MONTRÉAL – En plus du remplacement de John Tortorella, les Blue Jackets de Columbus doivent notamment s’ajuster au départ de Seth Jones et au retrait imprévu de l’adjoint Sylvain Lefebvre. Pour son retour dans la LNH, Pascal Vincent n’arrive pas dans un milieu où la stabilité règne, mais c’est un peu la beauté du métier d’entraîneur. 

Il y a dix ans, Vincent avait effectué son premier saut dans la LNH en tant qu’adjoint chez les Jets de Winnipeg. À son arrivée, il avait été sorti de sa zone de confort puisqu’il ne connaissait personne dans l’organisation. Il a conservé ce poste pendant cinq saisons avant de prendre les rênes du club-école des Jets, le Moose du Manitoba, pendant cinq autres années. 

Le défi se ressemble étrangement à Columbus et c’est rafraîchissant dans ce « petit » monde du sport professionnel où les connexions sont souvent déterminantes. 

« Au final, on est des gens de hockey donc on se rejoint quelque part et ils m’ont accepté comme si ça faisait 10 ans que j’étais ici donc ça va super bien jusqu’à présent », a confié Vincent qui a aimé le plan de succession à Tortorella élaboré par son nouveau patron, Brad Larsen. 

« On a des parcours un peu différents dans le sens que les entraîneurs à Columbus sont tous des anciens joueurs. Ils ont une expérience différente de ce qu’on vivait à Winnipeg avec Paul (Maurice) », a-t-il spécifié. 

Ce nouveau chapitre devait cependant s’écrire avec Lefebvre pour diriger les défenseurs. Aux yeux de Vincent, il n’y avait qu’une façon de gérer cette situation délicate. 

« Dans le respect. C’est vraiment tout ce qu’on pouvait faire. J’étais très excité de travailler avec Sylvain. Il a beaucoup d’expérience, près de 1000 matchs dans la Ligue nationale et il a travaillé avec quelques organisations. Ses connaissances sur comment développer des défenseurs sont exceptionnelles et c’est une bonne personne. C’est une situation qui n’est pas en lien avec le hockey, c’est une décision personnelle. La seule chose qu’on pouvait faire c’est d’être là pour Sylvain et respecter sa décision », a commenté Vincent. 

Maintenant que ce dossier a été réglé, l’entraîneur québécois s’attarde à s’habituer aux patins de l’adjoint. 

« J’ai dit à Brad que je devais réapprendre à être adjoint, c’est une partie du métier que je connais un peu moins. Est-ce que ça va me prendre du temps ? Peut-être, mais ç’a été relativement facile jusqu’à présent puisque je me sens très impliqué dans les décisions et dans le système qu’on a modifié quelque peu. Je lui ai aussi mentionné qu’il aurait toujours l’heure juste avec moi. Il prendra la décision finale, mais il est capable d’écouter », a souligné Vincent qui a surtout dirigé ses équipes en plus de 25 ans de carrière. 

Son bagage d’entraîneur-chef l’aidera d’ailleurs à s’inspirer de ce qu’il aimait particulièrement de ses adjoints. 

L’un des objectifs sera de maximiser l’impact du changement de dynamique par rapport à l’ère de Tortorella. Vincent assure que Tortorella était apprécié des joueurs et que son image médiatique détonne avec la réalité. 

« On n’est pas John Tortorella non plus donc on va être authentiques à notre personnalité et on va procurer à l’équipe ce qui nous représente. Évidemment, les joueurs connaissent Brad, il fait partie de l’organisation depuis 11 ans et il a une connaissance approfondie des joueurs. Il y a une chimie qui est plaisante à voir. C’est sûr qu’il y a un changement de garde et ça mène à des situations qui sont un peu différentes, mais je n’y vois aucun inconvénient », a indiqué Vincent. 

À Laine d'en tirer avantage

Insatisfait de l’absence de liberté offensive sous Tortorella, l’attaquant Patrick Laine devra démontrer qu’il peut se reprendre à la suite d’une saison plus que décevante (12 buts en 46 matchs). Laine espère pouvoir exploiter davantage ses forces, mais l’implication défensive sera encore primordiale dans le nouveau système. 

« Chaque joueur évolue à sa façon. L’an passé, avant la transaction, j’étais à Winnipeg et il avait eu son meilleur camp d’entraînement. Sa préparation estivale avait été extraordinaire et personne ne parle de comment il a amélioré son jeu défensif. Tu vas me dire qu’il est payé pour créer des buts et je suis 100% d’accord. Par contre, on veut développer des aspects de son match dans lesquels il était moins bon. Depuis deux ans, il a travaillé sur son repli défensif et ses décisions défensives. Présentement, il connaît un très bon camp pas uniquement parce qu’il marque des buts, mais parce qu’il est impliqué dans tous les aspects du jeu et sa condition physique est meilleure que jamais », a témoigné Vincent. 

L’état-major des Jackets souhaite que le retour de Jakub Voracek, qui devrait être l’autre ailier du premier trio, lui fasse le plus grand bien. 

« Ils ont déjà une certaine chimie ensemble. Patrik n’a pas juste le potentiel d’être un bon joueur, mais celui de devenir une superstar dans la LNH. Je pense que ça va se faire. Ça fait plusieurs années que je le connais et c’est quelqu’un de fier. L’an passé, il n’était pas content de lui-même et de la situation. Il avait eu un bon camp avec Winnipeg, il avait compté deux buts à son premier match et il s’est blessé ensuite. Il est un peu fâché de la dernière saison et il s’est entraîné en conséquence », a précisé l’adjoint. 

Même si ça cliquait entre Laine et Voracek, la formation des Blue Jackets doit résoudre quelques point d’interrogation à commencer par identifier le centre pour patrouiller le premier trio et le partenaire pour combler la perte de Jones à droite de Zach Werenski. 

Vincent n’a pas sorti de clichés par rapport aux prévisions envers sa nouvelle troupe qui devra se démener dans la puissante division Métropolitaine. 

« On ne sait pas comment l’équipe va évoluer, on est tellement jeunes. Ce qu’on aime, c’est notre rapidité, mais on ignore comment certains joueurs vont s’adapter à la LNH. Jusqu’à présent, notre groupe d’attaquants produit offensivement. Du côté de la défense, c’est sûr que tu ne remplaces pas facilement un joueur comme Jones », a admis Vincent. 

Fier du geste de Carey Price

La nouvelle au sujet de Carey Price a fait le tour de la LNH en l’espace de quelques minutes. Vincent n’avait que du positif à soulever par rapport à la décision du gardien qui est exposé à une grande pression à Montréal. 

« Il y a toujours de la pression et c’est sûr que certains marchés sont plus exigeants que d’autres. Je ne connais pas Carey personnellement, mais je suis fier de lui. En allant chercher de l’aide par lui-même, ça me démontre que c’est une grande personne et ça deviendra un bon exemple. Il aborde la situation comme un adulte. Je ne peux que lui lever mon chapeau et lui dire bravo. S’il a des difficultés, c’est la première étape pour vivre de plus beaux jours. Je suis convaincu qu’il reçoit le support de son équipe et de ses coéquipiers. Il vit du hockey mais, c’est une personne et un père de famille avant tout. Il est allé chercher de l’aide pour son bien personnel, son avenir et sa santé mentale, c’est un geste qui va bien au-delà du hockey », a réagi Vincent.