Quand l’Avalanche pousse le Lightning sur les talons
Coupe Stanley jeudi, 16 juin 2022. 09:51 mardi, 19 nov. 2024. 22:44DENVER - Rouillé l’Avalanche après une pause de huit jours entre son couronnement à titre de champion de l’Association ouest et le début de la grande finale?
Pas du tout!
Intimidé l’Avalanche face au Lightning qui tente de soulever la coupe Stanley pour une troisième année de suite?
Encore moins!
Bon : le fait que l’Avalanche ait eu besoin d’un but d’Andre Burakovsky en prolongation pour l’emporter 4-3 et prendre les devants 1-0 dans la finale indique que le match a été serré. Mais s’il l’a été à l’égard du score final, il l’a été beaucoup moins en matière de domination du jeu.
« La bonne équipe a gagné », a d’ailleurs candidement reconnu Jon Cooper après la défaite de son équipe.
Surfant sur une sensationnelle avalanche d’encouragements de leurs partisans qui attendent depuis 21 ans le retour de la coupe Stanley à Denver, Nathan MacKinnon et ses coéquipiers ont pris le plein contrôle de la patinoire du Ball Arena dès la mise en jeu initiale.
Plus rapides sur patins que le Lightning, beaucoup plus rapides en fait, plus rapides, plus précis et surtout plus efficaces que leurs adversaires dans leurs sorties de zone, la multiplication des passes complétées et l’orchestration de ses jeux en zone offensive, les joueurs de l’Avalanche ou poussé ceux du Lightning sur les talons.
Du haut de la galerie de presse et sans doute encore plus au niveau de la patinoire, il était surprenant de voir les prétendants au titre aussi agressifs et ceux qui tentaient de le garder être autant sur la défensive.
Le contrôle de l’Avalanche en début de rencontre s’est aussi imposé en désavantage numérique alors que le Lightning a été incapable de profiter de la première attaque massive de la finale pour marquer un but qui aurait permis d’apaiser la tempête… ou à tout le moins de la calmer un brin ou deux.
Plus surprenant encore, Andreï Vasilevskiy s’est montré généreux. Au lieu de réaliser le genre d’arrêt qu’il multiplie normalement en cours de rencontre pour racheter les rares erreurs de ses coéquipiers et miner la confiance de ses adversaires, Vasilevskiy a concédé des buts sur les cinquième et septième tirs de l’Avalanche.
Et on ne parle pas ici de tirs de grande qualité.
Gabriel Landeskog a poussé une rondelle qui a traversé Vasilevskiy après un tir de Mikko Rantanen et Valeri Nuchushkin a fait mal paraître plus encore le meilleur gardien au monde avec un tir qui aurait normalement dû être stoppé.
Ces arrêts qui ne sont pas venus ont mis encore plus en évidence la domination de l’Avalanche dans toutes les facettes du jeu.
Après 10 minutes de jeu, avec l’Avalanche en avant 2-0.
Après la première période, l’Avalanche menait 3-1 après qu’Artturi Lehkonen, envoyé sur la patinoire alors que son équipe profitait d’une attaque massive à cinq contre trois, eut marqué son septième but des séries.
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En passant, c’était la première fois en 99 matchs de séries éliminatoires qu’Andreï Vasilevskiy accordait trois buts au cours d’une première période.
Au cours du premier entracte, la question n’était plus de savoir si l’Avalanche allait gagner le match, mais par combien de buts il allait l’emporter.
La domination de l’Avalanche était telle qu’il était même permis de se demander, au moins discrètement, si la finale serait aussi longue et serrée que tous l’anticipaient.
Les 40 dernières minutes ont démontré qu’il serait prudent de ne pas couronner de nouveaux champions trop vite.
Pourquoi?
Parce que le Andreï Vasilevskiy très et trop généreux au premier tiers avec les trois buts accordés sur les 15 tirs affrontés, a été remplacé par le vrai Andreï Vasilevskiy en début de deuxième.
Et ce vrai Andreï Vasilevskiy a compliqué de beaucoup le travail de l’Avalanche.
Les joueurs du Lightning n’ont pas été beaucoup meilleurs au cours des 40 dernières minutes et au cours des 83 petites secondes qu’a duré la prolongation. Car l’Avalanche a maintenu sa domination.
Bon! Nikita Kucherov a fait un tour de magie pour préparer le deuxième but du Lightning en milieu de période médiane. Mais le but qui a permis à Mikhail Sergachev de niveler les chances 48 secondes plus tard et celui de Nicholas Paul en première qui a permis au Lightning d’éviter de retraiter au vestiaire avec un recul de trois buts ont été le fruit d’un mélange de chance pour Tampa et de malchance pour le Colorado.
