Tableau des transactions  Joueurs sur le  marché

Dossiers prioritaires : Centrale | Pacifique | Métropolitaine  

Le RDS.ca se penche aujourd’hui sur les huit formations de la division Atlantique afin d’évaluer les besoins à combler de chacune, et dans le cas échéant, les dossiers à prioriser en vue de la date limite des transactions, qui est lundi prochain, le 21 mars.

1. Bruins de Boston (Fiche de 37-19-5, 4e rang de la division)

Priorité : du renfort à la ligne bleue

Don Sweeney et les Bruins sont en quête du délicat équilibre entre l’idée d’en faire le plus possible pour que Patrice Bergeron ait la chance de soulever une deuxième fois la Coupe Stanley avant son départ éventuel pour la retraite, et celle de préparer la phase après-Bergeron, qui pourrait bien être l’an prochain ou dans deux ans, aussi triste cette perspective puisse sembler aux partisans de l’équipe.

Collectivement, Boston offre du jeu défensif très étanche, et cette tendance à frustrer les meilleurs joueurs adverses ne date pas d’hier. À vrai dire, peu d’équipes réussissent à limiter les occasions de marquer aussi bien que le font les Bruins. Cela ne veut pas dire autant qu’un peu d’aide ne serait pas la bienvenue. Comme l’écrivait avec justesse Fluto Shinzawa de The Athletic le 12 mars, quelques points d’interrogation demeurent. D’une part, Matt Grzelcyk est-il suffisamment en bonne santé pour faire face aux rigueurs des matchs de séries, lui qui a traîné une blessure à peu près toute l’année? D’autre part, Mike Reilly est-il réellement le partenaire idéal pour Charlie McAvoy au sein de la première paire?

Ils n’auraient pas été les seuls à se renseigner auprès des Coyotes, mais Jakob Chychrun aurait été une cible évidente chez les Bruins en tant que défenseur gaucher pouvant contribuer dans toutes les facettes du jeu. Un bémol de taille cependant : seraient-ils disposés à patienter jusqu’à un mois avant de bénéficier de sa contribution, tandis qu’il se remet d’une blessure au bas du corps subie, justement, dans un match au TD Garden samedi dernier.

Une des limites à ce que peuvent accomplir les Bruins d’ici lundi prochain réside dans la qualité de leur bassin d’espoirs qui n’est peut-être pas aussi bien garni que certains des clubs auxquels ils font compétition - ils se classent dans le dernier tiers de la LNH à ce chapitre. Il serait avisé pour Sweeney de ne pas échanger Fabian Lysell, un attaquant possédant un beau potentiel repêché au 21e rang l’été dernier.

Finalement, il faudra porter un regard attentif à la situation de Jake DeBrusk, qui traîne depuis plusieurs mois. À sa cinquième saison dans le circuit Bettman, DeBrusk a l’impression de tourner en rond et ne demande pas mieux qu’à ce qu’on lui offre un nouveau départ dans de nouvelles couleurs. À quoi ressemble le marché à son endroit et cela en vaut-il réellement la peine? L’ancien choix de première ronde a le mérite d’avoir agi tel un vrai professionnel durant ce long processus, ayant même connu ses meilleurs moments de la saison en février et en mars.

2. Sabres de Buffalo (Fiche de 20-33-8, 6e rang de la division)

Priorités : vendre et tirer profit de la grande flexibilité financière

La date limite des échanges dans la LNH est une fois de plus synonyme de nouvelle occasion pour les Sabres de vendre, eux dont la séquence de 11 printemps sans participation aux séries s’étirera encore un peu. Malgré son virage jeunesse bien assumé, l’effectif de Buffalo compte dix joueurs qui pourraient bénéficier de l’autonomie complète en juillet prochain. Au total, seuls cinq membres de l’édition 2021-2022 des Sabres possèdent un contrat valide en vue de la prochaine campagne.

