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RÉSULTATS

Pierre Turgeon : à la bonne place, au bon moment

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TORONTO - Bien qu'il n'ait disputé que 104 de ses 1294 parties en carrière dans l'uniforme du Canadien et qu'il n'ait marqué que 50 de ses 515 buts et récolté 127 de ses 1327 points avec le Tricolore, c'est Pierre Turgeon, alors capitaine du CH, qui a «fermé» le Forum le 11 mars 1996 en tenant bien haut le flambeau qui symbolise l'équipe.

 

Cinq jours plus tard, c'est encore lui qui a baptisé le Centre Molson devenu depuis Centre Bell en déposant la flamme du même flambeau au centre de la patinoire.

 

« J'étais à la bonne place au bon moment », que Pierre Turgeon a souligné en parlant, avec une fierté évidente, de ces deux grands moments qui ont marqué l'histoire du Canadien, de la LNH et du hockey tout entier.

 

Deux célébrations qui ont aussi marqué sa brillante carrière.

 

Lundi soir, Pierre Turgeon sera encore à la bonne place alors qu'il fera son entrée au Temple de la renommée du hockey.

 

Après une attente interminable de 13 ans, il est toutefois permis de souligner que le «bon moment» aurait dû arriver il y a bien longtemps.

 

Le principal intéressé calme le jeu et dès qu'il est question de la trop longue attente qu'on lui a imposée pour des raisons aussi obscures qu'injustifiées. Turgeon affirme même, avec un large sourire accroché au visage, qu'il sera encore au bon endroit lundi soir et que oui, ce sera là au bon moment.

 

« J'ai joué au hockey pour gagner ma vie et j'ai fait une très belle vie. Je suis le premier à réaliser la chance que j'ai eue. Il est donc hors de question de me dire que j'aurais pu être intronisé avant », a expliqué Turgeon tout juste après reçu sa bague commémorant son entrée au Temple de la renommée.

 

« Le hockey a toujours été ma passion. J'ai toujours été heureux et vraiment à ma place sur une patinoire. Encore aujourd'hui, dès que mes patins touchent la glace, je me sens comme un petit gars. Cette passion ne partira jamais, parce que le hockey a toujours fait partie et fera toujours partie de ma vie. Tu sais, quand j'ai commencé, je me suis dit que je jouerais peut-être cinq ou six ans. Après ça, je me suis dit que je pourrais peut-être me rendre à 10. J'ai finalement joué 19 saisons dans la Ligue nationale. Je suis comblé depuis longtemps », a plusieurs fois répondu Turgeon après des questions reliées à la longue attente qui a suivi sa retraite en 2007 et le début de sa période d'éligibilité trois ans plus tard.

 

Le nouvel intronisé a toutefois convenu avec lâché un grand soupir de satisfaction lorsque Lanny McDonald lui a confirmé sa nomination l'été dernier par le biais d'un coup de téléphone qu'il n'attendait plus.

 

« Je m'entraînais au gymnase et j'ai réalisé que ça faisait quatre appels provenant de 416 que j'avais manqués. J'ai pris le cinquième et j'ai lancé un long «YES!» quand j'ai entendu la voix de Lanny. Rejoindre les autres grands de l'histoire du hockey demeure un immense privilège. »

 

Succéder à Gilbert Perreault

 

L'expression être à la bonne place au bon moment illustre à merveille la carrière de Pierre Turgeon.

 

Cette qualité de trouver le bon endroit vers lequel se diriger sur la patinoire et le bon moment pour y arriver a permis à Turgeon de multiplier les buts et les points dès sa plus jeune enfance.

 

Ses performances résonnaient tellement fort que leur impact s'est propagé aux quatre coins du Québec. En 1985, les Bisons de Granby ont fait de Turgeon le tout premier choix au repêchage de la LHJMQ.

 

Deux ans plus tard, le petit gars de Rouyn était le tout premier choix du repêchage de la LNH alors que les Sabres de Buffalo lui confiaient, malgré ses 18 ans, les mandats de succéder au grand Gilbert Perreault qui venait de prendre sa retraite, et de retourner en séries éliminatoires après les avoir ratées les deux années précédentes.

 

Rien que ça!

