Sommaire du 3e match

MONTRÉAL - Tu sais que les choses vont vraiment bien pour une équipe et qu’inversement elles vont vraiment mal pour ses adversaires lorsqu’un joueur pique du nez en sautant sur la patinoire et qu’il marque malgré tout quelques secondes plus tard.

 

C’est ce qui est arrivé sur le but de Brayden Point.

 

Si vous n’avez pas vu le jeu, l’as marqueur du Lightning s’est barré les pieds dans le haut de la bande en quittant le banc. Aussitôt sur ses patins, il a filé en zone des Stars. Repéré dans l’enclave par Nikita Kucherov, Point a déjoué Anton Khudobin d’un puissant et précis tir sur réception.

 

Le genre de tir vif qui lui a permis d’enfiler quelques-uns de ses 11 buts depuis le début des séries.

 

Ce but a fait mal aux Stars. Non! Il a fait très mal. Déjà dans le pétrin jusqu’au cou, déjà dominés dans tous les aspects du jeu ou à peu près, les Stars ont baissé les bras une fois le score 4-1 en route vers une victoire de 5-2 qui propulse le Lightning en avant 2-1 dans la grande finale. Une finale dont ils ont pris le contrôle. Un contrôle que je serais bien surpris de les voir échapper.

 

Oui! Les Stars forment une bien meilleure équipe que celle qui s’est fait planter dans le troisième match. Mais à regarder les meilleurs joueurs des Stars aller, à les voir cafouiller avec la rondelle, perdre des batailles le long des bandes et en zone ennemie, à les voir écoper des pénalités aussi inutiles que coûteuses, ce qui saute aux yeux, c’est que les meilleurs des Stars, je parle ici principalement de Jamie Benn, de Tyler Seguin, d’Alex Radulov sont simplement incapables de rivaliser avec les meilleurs du Lightning.

 

Pis encore, ils semblent incapables de se sortir des griffes des joueurs de soutien que Tampa leur envoie dans les pattes chaque fois qu’ils sautent sur la patinoire.

 

« On leur donne beaucoup de temps de glace, c’est à eux de trouver une façon d’en profiter », que l’entraîneur-chef Rick Bowness a lancé en guise de commentaire après la défaite de mercredi. Un commentaire qui met toute la pression sur les principaux intéressés.

 

Ce n’est pas la mauvaise performance des Stars qui a mené au résultat du troisième match de la finale, c’est la grande performance du Lightning.

 

La nuance est importante.

 

Nikita Kucherov a ouvert la marque sur une échappée que les Stars ont eu la bien vilaine idée de lui accorder. C’était son septième but des séries. Il a aussi récolté sa 23e passe. Ses 30 points lui confèrent une récolte moyenne de 1,36 point par match. Ah oui! Il affiche aussi un différentiel de plus 15.

 

Brayden Point a pris la tête des francs-tireurs de la Ligue depuis le début des séries avec son 11e but. Il affiche aussi 28 points. Bon! C’est deux de moins que son compagnon de trio, mais Point a disputé deux matchs de moins ce qui lui donne une moyenne de 1,40 point par match.

 

Dans l’ombre de ses partenaires de jeu, Ondrej Palat a quand même atteint le plateau des 10 buts mercredi soir. Ce n’est pas rien.

 

Victor Hedman? Le géant défenseur a joué à la hauteur de son talent : il a marqué un but, son 10e, un sommet chez les défenseurs du circuit depuis le début des séries, ajouté deux passes et contrôlé le jeu chaque fois qu’il était sur la patinoire… ou presque. Hedman affiche un différentiel sensationnel de plus 17. Un différentiel qui prend plus de valeur encore lorsqu’on considère qu’il a récolté huit de ses 20 points lors d’attaques massives et que les buts obtenus en supériorités numériques ne moussent pas cette statistique.

 

L’effet Stamkos

 

Ah oui!

 

Comment oublier Steven Stamkos? Stamkos qui a marqué à son premier match depuis le 25 février dernier, sur son tout premier tir décoché lors de sa troisième présence.

 

Un tir à la Steven Stamkos.

 

Bon! Anton Khudobin qui avait été abandonné, mercredi soir, par la magie qui le porte depuis le début des séries a offert de l’espace à la droite de son épaule alors que Stamkos filait devant lui. Déjà qu’il a l’un des bons tirs de la LNH, le capitaine des Bolts l’a aiguisé au cours des quelque 60 jours qu’il a passés loin de l’action, la vraie, dans les bulles de Toronto et d’Edmonton. Peut-être que ses jambes étaient un brin rouillées, et qu’elles le sont encore. Mais la qualité du tir était là. « Toute » là!

