MONTRÉAL – Le premier contact avec Callum Booth ne ment pas. Le calme et la bonté émanent de ce gardien né à Montréal de parents britanniques qui détient tous les éléments pour s’établir dans la LNH même s’il n’a pas grandi dans un univers de hockey typique à plusieurs Québécois.

Malgré leurs origines européennes, son père et sa mère – qui ont respectivement pratiqué le rugby et l’athlétisme – ont tenu à l’inscrire au sport national de son pays d’adoption et les résultats n’ont pas tardé à se faire sentir même s’il n’a pas ressenti un coup de foudre immédiat pour l’équipement de gardien de but.

Maintenant âgé de 18 ans, Booth profite d’un répertoire enviable pour s’implanter dans le circuit Bettman. À six pieds trois pouces et 199 livres, il attire d’abord l’attention par son gabarit, mais ses qualités humaines et intellectuelles lui permettent aussi de se distinguer.

Brillant étudiant, le gardien croyait se diriger vers un parcours universitaire dans la NCAA sauf que les Remparts de Québec sont parvenus à l’attirer dans leur giron grâce à un souper organisé par Patrick Roy qui avait invité Semyon Varlamov pour l’occasion.

Maintenant aux commandes de l’équipe, Philippe Boucher a découvert un athlète attachant et prometteur.

« C’est un jeune très intelligent et méthodique. Il travaille fort pour réussir à atteindre son but », a positivement décrit son entraîneur et directeur général.

Sans surprise, Booth a tenu à être fidèle à sa personnalité quand il a été convié en entrevue par 18 équipes lors des évaluations de la LNH la semaine dernière à Buffalo.

« J’ai seulement voulu être authentique en disant la vérité. Je ne voulais pas arriver avec des réponses préparées et je me fiais plus à ma franchise. Ils nous ont vus jouer et ils veulent surtout nous découvrir comme personne », a confié Booth qui aborde les matchs avec cette approche calme et en contrôle.

Répertorié aussi haut que le 2e rang parmi les gardiens de l’Amérique du Nord en vue du repêchage, Booth a confirmé ses aptitudes physiques en terminant au 10e échelon sur plus de 100 joueurs lors d’une épreuve d’agilité. Il s’est aussi classé 2e pour la portée (81 pouces d’une main à l’autre) derrière l’imposant gardien Daniel Vladar. Callum Booth

Mais tout ce potentiel a été partiellement « mis sur la glace » durant sa saison de repêchage alors que les Remparts de Québec y sont allés pour le grand coup en procédant à l’acquisition de Zachary Fucale.

« C’est un peu par défaut qu’il a perdu son poste de numéro un cette année. Il demeure l’un des bons espoirs pour la LNH. Il possède tous les critères avec le physique et les habiletés naturelles », a rappelé Boucher.

Ce revirement de situation a marqué l’année de Booth alors que tous les observateurs de la scène du hockey voulaient découvrir comment il allait réagir face à ce défi personnel et sportif.

« On m’a beaucoup questionné là-dessus, c’est un élément très important pour eux. Je présume qu’ils ont aussi posé des questions à Phil (Philippe Boucher) et Max (Maxime Ouellet, son entraîneur des gardiens). Ça m’a brisé le cœur au début, je voulais jouer comme tous les autres. C’était difficile, mais je suis content de la manière dont j’ai géré le tout. Je suis aussi heureux de la relation et de la compétition développées avec Zach », a-t-il admis lorsque rencontré au Harbor Center à la suite de ses tests physiques.

En tant qu’athlète réfléchi, Booth s’est assuré de retenir plusieurs leçons de cette aventure inattendue.

« J’ai appris à jouer chaque match comme si c’était mon dernier. Je voulais mériter chaque départ et on s’est poussé. Je devais demeurer concentré en tout temps. C’est le plus important, tu ne sais jamais quand tu auras une autre chance et il faut compliquer les décisions de l’entraîneur », a indiqué celui qui a pu entamer les séries éliminatoires avec cette approche.

Par contre, Fucale a repris son filet par la suite et il est demeuré le gardien de confiance jusqu’à la conclusion de la coupe Memorial. Cette attente éprouvante incite Booth à entrevoir la prochaine saison avec un désir ardent de protéger son filet.

« Je vais dire à Phil que je veux jouer les 68 matchs et tous ceux en séries ! », a lancé Booth, avec le sourire, à propos de celui qui l’a convaincu de garder le moral.

« Il a toujours démontré beaucoup de confiance en moi. C’est un bon entraîneur et un bon mentor. Je suis impatient de recommencer », a-t-il enchaîné.

