Certains « poolers » se retrouvent probablement comme votre humble chroniqueur au lendemain de cette première ronde éliminatoire de la LNH : la caisse est vide, totalement! Pourtant, selon la logique, les sept joueurs des Canucks, Bruins et Red Wings que nous avions repêchés devraient y être encore. Les trois des Sénateurs que nous avions sélectionnés sont venus à un cheveu d’accéder à la ronde suivante. Mais ainsi s’est déroulé ce premier segment : il fut marqué par des surprises, des déceptions, des comportements inacceptables mais, avouons-le, d’excellentes confrontations.

La première réflexion qui me vient tout naturellement porte sur la série Pittsburgh-Philadelphie qui, pendant sa durée, occupa à elle seule presque tout l’espace, mais pas exactement pour les bonnes raisons. En bout de ligne, les Penguins se seront faits bêtement piégés par les Flyers, bien avant le début du premier tour. Ces derniers ont parfaitement joué la carte de l’intimidation et de l’indignation, autant sur la patinoire que sur la place publique lors des deux derniers matchs de la saison régulière et ont placé les Penguins dans le mauvais état d’esprit avant même la première rencontre éliminatoire. On connaît la suite. La direction, les entraîneurs et les joueurs vedettes de l’équipe devront en prendre bonne note pour l’avenir!

Mais il y a plus. C’est à se demander si on peut continuer encore plus longtemps à garder Sidney Crosby et Evgeni Malkin au sein de la même formation. Quand le premier n’y est pas, le deuxième est fumant. Mais l’inverse est aussi vrai. En ajoutant le nom de Jordan Stall à cette fameuse ligne du centre des Penguins, on peut croire qu’il faudra un jour la fractionner et la monnayer afin de mieux équilibrer les ressources à Pittsburgh. Les Flyers eux-mêmes l’ont fait en échangeant Mike Richards et Jeff Carter, leur permettant de mettre la main sur d’excellents jeunes joueurs comme Brayden Schenn, Wayne Simmonds et Jakub Voracek, en plus du gardien Bryzgalov. Si la santé de Crosby ne pose plus de doute, peut-être que les Penguins envisageront cette avenue.

Sénateurs et Panthers : victoire morale

Après avoir décrit le premier match de la série Ottawa-New York, je croyais sincèrement que les Rangers allaient gagner en rythme et éliminer rapidement les Sénateurs. Ce fut tout le contraire. Cette équipe en supposée « reconstruction » a pris littéralement le contrôle de la série lors du deuxième match et n’eut été du brio du gardien Henrik Lundqvist, les Sénateurs auraient pu atteindre le deuxième tour dès la 5e rencontre. Le travail acharné des tous les joueurs et le rendement surprenant de Craig Anderson furent à la base même du succès inattendu des Sens tout au long de la série mais globalement, c’est à Paul McLean que revient le mérite d’avoir si bien mené cette jeune équipe, qui manque visiblement en profondeur et en expérience. Dès qu’il fut nommé, McLean a instauré un climat de travail extrêmement positif pour les joueurs, un contraste frappant avec son prédécesseur Cory Clouston. Il s’est avéré un allié pour les vétérans et un excellent tuteur pour les plus jeunes. Tous peuvent marcher la tête bien haute après avoir donné une telle frousse aux champions de l’Association est.

Quant aux Panthers, ils auront déjoué les prédictions tout au long de la saison. Très peu croyaient en l’approche audacieuse de Dale Tallon de transformer l’équipe de façon aussi radicale et la plupart s’attendaient à la voir flancher à tout moment. Ce ne fut pas le cas. Là encore, le nouvel entraîneur aura su relever un défi gigantesque : celui d’unifier rapidement autant de vétérans venus d’un peu partout. Kevin Dineen était visiblement prêt pour le poste et il a complété à merveille le travail de son directeur général. Après une interminable période risible, les Panthers de la Floride méritent enfin beaucoup de respect.

Bouleversements dans l’Ouest

L’élimination rapide des Canucks de Vancouver, des Red Wings de Détroit et des Sharks de San José nous amène également à jeter un œil intéressé sur l’avenir de ces formations et plus globalement, sur le passage du flambeau que l’on observe dans l’Ouest.

Dans les trois premiers cas, il y aura quelques bouleversements, c’est certain. Si l’avenir à court terme de Roberto Luongo semble le mener ailleurs qu’à Vancouver, entraînant ainsi les Canucks dans une nouvelle ère, il faut aussi anticiper la retraite pour Nicklas Lidstrom à Détroit. Tomas Holmstrom, 39 ans et joueur autonome, est usé à la corde après toutes ces années à recevoir les pires sévices devant les gardiens et il serait étonnant qu’on lui fasse une offre. Brad Stuart, autonome lui aussi, voudrait aller plus à l’ouest, dit-on. Quant aux Sharks, des échos sérieux recueillis récemment nous laissent croire que la haute direction subit présentement une pression énorme pour apporter des changements, en marge d’une autre fin en queue de poisson. L’excellente base de partisans de cette équipe commence à en avoir assez de voir leurs favoris disparaître avant terme et il ne faudrait pas s’étonner de voir éventuellement quelques gros noms comme Patrick Marleau, Joe Pavelski ou Ryan Clowe servir d’appât.

Un mot en terminant sur les huit équipes encore en vie. De celles de l’Est, je retiens l’équilibre et la profondeur de l’attaque des Flyers, une attaque qui devrait les mener jusqu’à la finale. Des équipes de l’Ouest, je retiens d’elles un fil conducteur principal, qui explique aussi les déboires des quatre formations éliminées : l’excellence des gardiens! C’est ce qui m’amène à croire que nous irons aussi à Nashville, en juin…

Bon deuxième tour!