Il est pratiquement assuré que les Sabres trouveront un partenaire de transaction pour Colin Miller, qui écoule sa dernière année à un salaire de 3,875 M$. Miller ne représente le même genre de menace offensive qu’à ses deux saisons passées à Vegas, mais il peut aisément s’imposer comme une option fiable comme cinquième ou sixième défenseur compte tenu de sa polyvalence.

Possiblement moins en demande que Miller, Robert Hagg et Mark Pysyk sont deux arrières pouvant fournir un peu de profondeur supplémentaire à un club acheteur, eux qui disputent leur première saison à Buffalo dans le cadre d’ententes qui viennent à échéance.

Finalement, il est permis de se demander si Craig Anderson a persuadé certains dirigeants qu’il y a encore du carburant dans le réservoir, même s’il aura 41 ans ce printemps. L’Américain a récemment signé sa 300e victoire dans la LNH.

Avec une telle flexibilité vis-à-vis le plafond salarial, le DG Kevyn Adams aura tout le loisir d’offrir ses services de « facilitateur » aux équipes ayant un urgent besoin de se départir d’un mauvais contrat, que ce soit pour une transaction à deux ou à trois équipes. Il a d’ailleurs confirmé lors d’une entrevue diffusée sur MSG le 4 mars dernier qu’il avait l’intention de faire preuve de créativité à cet égard. Bien entendu, Adams sera disposé à dépanner un ou plusieurs de ses homologues seulement, et seulement si le contrat absorbé s’accompagne d’un haut choix ou d’un espoir que ses dépisteurs tiennent en haute estime.

3. Red Wings de Detroit (Fiche de 25-29-7, 5e rang de la division)

Priorité : continuer de préparer le jeune noyau à goûter au succès

La saison dernière à la date butoir, Steve Yzerman en a pris quelques-uns par surprise en réalisant l’échange le plus spectaculaire, envoyant Anthony Mantha aux Capitals afin de mettre la main sur un autre marqueur, Jakub Vrana, ainsi que des choix de première et de deuxième rondes. Il est tôt pour établir un quelconque verdict sur cette transaction, d’autant plus que Vrana a mis cinq mois avant de disputer sa première rencontre à Detroit, mais à tout le moins, on sait que le DG des Red Wings ne craint pas d’y aller de risques calculés.

Certaines des décisions les plus délicates qui attendent Yzerman pourraient survenir au printemps 2023, car c’est à ce moment que le capitaine Dylan Larkin, son partenaire de trio régulier Tyler Bertuzzi et le gardien no 1 Alex Nedeljokovic seront admissibles tous les trois au statut de joueur autonome sans compensation. « Stevie Y » pourrait toujours nous servir une balle courbe, mais on a peu entendu ces noms circuler. 

Frank Seravalli, de Daily Faceoff, rapportait toutefois mardi qu’Yzerman a signifié à ses homologues qu’hormis les jeunes Moritz Seider et Lucas Raymond, deux candidats à être finalistes au trophée Calder, « absolument tout au monde au sein de sa formation est disponible. »

Dans le cas de Larkin, il vient peut-être de cimenter sa place de leader incontesté de l’équipe, après une saison 2020-2021 qui avait laissé plusieurs partisans sur leur appétit.   

À quelques jours de la date limite, les Wings alignent sept joueurs admissibles au statut de joueur autonome sans compensation durant la période estivale. Sans affirmer que chacun d’eux ne figure pas dans les plans pour 2022-2023, il y a certainement quelques patineurs qui ont été offerts aux clubs acheteurs ces dernières semaines, à commencer par le vétéran défenseur Nick Leddy. À 30 ans, le gaucher écoule la dernière année d’un contrat de sept saisons lui rapportant 5,5 M$. 

