Paul Kariya continue de croire que la Ligue nationale de hockey peut en faire davantage pour s'attaquer au problème des commotions cérébrales.

S'exprimant après avoir appris qu'il sera intronisé au Temple de la renommée du hockey lundi, Kariya a déclaré que la LNH avait fait des progrès dans sa gestion des blessures à la tête, mais n'en avait pas fait suffisamment pour exclure les dangereux coups qui ont mené à une fin prématurée de sa carrière de joueur.

« Ça va dans la bonne direction, a affirmé Kariya.

« J'aimerais cependant qu'on en fasse davantage en matière de durée et de sévérité des suspensions. Mais espérons que les choses continuent de s'améliorer. Si les joueurs savent que les suspensions seront plus sévères, j'espère qu'ils décideront (de ne pas donner) ce genre de mises en échec. »

Les dirigeants de la LNH ont modifié le règlement 48.1 relatif aux coups illégaux à la tête, mais ces changements n'ont pas entièrement éliminé les coups à la tête, ni la frustration et la confusion qui règnent quand des sanctions supplémentaires ne sont pas imposées.

Gary Suter, entre autres, a écopé seulement quatre matchs de suspension pour sa mise en échec à l'endroit de Kariya tout juste avant le début des Jeux olympiques de 1998. Kariya n'est pas revenu au jeu lors de cette saison.

« Quand j'étais au niveau pee-wee et que nous avons commencé à jouer avec contacts, les entraîneurs ne vous disaient pas "Lorsque Joey aura le dos tourné, donne-lui un coup de coude à la tête et c'est un jeu légal". À mes yeux, ça ne fait pas partie du jeu. Ça n'a jamais fait partie du jeu, ça ne devrait pas en faire partie et ça mérite des sanctions appropriées, affirme Kariya.

« Ça ne veut pas dire qu'il n'y aura plus de commotions cérébrales parce que chaque fois que vous participez à un sport de contacts, ce risque existe, et les joueurs et les parents devraient savoir que vous courez ce risque dans un sport de contacts. Mais selon mon expérience, ce sont les contacts où on vise la tête et ils sont commis au moment où vous n'avez aucune chance de vous protéger. Ceux-là peuvent vraiment causer beaucoup de dégâts. »

L'ex-hockeyeur originaire de la Colombie-Britannique, qui a amassé 989 points en 989 matchs dans la LNH, est d'avis que la prise de conscience sur les effets « dévastateurs » des commotions cérébrales était plus grande et « que dans dix ans, nous en saurons bien plus sur les commotions cérébrales, et sur les façons de les prévenir, que maintenant ou qu'à l'époque où je jouais ».

Kariya assure ne pas tenir rigueur à la LNH en raison de la façon dont sa carrière s'est terminée. Il se dit plutôt « très reconnaissant » pour les 15 saisons passées avec les Ducks d'Anaheim, l'Avalanche du Colorado, les Predators de Nashville et les Blues de St. Louis. Sa réticence à participer à des activités publiques, que ce soit avec les Ducks (l'équipe avec laquelle il a passé le plus de temps) ou avec la ligue était davantage motivée par le désir de préserver sa vie privée.

Teemu Selanne, un ancien coéquipier qui sera également intronisé au Temple de la renommée, a dit qu'il s'agissait de sa « mission » de ramener Kariya vers le hockey, peu importe le rôle. Mais Kariya se demande de quelle façon ses habiletés pourraient servir et il n'est pas convaincu de vouloir poser ce geste sans une implication pleine et entière.

Kariya dit qu'il continue de regarder le hockey, sur une base régulière, et comme plusieurs, il est intrigué par les jeunes qui s'approchent du sommet de la pyramide.

Par ailleurs, il est en santé et ne garde aucune séquelle liée à ses commotions cérébrales. Il pratique le surf (trois ou quatre fois par semaine en Californie) et la planche à neige dans sa province natale sans le moindre problème.

Néanmoins, il est évident qu'il se demande ce qui aurait pu advenir de sa remarquable carrière sans toutes ces blessures à la tête.

« Je n'ai pas pris ma retraite à mes conditions. J'aurais aimé poursuivre ma carrière, dit-il.

« S'il existait une façon d'agiter une baguette magique et de profiter d'une opportunité de revivre toute ma carrière, les bons et les mauvais côtés, je le ferais sans hésiter. »