 

Malgré une saison de 40 buts et 106 points, malgré deux autres campagnes de plus de 30 buts et le fait qu'il ait contribué à ramener les Sabres en séries, Pierre Turgeon a été échangé aux Islanders de New York en retour de Pat Lafontaine qui a lui aussi marqué l'histoire des Sabres.

 

À Uniondale, Turgeon a connu sa meilleure saison dans la LNH avec 58 buts et 132 points.

 

« Pierre était un joueur exceptionnel, lance d'emblée le défenseur Éric Desjardins qui a suivi Turgeon de leur Abitibi natale jusqu'à la LNH.

 

« Il avait des mains sensationnelles et un sens du jeu incroyable. Mais sa plus belle qualité à mes yeux était qu'il restait toujours en maraude sur la patinoire. Tu avais beau te dire qu'il était là et qu'il fallait le surveiller étroitement, mais tu ne voyais pas. Tu ne le remarquais pas jusqu'au moment où il sortait de nulle part pour marquer un but ou en offrir un à ses coéquipiers. Il n'était pas surnommé « Sneaky Pete » pour rien », raconte Desjardins croisé plus tôt cette semaine au Centre Bell.

 

« Pierre a toujours été un grand joueur de hockey. C'est pour ça que j'avais accepté de céder un gars aussi important que Kirk Muller — alors capitaine du Canadien — et Mathieu Schneider pour faire son acquisition et celle de Vladimir Malakhov au printemps 1995. Il mérite pleinement sa sélection au Temple de la renommée », que l'ancien directeur général Serge Savard a assuré tout juste avant la cérémonie commémorant le 30e anniversaire de la dernière conquête de la coupe Stanley du Tricolore.

 

Rendez-vous raté avec la coupe Stanley

 

Pierre Turgeon a marqué 515 buts en carrière. Il a récolté un total de 1327 points en 1294 matchs disputés avec les Sabres, les Islanders, le Canadien, les Blues, les Stars et l'Avalanche du Colorado avec qui il a disputé sa dernière saison en 2007 alors que son corps lui lançait régulièrement le message facile à comprendre qu'il était grand temps d'arrêter.

 

Considéré comme l'un des joueurs les plus gentilhommes de sa génération, peut-être même trop gentilhommes par ceux qui contestaient depuis toujours sa candidature au Temple de la renommée, Pierre Turgeon a gagné le trophée Lady Bing en 1993.

 

S'il est vrai que « Sneaky Pete » a très souvent été au bon endroit au bon moment, il n'a jamais été en mesure d'être au même endroit et au même moment que la coupe Stanley.

 

Bon! La coupe scintillait derrière lui, samedi après-midi, dans le Grand Hall du Temple de la renommée où les nouveaux intronisés répondaient aux questions des amateurs des quatre coins de la planète hockey, mais Pierre Turgeon n'a jamais eu l'occasion de la brandir à bout de bras.

 

Ce n'est pas faute d'avoir essayé cela dit.

 

Car en 19 ans de carrière, Pierre Turgeon et ses coéquipiers ont atteint les séries à 15 reprises. Six fois lors de ces 15 présences, les équipes dont Turgeon défendait les couleurs ont perdu face à des adversaires qui ont finalement soulevé la coupe Stanley.

Erreur enfin corrigée

 

Est-ce que ces rendez-vous ratés avec la coupe Stanley ont retardé l'entrée de Pierre Turgeon au Temple de la renommée?

 

Sans doute un peu.

 

Mais comme Marcel Dionne, Gilbert Perreault, Dale Hawerchuk, Jarome Iginla, Mats Sundin, Daniel Alfredsson, les jumeaux Sedin, Roberto Luongo et 15 autres anciens de la LNH l'ont fait avant lui, comme Joe Thornton le fera sans l'ombre d'un lui aussi dans trois dès sa première année d'éligibilité, Pierre Turgeon atteint malgré tout le Temple de la renommée du hockey.

 

Et comme il était aussi le seul retraité parmi les 46 meilleurs marqueurs de l'histoire de la LNH à ne pas avoir sa plaque bien en vue avec celles des autres immortels du hockey, on peut avancer sans risque de se tromper que cette erreur sera enfin corrigée.