Évidemment, c’est le genre de pacte qui nécessitera que Yzerman retienne une portion du salaire restant. Son différentiel de moins-31 en 54 matchs fait écarquiller les yeux quelque peu, mais il demeure un défenseur expérimenté, comme en font foi les 121 matchs qu’il totalise en éliminatoires, avec Chicago et les Islanders de New York.

Venant tout juste de disputer son 1000e match dans la LNH, Marc Staal s’est dit prêt à aller porter main-forte à une équipe prétendante au titre, à condition que la destination lui convienne. Staal, qui est âgé de 35 ans, avait goûté à la finale de la Coupe Stanley avec les Rangers, en 2014. 

Toujours en défense, Troy Stetcher a récemment vu son nom être inscrit à la liste des blessés, mais si ce n’est rien de sérieux, il pourrait rapporter un choix de quatrième ou de cinquième ronde à Yzerman.

4. Panthers de la Floride (Fiche de 41-14-6, 1er rang de la division)

Priorité : ne pas se gêner pour tenter le coup de circuit

Est-ce que 2022 sera l’année des Panthers? Pour la première fois depuis qu’ils se sont frayé un chemin jusqu’en finale de façon improbable à leur troisième saison dans la ligue, il y a 26 ans, l’équipe basée à Sunrise pourrait être appelée à représenter l’Est dans la confrontation ultime. Tout résultat différent serait considéré comme un échec monumental, à ce point-ci, même si la compétition s’annonce féroce.

Méthodiquement, le DG Bill Zito a contribué depuis son embauche en septembre 2020 à faire progresser un groupe de joueurs déjà bien nanti en une superpuissance incontestée du circuit Bettman, notamment grâce à quelques transactions ayant rapporté des dividendes immédiats. On n’a qu’à penser aux acquisitions de Sam Bennett, Sam Reinhart et Brandon Montour. Il faut cependant admettre qu’il est fortement avantagé du fait qu’Aleksander Barkov et Jonathan Huberdeau empochent chacun 5,9 M$ par année, un salaire dérisoire pour leur niveau d’habiletés.

De par l’excellence de leur rendement et leur ambition de tout rafler, les Panthers sont idéalement positionnés pour être des acheteurs agressifs d’ici à lundi. Si le Colorado s’est avéré le club que l’on a le plus souvent associé au nom de Claude Giroux depuis la fin février, on a également entendu sans la relâche celui de la Floride pour ce qui en est des formations de l’Est. Et les rumeurs ont repris de plus belle lorsque les Panthers ont libéré une place parmi les 12 attaquants en échangeant Frank Vatrano aux Rangers pour un choix de quatrième ronde. 

Mais avant de penser à faire l’ajout d’un attaquant de premier plan, Zito a jugé bon d’amorcer son magasinage en commençant à la ligne bleue. Ben Chiarot, du Canadien, a été l’élu du DG des Floridiens, et la réaction quasi unanime (particulièrement chez ceux qui donnent un poids aux statistiques avancées) est qu’il y a eu là surpaiement. 

« Ce n’est pas un secret pour personne que nos meilleurs défenseurs accumulent beaucoup de millage en ce moment. Je crois que l’ajout de Ben peut contribuer à diminuer ce nombre de minutes, à mieux l’étaler, en plus d’ajouter de l’énergie à l’ensemble de notre brigade défensive (...) Il est un guerrier. Je crois qu’il peut aider à rallier les troupes avec son esprit de compétition », a analysé Zito dans les heures suivant l’échange.

« Les Panthers n’ont pas encore terminé leurs emplettes », nous assurait Pierre LeBrun dans la foulée de l’échange Chiarot.

À voir maintenant si Zito sera en mesure de se payer un attaquant de la trempe de Giroux maintenant qu’il a greffé un morceau significatif à sa brigade défensive, car cela pourrait demander une gymnastique financière plutôt périlleuse. Chose certaine, il vient de nous prouver qu’il sera prêt à se servir de sa banque de choix et d’espoirs; tout pour se donner un avantage dans l’optique d’une éventuelle confrontation contre Tampa ou la Caroline. Giroux aux côtés d’Aleksander Barkov et Jonathan Huberdeau au sein de la première vague d’avantage numérique? Ouf! 