 

Stamkos a effectué deux autres présences en première période. Il n’a pas joué ensuite.

 

Le capitaine a pris place au banc des joueurs. Il a célébré les buts de ses coéquipiers. Il les a encouragés. Il a assumé une forme de leadership.

 

Quels rôles le but de Stamkos et sa présence au banc ont joué dans la victoire? A-t-il vraiment survolté une équipe qui est déjà chargée à bloc?

 

Ses coéquipiers assurent que oui. Son coach Jon Cooper aussi. Je vais donc les croire sur parole. Surtout qu’ils sont les témoins privilégiés des efforts multipliés par Stamkos pour surmonter la blessure qui le gardait sur la touche depuis le 25 février.

 

Qu’arrivera-t-il au Lightning si Stamkos ne peut pas jouer vendredi? S’il ne peut plus jouer d’ici la fin de la finale?

 

Ce ne sera pas la fin du monde.

 

Car à mes yeux, le Lightning n’a pas besoin de Steven Stamkos pour battre les Stars et soulever la coupe Stanley.

 

Oui il offre une arme offensive redoutable comme il l’a démontré sur son but qui a donné les devants 2-0 aux Bolts en début de match mercredi. Oui sa présence peut mousser l’enthousiasme de ses coéquipiers.

 

Mais aussi grande soit la qualité de son tir, aussi grand soit son leadership, le Lightning a les ressources nécessaires pour se passer de son capitaine.

 

Des Stars éteints

 

De fait, ce n’est pas tant la présence ou l’absence de Stamkos qui dictera le tempo du prochain match. Qui déterminera si la grande finale sera finalement plus expéditive que plusieurs l’entrevoyaient.

 

Ce sont les Stars qui ont les réponses à ses questions.

 

Complètement éteints sur la glace mercredi, les Stars devront trouver une façon de rivaliser avec le Lightning s’ils veulent tout au moins revenir dans la finale. Et je ne parle pas encore ici de la gagner.

 

Les meilleurs des Stars devront trouver une façon de rivaliser avec les meilleurs du Lightning.

 

Ce qui est vrai pour les Benn, Seguin et Radulov à l’attaque l’est tout autant pour les Miro Heiskanen et John Klingberg à la ligne bleue. Malgré tout leur talent, Heiskanen et Klingberg n’arrivent pas à offrir des performances comparables à celle de Victor Hedman.

 

Cette réalité colle aussi aux jambières d’Anton Khudobin.

 

Il est difficile de reprocher quoi que ce soit à ce gardien auxiliaire qui s’est hissé au rang de super étoile depuis le début des séries.

 

Khudobin n’est pas responsable de la défaite. Ça non. Victime de cinq buts sur 29 tirs mercredi, il avait toutefois retrouvé ses allures de gardien auxiliaire. Déplacements douteux, angles mal couverts, confiance visiblement étiolée. Rien pour aider ses coéquipiers.

 

Rick Bowness a eu la bonne idée de lui offrir un congé en troisième période. C’est au cours de ce dernier tiers que Khudobin a été le plus utile à son équipe. Et ce n’est pas une insulte. Loin de là. Car lors de cette troisième période, les caméras de Sportsnet l’ont épié alors qu’il encourageait – sermonnait serait peut-être un meilleur mot – Alexander Radulov qui semblait bougonner au bout du banc tant le match allait mal pour lui et son équipe.

 

Khudobin a du gros boulot devant lui. D’ici le prochain match – vendredi – il devra remonter le moral de Radulov et du reste de son équipe. Il devra aussi, et surtout, retrouver ses repères et sa confiance afin de regonfler celle de ses coéquipiers.

 

Il est difficile de demander à Khudobin d’être aussi bon que son vis à vis Andreï Vasilevskiy. Ce serait même injuste de lui demander ça. Mais Khudobin doit trouver une façon de garder son équipe dans le coup lors de la première période vendredi. Ce qu’il n’a pas été en mesure de faire mercredi.

 

Car s’il n’y arrive pas, ce ne sera pas seulement la victoire dans le cadre du quatrième match qui filera entre les mains des Stars, ce sera aussi la coupe Stanley.