NASHVILLE - Sidney Crosby et les Penguins de Pittsburgh ont égalé un record datant de 19 ans en imitant les Red Wings de Detroit qui étaient, jusqu’à dimanche, les derniers à avoir signé deux conquêtes consécutives de la coupe Stanley.

L’extraordinaire capitaine qui est solidement établi au sein des meilleurs joueurs de l’histoire et son exceptionnelle équipe peuvent-ils maintenant rêver à une troisième conquête consécutive? Un exploit inégalé depuis les quatre coupes soulevées par les Islanders de New York au début des années 1980.

Pourquoi pas?

Crosby est au sommet de sa forme. Il est peut-être menacé par Connor McDavid et quelques jeunes loups, mais pour l’instant il est toujours le meilleur joueur de hockey au monde. Et plus encore, un leader sans égal. Ses deux coupes Stanley, sa Coupe du monde et les titres de joueur par excellence associés à ces trois compétitions en témoignent avec éloquence.

Evgeni Malkin a prouvé qu’il méritait et mérite toujours sa place au sein des 100 meilleurs joueurs du centenaire de la LNH.

Phil Kessel restera toujours un marqueur redoutable.

Avec deux bagues de la coupe Stanley malgré son statut officiel de recrue dans la LNH, Matt Murray a démontré à tous ceux qui pouvaient en douter qu’il n’est pas un feu de paille.

L’entrée en scène fracassante de Murray combinée aux impacts immédiats des Bryan Rust, Connor Sheary et Jake Guentzel cette année démontre que les Penguins, comme organisation, sont en mesure de non seulement bien repêcher, mais aussi très bien développer leurs jeunes joueurs de talent.

Qui sera le prochain en lice? Daniel Sprong qui a marqué 32 buts et récolté 59 points en 31 matchs cette année à l’Île du Prince Édouard dans la LHJMQ?

On ne sait pas, mais ce qui est clair, c’est que les Penguins sont encore très bien appuyés sur des vedettes encore dans la fleur de l’âge et que ces vedettes obtiennent du renfort chaque année.

Sans oublier qu’un vétéran encore très utile malgré ses 40 ans en Matt Cullen pourrait encore aider les Penguins l’an prochain s’il décide de repousser encore un peu la retraite. « Je ne sais pas ce qu’il prendra comme décision, mais s’il me dit qu’il veut revenir, je lui garderai une place au sein de notre équipe c’est certain », a indiqué le directeur général Jim Rutherford sur la patinoire du Bridgestone Arena dimanche soir... à moins qu’on était rendu lundi matin!

Des éloges pour Jacques Martin

Les Penguins sont suffisamment bien nantis en attaque et devant les buts pour être considérés comme des prétendants logiques à la coupe Stanley encore l’an prochain.

À la ligne bleue, ça se complique.

ContentId(3.1235190):Jacques Martin : « Notre parcours a été plus difficile cette année » (Penguins)
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Remarquez qu’en dépit l’absence très difficile à combler de Kristopher Letang, la défensive des Penguins a fait le travail du début à la fin des séries éliminatoires. Ce n’a pas toujours été évident. Ça non! Même que par moments, c’était loin d’être beau. Mais sans paniquer, sans perdre confiance, l’entraîneur associé Jacques Martin a su tirer le maximum de ces défenseurs honnêtes au mieux et périlleux au pire.

« Les mots me manquent pour qualifier la qualité du travail que Jacques a accompli avec nos défenseurs et notre désavantage numérique. Je suis allé chercher un gars d’expérience quand je suis allé chercher Jacques pour solidifier mon groupe d’entraîneur. Quand Mike (Sullivan) est venu en relève la saison dernière, Jacques a gardé ses responsabilités et il a contribué à notre première conquête. Cette année, ce sont les blessures qui ont miné notre groupe de défenseurs. On a effectué des transactions pour colmater les brèches, mais Jacques a su maintenir le cap et s’assurer que nos gars jouent à l’intérieur de leurs limites pour aider notre équipe à gagner », a commenté Jim Rutherford.

Directeur du recrutement amateur et ancien d.-g. des Sénateurs d’Ottawa, Randy Sexton célébrait la conquête des Penguins avec ses collègues de travail. Il a lui aussi rendu hommage au travail de Jacques Martin.

« Quand Kristopher Letang a été opéré, on sentait tous les clubs autour de la ligue se frotter les mains en disant : les Penguins ne sont plus dans le coup. Jacques nous a aidés à leur prouver le contraire. C’est phénoménal ce qu’il a fait avec nos défenseurs », a soutenu Sexton.

Après plus de 30 ans dans le hockey, dont 27 saisons dans la LNH, Jacques Martin a patienté jusqu’à l’an dernier pour toucher une première fois à la coupe Stanley. Il l’aurait fait au Colorado, lors de la première conquête de l’Avalanche après le départ des Nordiques de Québec, mais il a quitté Denver pour mettre le cap sur Ottawa où il a lancé les Sénateurs qui végétaient avant son arrivée.

Dimanche, il a célébré sa deuxième conquête consécutive avec ses collègues de travail des Penguins, mais aussi avec son frère, ses deux filles et son petit-fils venus à Nashville pour partager ce grand moment.

« La saison a été difficile. Les séries aussi. Surtout que les blessures ont compliqué notre travail. Mais bien qu’il ne jouisse pas d’une grande réputation, un gars comme Ron Hainsey nous a vraiment aidés et son acquisition à la date limite a été importante pour nous. Nous avons demandé à nos défenseurs de jouer du hockey simple, mais nous avons aussi demandé à nos attaquants de venir leur donner un coup de main en tout temps. Cette grande implication de tout le monde a beaucoup amélioré nos chances de réussite. Et quand nous avions des ennuis, nos gardiens ont fait le travail pour nous sauver. Matt Murray a été très solide dès qu’il a repris sa place devant le filet, mais Marc-André Fleury doit recevoir beaucoup de crédit également », a commenté celui qui a conduit le Canadien en finale de l’Est à titre d’entraîneur-chef en 2010.

Fatigue et blessures

Très heureux du travail de ses défenseurs qui avaient le mandat difficile à relever de palier la perte de Kristopher Letang, Jacques Martin tenait surtout à souligner l’abnégation affichée par tous les membres de l’organisation des Penguins au fil de deux très longues saisons.

« Quand tu y penses, ça fait deux mois que les équipes éliminées des séries sont en congé. On a disputé ce soir, notre 25e match des séries. C’est presque le tiers de la saison régulière. C’est énorme. On a joué presque trois saisons en deux ans. Ajoute à ça la Coupe du monde à laquelle Sidney (Crosby) et plusieurs de nos gars ont pris part et tu te retrouves avec un groupe de gars qui a surmonté la fatigue pour se rendre deux fois à la coupe Stanley. Sans oublier les nombreuses blessures qui handicapaient nos joueurs. C’est vraiment une preuve de leur grande force de caractère et du grand leadership de nos piliers », a insisté Jacques Martin.

Plus encore que la défensive un brin timide des Penguins, une brigade qui sera ragaillardie par le retour en forme et en santé de Kristopher Letang l’an prochain, c’est justement cette fatigue accumulée au fil des deux dernières années qui pourraient miner les chances des Penguins de soulever une troisième coupe Stanley consécutive.

Mais quand on regarde tout ce que l’équipe de Mario Lemieux et de Sidney Crosby a accompli depuis deux ans, il est difficile, voire impossible, de balayer leurs chances d’être les premiers depuis les Islanders de New York (1980, 1981, 1982, 1983) à gagner trois coupes Stanley de suite.