5. Canadiens de Montréal (Fiche de 16-36-9, 8e rang de la division)

Priorité : se montrer patient si les offres ne sont pas satisfaisantes dans un marché d’acheteurs 

Depuis le mois de janvier que l’on attendait ce dénouement, voilà que Ben Chiarot a finalement été échangé au DG plus offrant, mercredi, alors qu’il a pris la direction de Sunrise pour y rejoindre les Panthers de la Floride, dans le cadre d’une transaction qui pourrait aisément faire mal paraître Bill Zito d’ici au mois de juillet 2023, tant il a consenti à y mettre le paquet pour faire l’acquisition du robuste arrière de 30 ans.

Jusqu’à mardi soir, soit 24 heures avant que Kent Hughes ne décide que sa patience avait des limites devant une telle offre, les Hurricanes, les Blues, les Flames et le Wild figuraient tous encore dans le peloton de tête. Sans rien enlever aux qualités de Chiarot, et surtout à ce qu’il peut amener à un club en séries éliminatoires, ça nous en dit long sur le phénomène de rareté des défenseurs pouvant évoluer à droite (Chiarot est un gaucher à l’aise des deux côtés) lorsqu’un joueur de location de son niveau d’habiletés finit par rapporter un choix de première ronde non-protégé, ainsi qu’un espoir pouvant évoluer sur les deux derniers trios d’ici deux ou trois ans, ainsi qu’un choix de quatrième ronde supplémentaire.

L’attaquant de 20 ans Ty Smilanic cadre parfaitement dans le type de produit que les dirigeants veulent présenter à leurs partisans : l’athlète évoluant à Quinnipiac College est un patineur rapide, agile en plus d’être hyper agressif en échec-avant. À quelques différences près, le gabarit moins imposant étant le plus évident, le profil de Smilinac ressemble drôlement à celui d’Emil Heineman, l’autre espoir obtenu par Hughes depuis son arrivée en poste.

Qu’en est-il de la suite maintenant? L’envoi de Tyler Toffoli aux Flames le 14 février a eu l’effet d’une mini-bombe, tandis qu’aucune cachette n’a été faite dans le dossier Chiarot. Quatre jours nous séparent désormais de la date limite, et Kent Hughes nous a dressé, il y a quelques heures, un peu plus limpide des chances de voir d’autres membres réguliers de la formation être échangés, que ce soit Artturi Lehkonen, Mike Hoffman ou Joel Armia, par exemple. 

Dans ce qui se profile de plus en plus comme un marché d’acheteurs, on retient que Hughes a soutenu plus d’une fois en entrevue qu’il ne décroche pas lui-même le téléphone afin d’offrir Lehkonen aux prétendants au titre. À preuve, Pierre LeBrun mentionnait mardi que le DG montréalais a confié à un de ses homologues que le Finlandais « représente une partie intégrante de la culture d’équipe du Canadien ».

Par ailleurs, Hughes emploie la même stratégie en ce qui a trait à Brett Kulak qu’il ne le fait avec Lehkonen, ce qui est plutôt curieux, étant donné le statut de potentiel joueur autonome du no 77. Les mots « à moins d’une offre impossible à refuser » ont été prononcés durant son point de presse de jeudi, ce qui est tout un vote de confiance envers l’Albertain de 27 ans. L’état-major du CH est-il à ce point impressionné par les progrès réalisés par Kulak depuis que St-Louis est aux commandes du navire? Il semble que oui! 

