Avec un nouvel état-major gravitant autour de Patrick Roy derrière le banc, avec la sensationnelle arrivée de Nathan MacKinnon à Denver, avec un des plus solides noyaux de jeunes joueurs du circuit composé de Gabriel Landeskog, Matt Duchene, Erik Johnsonk, sans oublier le gardien Semyon Varlamov, l’Avalanche du Colorado a pris la LNH par surprise l’an dernier.

Une saison remarquable de 112 points qui les a fait passer du dernier rang dans l’Ouest et 29e du classement général, au deuxième de son association et troisième de la LNH a été assombrie par une sortie rapide en première ronde des séries.

Ce petit nuage venu voiler la saison de l’Avalanche a vite été balayé du ciel de Denver avec les conquêtes des trophées Calder et Jack-Adams que Nathan MacKinnon et Patrick Roy ont récoltés à leur baptême dans la grande Ligue.

Ce n’était pas la première fois de sa carrière que Patrick Roy prenait la LNH par surprise l’an dernier. Que non! Au printemps 1986, âgé de 20 ans seulement, Roy a mené le Canadien à sa 23e conquête de la coupe Stanley. La première de quatre pour le gardien qui l’a soulevée une autre fois à Montréal en 1993 avant de la soulever à deux reprises au Colorado en 1996 et 2001.

À l’aube de sa deuxième saison derrière le banc de l’Avalanche, Patrick Roy sait qu’il lui sera difficile de prendre la LNH et ses adversaires par surprise. Il sait qu’il sera difficile de récolter autant de points que l’an dernier. Qu’il sera difficile de rafler le titre d’entraîneur-chef de l’année pour une deuxième année de suite. En passant, Jacques Demers, alors entraîneur-chef des Red Wings de Detroit est toujours le seul coach de la LNH à avoir soulevé le trophée Jack Adams deux fois de suite (1987-1988) depuis que le trophée a été remis pour la toute première fois à Fred Shero en 1974.

« Il y a plein de coachs qui sont meilleurs que moi et qui n’ont pas gagné le Jack-Adams l’an dernier. Je deviendrai un meilleur entraîneur au fil de ma carrière et je pourrais ne jamais le gagner à nouveau », a souligné Patrick Roy lors de son point de presse matinal au Centre Bell jeudi.

Un point de presse couru, car même si les années passent, Patrick Roy demeure une figure de proue du hockey à Montréal, à Québec où il se réveillera vendredi avec les membres de son équipe et où il offrira une équipe pas mal plus redoutable aux fans de la capitale qu’il l’a fait jeudi aux fans de Montréal, au Québec.

Roy a bien raison. Le trophée Jack-Adams est souvent remis au coach qui a orchestré le plus grand renversement de situation de l’année dans la LNH. Pas nécessairement au meilleur.

Considérant tout ce que l’Avalanche et son coach ont accompli l’an dernier, il sera bien difficile de faire mieux en fait de renversement de situation. Mais l’Avalanche devra faire mieux quand même, ne serait-ce que pour prouver que les succès de l’an dernier ne sont pas uniquement le fruit des surprises attribuables aux arrivées de Roy, de MacKinnon et du fait que personne ou à peu près ne se méfait de l’Avalanche en début de saison.

Et pour faire mieux, l’Avalanche devra non seulement accéder aux séries, mais franchir la première ronde. Ce qui est plus facile à dire, à écrire, qu’à faire.

« La puissance de nos adversaires dans notre association nous oblige à rester humbles face à ce que nous avons accompli l’an dernier. Est-ce qu’on récoltera autant de points que l’an dernier? Peut-être pas. Mais nous conserverons l’identité que nous avons créée. Nous avons été épargnés par les blessures, ce qui nous a aidés, c’est sûr. C’est évident qu’on souhaite l’être encore cette année, mais nous comptons toujours sur un très bon noyau de jeunes attaquants. Nous avons ajouté de l’expérience avec Jarome Iginla et Daniel Brière à l’attaque, avec Brad Stuart à la ligne bleue. Nous avons toujours l’un des meilleurs gardiens de la LNH devant notre filet. Nous amorçons la saison avec l’objectif d’accéder aux séries et de faire meilleure figure que l’an dernier », a expliqué un Patrick Roy avec confiance.