Mais Vasilevskiy lui s’est imposé après un premier tiers difficile. Il a non seulement bloqué les 22 tirs affrontés lors des 40 dernières minutes de temps réglementaire – il a cédé sur le premier tir en prolongation, mais ne peut en rien être blâmé pour le but de la victoire – mais il a pris le plein contrôle de son filet. En plus des arrêts effectués, il a volé des rondelles aux joueurs de l’Avalanche en utilisant son bâton avec plus d’efficacité que tous ses défenseurs réunis.
C’était rassurant à voir pour les partisans du Lightning.
Du coup, c’était un brin inquiétant pour ceux de l’Avalanche. Car à l’autre bout de la patinoire, Darcy Kuemper est loin, très loin même, d’avoir suscité le même genre de confiance devant son but.
L’Avalanche n’a pas gagné grâce à son gardien, mais en dépit de son gardien qui a accordé trois buts sur 23 tirs. Et sur les 20 arrêts effectués, je ne suis pas convaincu que Kuemper ait eu à réaliser deux arrêts difficiles tant le Lightning a été timide offensivement et/ou intimidé par la vitesse de l’Avalanche.
Regroupés au sein du premier trio en début de rencontre par Jared Bednar, Nathan MacKinnon (5 tirs cadrés sur 13 décochés), Valeri Nichushkin (6 tirs cadrés sur 11 décochés) et Gabriel Landeskog (2 tirs cadrés sur 3 décochés) ont obtenu 13 des 38 tirs de l’Avalanche. Ils ont décoché 27 des 69 tirs tentés par leur équipe.
Limité à une passe lors du premier match, MacKinnon a malgré tout multiplié les poussées vers le filet du Lightning. N’eût été d’arrêts très solides de Vasilevskiy à ses dépens, il aurait sans l’ombre d’un doute marqué un, peut-être deux buts.
De fait, n’eût été le brio du gardien du Lightning lors des 40 dernières minutes de jeu, jamais, au grand jamais, ce match ne se serait décidé en prolongation. Le Lightning aurait même été déclassé tout autant au niveau du score final qu’il ne l’a été dans toutes les facettes du jeu.
D’où la sage décision des Dieux du hockey de récompenser comme il se devait la meilleure équipe lors du premier match et de permettre à l’Avalanche de l’emporter.
« On savait que cette équipe était rapide. On s’avait qu’elle sortirait avec énergie et qu’elle prendrait notre territoire d’assaut. C’est une équipe qui a beaucoup de talent, un club qui est très bien dirigé par Jared (Bednar) qui sait obtenir le maximum de son équipe », a plaidé Jon Cooper.
L’entraîneur-chef du Lightning s’est ensuite montré très prudent dans ses commentaires afin de ne pas froisser ses adversaires ou encore moins leur offrir une source de motivation en vue du deuxième match qui sera disputé samedi. Mais Cooper avait quand même raison d’indiquer : « en dépit de tout ce qu’ils ont fait de bien, nous n’avons pas offert le genre d’opposition que nous sommes en mesure d’offrir. Et malgré tout, nous avons trouvé le moyen de pousser la partie en prolongation. C’est un aspect positif qu’on doit retenir de la première partie. Mais il faudra être bien meilleur samedi. »
Le Lightning se retrouve en terrain connu avec ce recul de 0-1 en début de grande finale.
Les Maple Leafs ont blanchi le Lightning 5-0 lors du premier match de la série opposant les deux clubs en première ronde.
Les Rangers ont déclassé les « Bolts » 6-2 lors du premier match de la finale de l’Est. Ils avaient aussi gagné la deuxième partie 3-2, infligeant au Lightning un deuxième revers consécutif pour la première fois en 11 séries éliminatoires.
« Nous avons très mal amorcé le match de ce soir et n’avons pas joué du hockey de qualité », a lancé un Steven Stamkos visiblement déçu après la défaite de mercredi.
Mais le capitaine n’était pas assommé. Du moins, il ne le semblait pas.
« On a démontré plusieurs fois depuis le début des séries à quel point nous sommes en mesure d’apporter des ajustements nécessaires après des défaites. Il faudra le faire encore une fois et surtout amorcer les prochaines parties bien mieux que nous l’avons fait ce soir», a plaidé Stamkos qui a été blanchi de la feuille de pointage mercredi malgré ses trois tirs au but.
De retour au jeu après une absence de 11 rencontres – il a été blessé en début de match # 7 en première ronde contre Toronto – Brayden Point a été plutôt discret.
« Il fait quand même de nous une meilleure équipe et après une si longue absence il est normal d’avoir besoin d’un peu de temps pour retrouver son rythme. Surtout avec le niveau de hockey disputé en séries », a plaidé Jon Cooper.
Il serait intéressant de voir l’allure que prendra le deuxième match. Mais peu importe que l’Avalanche ne prenne le contrôle de la série 2-0 ou que le Lightning nivelle les chances après deux parties, tout ce que les amateurs de hockey peuvent souhaiter c’est que toutes les rencontres de cette finale soient aussi enlevantes que la première disputée mercredi et que les deux clubs en disputent le plus possible.