Au cours du prochain mois, le RDS.ca vous propose un tour d’horizon des 30 formations de la LNH qui auront l’obligation de soumettre une liste de protection en vue du repêchage d’expansion du Kraken de Seattle du 21 juillet prochain et des décisions qui attendent les directeurs généraux.

Aide-mémoire : les règlements du repêchage d'expansion

Aucune autre formation de la LNH n’a effectué un virage à 180 degrés aussi improbable que celui des Predators de Nashville, une équipe que pratiquement tout le monde avait écartée du portrait éliminatoire à la mi-saison. C’est pourtant lors d’un long périple de huit matchs sur les patinoires adverses et sans plusieurs de ses éléments les plus importants, alors que personne ne s’y attendait, que la troupe de John Hynes a eu une sorte de révélation divine.

Le 5 mars, les Preds se retrouvaient au 26e rang du classement général, avec un dossier gênant de 11-16-1. Puis 50 jours plus tard, le 26 avril, une poussée irrésistible les avait menés à une fiche de 16-5-1 à leurs 22 sorties suivantes, ce qui procurait à Nashville une égalité avec les Golden Knights de Vegas pour le meilleur bilan durant cette même période. Quelle volte-face! Bon, on doit convenir cependant que ces succès ne se sont pas matérialisés en séries, mais il faut tout de même mentionner que c'était tout un mandat que de commencer l'aventure éliminatoire face aux Hurricanes de la Caroline, l'équipe ayant devancé les Panthers de la Floride et le Lightning de Tampa Bay dans ce qui était une division très relevée.

COMMENT S’ANNONCE L’AVENIR DES PREDATORS?

Eeli Tolvanen n’en était pas à sa première opportunité de prouver aux Preds qu’il pouvait être une arme offensive dans la LNH. Loin de là, même. Mais à 21 ans (il a célébré son 22e anniversaire vers la fin de la saison), pour sa quatrième année en Amérique du Nord depuis qu’il s’est amené de la KHL, l’ailier finlandais a finalement fait sa marque à Nashville, devenant un membre régulier du top-6 de l’équipe du Tennessee. Utilisé à la pointe sur l’avantage numérique aux côtés de Roman Josi, Tolvanen a trouvé sa confiance en territoire adverse en décochant avec plus de régularité l’excellent tir des poignets qu’il possède.

Au chapitre des patineurs, le bassin d’espoirs des Predators ne regorge pas d’éléments susceptibles de contribuer aux succès du grand club à court ou moyen terme. Membre d’Équipe Canada junior l’hiver dernier, Philip Tomasino a effectué une transition qui peut être qualifiée de spectaculaire vers les rangs professionnels, avec une production oscillant autour de la barre du point par match à ses débuts avec les Wolves de Chicago, dans la LAH. Les Preds n’ont pas énormément de profondeur à l’aile droit, donc il est loin d’être impossible qu’on le voit avec le grand club en 2021-2022.

Le joyau de l’organisation est sans contredit le gardien Yaroslav Askarov, que le directeur général David Poile a déniché avec le 11e choix au total du repêchage de 2020. D’accord, l’échantillon présenté par Askarov avec le SKA de Saint-Pétersbourg dans la KHL (neuf départs seulement cette saison) est plutôt mince, mais son pourcentage d’arrêts de 95,1 % et sa moyenne de buts alloués de 1,21 sont absolument phénoménales. Et le tout avant même d’avoir eu 19 ans pour s’imposer comme un des meilleurs espoirs déjà repêchés (le 13e selon Craig Button, du réseau TSN).

La beauté dans cette histoire, c’est que Poile et les Preds n’auront pas à hâter le moindrement la progression de leur jeune cerbère, étant donné la saison remarquable qu’a connue Juuse Saros. Alternant bonnes et moins bonnes séquences depuis son arrivée dans la LNH en 2016-2017, Saros a décidément trouvé la réponse à l’énigme en 2021, au point où il pourrait être fortement considéré pour l’obtention du trophée Vézina (qui, au final, ira vraisemblablement à Andrei Vasilevskiy une fois de plus).