« C’était mon travail de lui expliquer que ça n’affecterait pas sa valeur en vue du repêchage. Je ne pense pas que ça va lui nuire. Ensuite, il jouera beaucoup d’hockey pour nous dans les prochaines années et il continuera de progresser », a ajouté Boucher à ce propos.

Hausser son jeu d’un cran dans les moments déterminants

Bien intégré dans le programme national, Booth a obtenu l’occasion de représenter son pays par le passé et il a été l’un des 34 gardiens invités à un prestigieux camp de développement de Hockey Canada.

Neuf gardiens sont présents parmi les moins de 20 ans et il s’y retrouve en compagnie de Samuel Montembeault, Mason McDonald et Mackenzie Blackwood notamment. Avec cette expérience, il espère se tailler un poste au Championnat mondial junior à venir. L’opportunité serait colossale puisque certains observateurs entretiennent des doutes sur son rendement dans les moments cruciaux.

Callum Booth« Il a de belles habiletés, mais je ne l’ai pas encore vu jouer à la hauteur de son talent quand ça compte. Ça va le faire un peu reculer même s’il a un potentiel fort intéressant avec son physique et sa technique », a évalué un entraîneur de la LHJMQ.

Tout de même, Booth a gagné des points quand il a su se débrouiller en venant en relève à Fucale pendant les séries et durant la coupe Memorial.

« Il a été testé rapidement quand il a fait son entrée à la coupe Memorial et il était prêt. Ça me prouve qu’il n’était pas seulement sur le banc pour prendre des photos ! C’est un signe de maturité », a fait remarquer un dépisteur d’une organisation de l’Association Est.

« Il nous a prouvé qu’il pouvait aussi être un gardien réserviste fiable », a mentionné un autre recruteur oeuvrant pour une formation de l’Ouest.

En additionnant tous ces facteurs, ça devient encore plus difficile de prédire à quel point sa patience sera mise à l’épreuve dans les gradins du BB&T Center à la fin juin. Du côté des certitudes, les équipes à la recherche d’un gardien devront trancher entre lui, Mackenzie Blackwood (1er en Amérique du Nord), Samuel Montembeault (3e en Amérique du Nord) et Ilya Samsonov (1er en Europe).

Une source a confirmé au RDS.ca que son organisation avait un penchant pour Montembeault si elle devait choisir entre les deux Québécois. Puisque la science du repêchage ne fait pas de miracles, un autre intervenant y est allé de cette déclaration décrivant la lutte serrée entre les gardiens des Remparts et de l’Armada.

« Ça prendrait tout un devin pour dire lequel sera le meilleur dans la LNH », a admis celui-ci.

Puisqu’il peaufine son répertoire avec les Remparts, Booth ajoute des outils à son coffre auprès d’un enseignant qui peut le guider sur les dangers du repêchage. Même si nom avait été prononcé au 22e rang par les Flyers de Philadelphie en 1999, Ouellet a dû se contenter de 12 parties dans la LNH. Voilà pourquoi Booth demeure un projet à moyen ou long terme.

« Avec Maxime, il apprend beaucoup à bien se servir de sa grandeur et sa grosseur ainsi que ses habiletés naturelles. Il a tous les atouts pour le prochain niveau surtout qu’il devrait jouer plus régulièrement dans la LNH à 22, 23 ou 24 ans. À ce moment, il aura suffisamment progressé », a souligné Boucher avec confiance en son protégé.

Devenu gardien de but uniquement à l’âge de 9 ans, Booth a gravi les échelons avec aisance. Doté de tous les ingrédients que les équipes recherchent maintenant chez les gardiens, l’athlète aux origines britanniques rêve maintenant d’atteindre le niveau des maîtres de la discipline.

« J’essaie de ne pas copier mon style sur quelqu’un quand je suis dans le filet. Mais, si je pouvais jouer comme un gardien, ce serait Pekka Rinne. J’adore sa façon de jouer, il est impressionnant dans sa manière d’utiliser sa grandeur et son côté athlétique. C’est tout un compétiteur aussi », a révélé Booth en ajoutant Carey Price et Henrik Lundqvist à sa liste d’inspirations.

Ironiquement, son joueur préféré n’était pas un gardien quand il grandissait en sol québécois.

« C’était Vincent Lecavalier et je ne sais pas trop pourquoi. J’adore le numéro 4 », a-t-il identifié en surprenant l’auditoire.

Cet attachement est sans doute lié à ses souvenirs d’enfance alors qu’il refusait de garder les buts quand il jouait au hockey dans la rue.

« C’est drôle, mais je n’aime pas être gardien dans la rue. Je joue à l’avant et je cède ma place aux autres », a conclu celui dont la passion est éloquente pour le métier à condition que ce soit sur la glace.