Dans le cas de Jeff Petry, le discours de Hughes est demeuré sensiblement le même. Ainsi, le CH poursuit ses discussions afin de trouver un nouveau domicile au no 26, puisque c’est sa volonté et que celle-ci n’a pas changé, nonobstant de la bien meilleure mine qu’a l’équipe depuis six semaines. Le DG du Tricolore a cependant une idée bien arrêtée de ce que Petry devrait lui rapporter, et tant qu’un ses homologues n’aura pas acquiescé à faire les concessions requises, le souhait du l’arrière de 34 ans ne sera pas exaucé. Avec les indices que l’on nous fournit, l’entre-saison s’annonce un moment plus propice pour que ce dossier se règle. 

Finalement, une rumeur persistante émanant du Minnesota veut que le Tricolore soit de la course pour faire l’acquisition de l’attaquant de 22 ans Jack McBain. Ce dernier a clairement annoncé son intention de ne pas signer un contrat avec le Wild avant le mois d’août, alors qu’il complète sa dernière saison dans la NCAA. En théorie, cela devrait signifier que Guerin n’est pas en position de force pour négocier, mais les droits de négociation du produit de Boston College seraient en forte demande à travers la ligue.

Darren Dreger mentionnait jeudi qu’un choix de deuxième ronde est exigé pour les services de McBain, mais celui du CH dans le repêchage de 2022 est très bien positionné (dans le pire des cas au 35e rang), ce qui pourrait faire hésiter Hughes malgré l’intérêt qu’il porte envers le jeune joueur de centre.  

6. Sénateurs d’Ottawa (Fiche de 21-34-5, 7e rang de la division)

Priorité : transiger quelques joueurs admissibles à l’autonomie

Avis à ceux qui s’attendraient à ce que Pierre Dorion multiplie les échanges au cours des quatre prochains jours : le principal intéressé nous indique qu’il anticipe que ce sera tout le contraire. Durant un récent point de presse, Dorion a affirmé qu’il croit que cette date limite sera « sa plus tranquille » depuis qu’il exerce ses fonctions de DG des Sens, ayant reçu « le plus petit volume d’appels », toute date butoir confondue.

Peut-être le refrain de Dorion aura-t-il eu le temps de changer au fur et à mesure que ses homologues acheteurs vont ressentir une plus grande urgence d’agir.

Selon Ian Mendes de The Athletic, les deux dossiers qu’il faudra surveiller de près à Ottawa seront les décisions prises en ce qui a trait au gardien Anton Forsberg et à l’attaquant Nick Paul, deux candidats à l’autonomie complète, à 29 et 26 ans respectivement. Mendes suggère que dans un monde idéal, ces deux joueurs obtiendraient des prolongations de contrat plutôt que de tester leur valeur sur le marché. Dans le cas spécifique de Paul, Mendes est d’avis qu’il est « pratiquement impossible » qu’il demeure dans l’entourage de l’équipe après le 21 mars si une entente n’est pas survenue d’ici là.

On peut se permettre d’ajouter que le cas de Connor Brown a de quoi éveiller la curiosité. Le joueur d’avant de 28 ans est un véritable couteau suisse, et affiche en plein le type de profil que recherche un club se voyant prétendre au titre cette année et la suivante, puisque son contrat est valide à un salaire 3,6 M$ jusqu’à la fin de 2022-2023. 

On peut aisément citer l’exemple de ce que le New Jersey avait pu soutenir du Lightning en retour de Blake Coleman il y a deux ans, soit un choix de première ronde et un espoir sélectionné en première ronde l’année précédente, Nolan Foote. En réalité, il faudrait que le prix payé pour Brown soit encore plus élevé, car après tout, les Sens se voient être compétitifs l’an prochain, et ce serait une immense perte à absorber sur l’aile droite.

