ce que son défenseur étoile soit ouvert et transparent avec la direction de l’équipe.

Qu’est-ce qui se cache derrière les mots ouvert et transparent? « C’est une façon pour moi de dire que je veux que P.K. nous aide à gagner et je veux qu’il nous donne la chance de l’aider également. On doit travailler de pair pour faire de P.K. un meilleur joueur qu’il ne l’est déjà et cela fera de notre équipe une meilleure formation », a expliqué M. Poile.

Nouveau visage, nouvelle culture

Convaincu d’avoir fait un bon coup sur le plan hockey, David Poile est aussi convaincu d’avoir réalisé un meilleur coup encore sur l’aspect marketing en obtenant P.K. Subban. « Je n’ai pas réalisé cette transaction en fonction du marketing, mais c’est évident que cet aspect joue en notre faveur également », a souligné David Poile.

« Le Canadien est la franchise la plus couronnée de la LNH. Son logo, son histoire, les grands joueurs qui ont marqué les époques, les coupes Stanley font du Canadien une équipe qui se vend facilement. Nous sommes une équipe jeune dans un marché non traditionnel. On a réalisé des bons coups au fils des ans. L’acquisition de Peter Forsberg a attiré l’attention sur nous. Le fait d’avoir accédé aux séries éliminatoires nous a amené des fans et le Match des étoiles de l’an dernier a été un franc succès. Est-ce que P.K. Subban nous aidera à courtiser de nouveaux amateurs? J’en suis convaincu. À mes yeux, c’est une plus valu dans la transaction », a défilé le DG des Predators amorceront vendredi leur 18e saison dans la LNH. Le Bridgestone Arena sera d’ailleurs rempli à capacité (17 113) alors que tous les billets sont déjà vendus pour le match opposant les Preds à leurs grands rivaux de Chicago.

Objectifs élevés

Avant même la transaction qui a amené P.K. Subban à Nashville, les Predators étaient considérés par plusieurs observateurs comme l’une des forces dans l’Ouest. Une des forces de la LNH. De fait, on leur accorde même des chances de soulever la coupe Stanley pour la première fois de leur histoire.

Une projection qui fait sourire David Poile.

« Je suis très heureux de voir que notre nom est maintenant associé aux noms des équipes susceptibles de gagner la coupe. Il faut être très bons et aussi très chanceux pour se rendre jusqu’au bout dans la LNH d’aujourd’hui. Je ne voudrais pas changer de place avec vous lorsque vient le temps de faire des prédictions en début de saison. C’est rendu très difficile de voir clair en raison de la parité et de tous les facteurs qui viennent contrecarrer les plans au cours d’une saison. Sans embarquer dans le jeu des prédictions, je suis d’accord avec vous. Nous sommes devenus au fil des dernières années une bien meilleure équipe. Nous avons les éléments, les structures et la culture pour viser haut. Mais le plus difficile reste à faire. Car dès demain, il faudra prendre les moyens pour transformer nos objectifs en résultats concrets.

Non seulement les Preds amorcent-ils leur saison contre les Blackhawks, mais ils les croiseront à nouveau dès samedi à Chicago avant de recevoir les Stars de Dallas mardi au Bridgestone Arena.

« Il n’y a rien de tel que des affrontements contre de puissants clubs de ta division pour obtenir l’attention des joueurs. Ils sont tannés des entraînements. Ils sont tannés des réunions. Ils sont tannés de moi. Ils ont hâte que ça commence. Ils seront bien servis avec trois défis comme ceux qui nous attendent. Les Hawks ont perdu leur premier match. Ils ne débarqueront pas chez nous pour nous faire cadeau du match d’ouverture. On devra se battre toute l’année. Aussi bien que ça commence dès demain », a ajouté l’entraîneur-chef Peter Laviolette qui tient lui aussi passer des paroles aux actes.

« Ce que les gens disent sur nous est bien gentil. C’est bien beau. Mais c’est de la façon dont les joueurs réagiront sur la patinoire qui nous fera gagner, pas les bons mots. »

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