Une confiance qui ne versait toutefois pas vers l’arrogance que les succès multipliés l’an dernier par son équipe auraient pu l’inciter à afficher. Surtout que Roy a toujours affiché une confiance teintée d’arrogance lors de sa carrière de joueur.

Il faut croire que la sagesse le gagne au fil des ans. Ce qui est certainement une bonne nouvelle pour l’Avalanche et leurs partisans qui ont redécouvert leur club l’an dernier avec l’arrivée de Patrick Roy et de Joe Sakic qui ont orchestré la relance de cette franchise l’an dernier.

Patrick a dirigé l’Avalanche vers la victoire (6-1 aux dépens des Ducks d’Anaheim) dès son premier match l’an dernier en route vers une séquence de six gains consécutifs. De 12 victoires en 13 rencontres. De 14 gains lors des 16 premières parties.

Mais plus encore que ce retour vers le chemin de la victoire le 2 octobre contre les puissants Ducks d’Anaheim, c’est le coup d’éclat de Roy qui avait repoussé à deux mains la baie vitrée séparant les deux bancs en direction de son vis-à-vis Bruce Boudreau qui avait fait le plus jaser.

Roy n’aura jamais encore l’occasion de faire bonne première impression. Mais son capitaine Gabriel Landeskog est convaincu que son coach, tout comme son jeune coéquipier Nathan MacKinnon, ne souffrira pas de la guigne de la deuxième année.

« Il faut connaître Patrick pour savoir que ça n’arrivera pas. Il est tellement passionné dans tout ce qu’il fait, il est tellement difficile à satisfaire, en fait il n’est jamais satisfait que ce soit sur la glace ou sur un terrain de golf, qu’il ne laissera pas la chance à la guigne de s’installer », a indiqué Landeskog.

MacKinnon, qui a d’abord connu Roy comme entraîneur adversaire dans la Ligue de hockey junior majeure du Québec, assure que les connaissances de Roy, que ses analyses, ses plans de match sont aussi développés que sa passion pour le hockey.

« C’est la recette de son succès. Sa passion est au plafond à tous les matchs, mais il est tellement intelligent dans sa façon de voir et d’analyser le hockey qu’il sait à la fois bien nous préparer tout en nous motivant », assurait MacKinnon qui évoluera au centre cette saison.

Impossible de dire si l’Avalanche fera mieux que l’an dernier. Mais on peut avancer sans risque de se tromper que Roy ne se contentera pas de ce qu’il a accompli l’an dernier pour prouver qu’il a sa place derrière un banc de la LNH. Il fallait le voir repousser une demande d’entrevue après son point de presse en insistant sur le fait qu’il avait un entrainement à diriger – un matin de simple match préparatoire, contre le Canadien c’est vrai, mais un match préparatoire quand même – pour réaliser tout le sérieux que Roy accorde à son travail, à sa quête de réussite, à sa soif de revoir l’Avalanche tout en haut de la pyramide de la LNH et d’avoir dirigé cette équipe vers les grands honneurs comme entraîneur-chef après l’avoir fait comme gardien.

Pour réaliser que Landeskog avait bien raison lorsqu’il a insisté sur le fait que son coach n’était jamais content. Qu’il n’accepte pas et n’acceptera jamais de demi-mesures. Des qualités bien plus susceptibles de servir de tremplin vers la victoire, que de tremplin vers l’échec. Du moins tant que les joueurs accepteront de se regrouper derrière ce coach et de prendre les moyens pour le satisfaire et non de se regrouper pour orchestrer une rébellion. Pour le laisser tomber. Un scénario qui ne semble pas même envisageable à l’aube de la deuxième saison de Patrick Roy derrière le banc de sa jeune, mais ô combien talentueuse équipe.