Forsberg continue de présenter du jeu inspiré et constant devant le filet, tandis que Matt Murray combat une blessure - une autre, lui qui a pris part à 45 des 113 rencontres des Sénateurs depuis qu’il a été obtenu de Pittsburgh avant la saison 2020-2021. Au nombre d’acheteurs à la recherche d’un coup de main entre les poteaux, Forsberg est assurément dans la mire d’une équipe ou deux. Mais s’il faut en croire Dorion, le plan mis en place constitue à miser sur un tandem plus tard dans l’année, ce qui tend à montrer d’une part que la blessure de Murray ne mettra pas fin à sa saison, et d’autre part que Forsberg ne fera pas ses valises d’ici lundi à titre de gardien de location.

Parmi les autres patineurs réguliers de l’équipe qu’il ne faudrait pas s’étonner de voir quitter en retour de choix au repêchage d’ici lundi, mentionnons les attaquants Zach Sanford et Chris Tierney, de même que les défenseurs Josh Brown et Victor Mete. Au sein de ce groupe, les trois premiers se dirigent vers l’autonomie complète, tandis que Mete aura le statut de joueur autonome avec compensation. À voir par contre si la fracture à la main qui coûtera à Thomas Chabot le reste de la saison aura pour effet de forcer Dorion à échanger un défenseur de moins qu’il ne l’aurait espéré.

Finalement, comme une poignée d’équipes vendeuses, les Sens exploreront toutes les avenues possibles en ce qui concerne un rôle de « facilitateur » auprès de formations coincées vis-à-vis le plafond salarial. Dorion a expliqué qu’il irait en ce sens « si ce qu’on nous propose aide à faire de nous une meilleure équipe en vue du mois d’octobre prochain ».

7. Lightning de Tampa Bay (Fiche de 39-15-6, 2e rang de la division)

Priorité : avoir à l’oeil toute opportunité d’être créatif malgré les enjeux financiers

Après qu’il ait glissé tous ses jetons au milieu de la table lors des éditions 2020 et 2021 de la date limite des échanges, y a-t-il la moindre chance que Julien BriseBois puisse nous sortir un autre lapin de son chapeau, lui qui vise à prolonger la dynastie du Lightning? Rappelons qu’il y a deux ans, il faisait l’ajout d’une bonne dose de robustesse avec l’arrivée des attaquants Blake Coleman et Barclay Goodrow, tandis qu’en 2021, il procurait  à son groupe de défenseurs la stabilité offerte par David Savard.

En théorie, BriseBois semble réellement avoir les mains liées par l’absence totale de marge de manœuvre par rapport au plafond salarial. Il a d’ailleurs prévenu les partisans qu’il anticipe n’avoir d’autre choix que de regarder la parade défiler devant lui, ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi car les éléments en place sont amplement suffisants pour y croire à nouveau. 

À la défense, Tampa est aidé par le fait que l’équipe a récemment retrouvé des joueurs qui ont passé beaucoup de temps à l’infirmerie, dont Erik Cernak (27 matchs) et Zach Bogosian (32). Du côté de l’attaque, des vétérans habitués aux rigueurs des séries, en l’occurrence Corey Perry et Pierre-Édouard Bellemare, s’étaient déjà greffés à l’effectif durant l’entre-saison, pour aider à camoufler un tant soit peu les départs de Coleman et Goodrow. Pendant ce temps, Mathieu Joseph, Ross Colton, Taylor Raddysh et Boris Katchouk continuent de gagner leurs galons, de même que la confiance de Jon Cooper.

Si BriseBois identifie un joueur comme étant incontournable afin de donner une meilleure chance à son club de compléter le fameux « three-peat », il faudra que l’équipe vendeuse soit disposée à retenir la totalité du salaire du joueur en question pour accommoder BriseBois, ce qui implique nécessairement un retour plus substantiel qu’à la normale. Et il faut en convenir, ce n’est pas une mince tâche pour une équipe privée de tous ses choix des quatre premières rondes du repêchage de 2022, et disposant d’un des cinq bassins d’espoirs les plus dégarnis de la ligue, de parvenir à bonifier son offre.

8. Maple Leafs de Toronto (Fiche de 39-17-5, 3e rang de la division)

Priorité : de l’aide devant les buts et à la ligne bleue

Dans un marché de hockey où la pression se fait aussi suffocante qu’elle ne l’est dans la Ville reine, Kyle Dubas a énormément de pression sur les épaules de de ne pas gaffer de la même façon qu’il l’avait fait l’an dernier. Dubas s’était montré créatif, notamment en obtenant Riley Nash de Columbus dans le but de l’inscrire à la liste des blessés. Sauf qu’avec l’argent supplémentaire, Dubas avait ensuite versé des choix de première et de troisième rondes pour les services de l’ailier Nick Foligno et du gardien de but David Rittich. Foligno s’était montré d’une discrétion absolue lors de l’élimination en sept rencontres des Leafs par le CH, tandis que Rittich avait été sollicité pour trois départs, tous en saison régulière.

La descente aux enfers du duo de gardiens de but torontois a été bien documentée, menant à une perte de confiance de l'ensemble de l’équipe, surtout quant à l’efficacité de la couverture défensive soir après soir. Avant d'affronter Dallas mardi, les Leafs avaient alloué quatre buts ou plus dans 10 de leurs 12 matchs précédents.

Un candidat notoire à l’obtention du trophée Vézina à la mi-saison, Jack Campbell est tombé de très haut depuis le début du mois de février, avant qu’une blessure ne vienne compliquer encore davantage sa situation. Quant à lui, Petr Mrazek n’a pas été le moindrement apte à profiter de l’ouverture créée par la léthargie de Campbell, offrant plutôt un rendement encore plus erratique que son coéquipier.

Sheldon Keefe espère pouvoir mettre derrière lui le cirque ces dernières semaines, surtout après la belle performance de lundi face aux Stars de Dallas, une prestation très achevée menant à une victoire par blanchissage. Le problème dans cette histoire, c’est qu’il a fallu que les Leafs envoient devant le filet la recrue de 25 ans Erik Kallgren, choix de septième ronde en 2015, pour enfin bénéficier de quelques arrêts-clés aux moments opportuns. Dur d’imaginer une meilleure entrée en matière, mais est-ce vraiment durable dans le temps?

C’est donc sans surprise vers les prises potentielles à la position de gardien que se braquent la majorité des regards chez les supporteurs des Leafs. « Je peux vous dire que le mot qui revient dans les discussions à l’interne, même si chez les partisans il y a de la panique, c’est ‘patience’. L’état-major a fait ses devoirs depuis un moment déjà, évaluant qui est le mieux positionné pour les aider entre les poteaux », a affirmé notre collaborateur Pierre LeBrun lundi, à Insider Trading. 

« Je sais que plusieurs appels ont été logés à Chicago, a enchaîné LeBrun. Marc-André Fleury est la meilleure option possible parmi les gardiens de location, après tout. Je crois qu’à ce point-ci, le défi est de convaincre Fleury que Toronto est une destination souhaitable pour lui en vue d’une halte de deux mois. Ensuite, le prix demandé d’un choix de première ronde fait-il l’affaire des Leafs? C’est à considérer également. »

Darren Dreger a quant à lui indiqué mardi qu’au-delà de la nécessité d’acquérir une option stable dans les buts, Dubas et Kyle Shanahan souhaitent ajouter une pièce au puzzle à la défense, voyant à quel point celle-ci s’est fait malmener durant le dernier mois. Jeudi matin, LeBrun précisait pour sa part que Mark Giordano représentait « une avenue possible » pour les Torontois.

« À moins que l’évaluation n’ait changé, je crois que les Leafs ont toujours l’impression que leur plus grand besoin est d’ajouter un défenseur no 3, 4 ou 5, dépendamment du marché, a proposé Dreger. C’est là qu’ils devraient à mon avis concentrer leurs recherches et se montrer prêts à payer le prix demandé, plus que devant le filet. »