UN TOP-4 DÉFENSIF À GARDER INTACT À TOUT PRIX?

Selon ce que rapportait notre collègue Pierre LeBrun le mois dernier, seule une poignée d’équipes parmi les 30 qui auront l’obligation de remettre une liste de protection le 17 juillet prochain prévoient opter pour la formule « 8 patineurs et un gardien », la plupart des DG de la LNH préférant plutôt avoir le contrôle sur la destinée de sept de leurs attaquants et trois de leurs défenseurs.

À voir la façon dont est bâti l’alignement des Predators cependant, nul besoin d’être devin pour avancer qu’ils auront du mal à se résigner à protéger seulement trois arrières. Le capitaine Roman Josi, son partenaire de longue date Ryan Ellis, Mattias Ekholm – qui était pourtant une des cibles principales des équipes acheteuses... avant que Nashville ne se mette à aligner les victoires – et Dante Fabbro méritent tous d’être gardés bien loin de la portée du Kraken de Seattle. Le principal laissé-pour-compte en défense dans ce calcul serait le Québécois Alexandre Carrier, qui sans trompette ni tambour s’est avéré être une option très fiable pour John Hynes, surtout vers la mi-saison, tandis que plusieurs membres de la brigade défensive étaient tenus à l’écart du jeu. À un salaire légèrement supérieur à 700 000 $ pour encore deux ans, Carrier, qui est âgé de 24 ans, représenterait une belle prise à coût modique pour Ron Francis et son équipe d’expansion.

Du côté de l'attaque, certains affirmeraient que la seule véritable certitude est que le nom de Filip Forsberg figurera sur la liste de protection. On verrait mal Poile omettre celui de Viktor Arvidsson toutefois; après tout, ce dernier n’a encore que 28 ans, et même si son niveau de production a considérablement baissé depuis ses campagnes de 31, 29 et 34 buts, Arvidsson demeure central aux succès des Preds, sans faire de trou dans le budget à un salaire de 4,25 M$ jusqu’à la conclusion de la saison 2023-2024.

(Mise à jour 1er juillet : Viktor Arvidsson a été échangé aux Kings de Los Angeles)

Étant donné que son contrat n’est pas assorti d’une clause de non-échange, on aurait aisément pu prédire il y a deux ou trois mois que Nashville allait prendre la chance de voir le centre Ryan Johansen et les 8 M$ qu’il empoche annuellement partir vers

Seattle. Comme plusieurs de ses coéquipiers, « RyJo » a commencé l’année avec une production anémique, avant de rehausser son niveau de jeu dans la deuxième moitié du calendrier. Son départ créerait par ailleurs un vide énorme dans la ligne de centre des Preds.

Peut-on en dire autant de Matt Duchene cependant, lui qui ces derniers mois s’est fait encore plus discret qu’à sa première année avec l’équipe du Tennessee? Rémunéré aussi généreusement que Johansen, l’ancien de l’Avalanche du Colorado, des Sénateurs d’Ottawa et des Blue Jackets de Columbus n’a rien fait du tout pour se montrer indispensable depuis qu’il a signé sa lucrative entente le 1er juillet 2019. Parions que sur le plan sportif autant que sur le plan financier, l’état-major des Preds préfèrerait garder au sein de son effectif Luke Kunin, qui est un attaquant plus complet que Duchene tout en étant plus jeune, le tout à un salaire de 2,3 M$ en 2021-2022. Tout compte fait, Calle Jarnkrok serait également une option plus alléchante que l’ancien troisième choix au total en 2009.

Prédictions du RDS.ca

Attaquants (4)

Filip Forsberg
Ryan Johansen
Luke Kunin
Calle Jarnkrok

Défenseurs (4)

Roman Josi (Clause de non-mouvement)
Mattias Ekholm
Ryan Ellis
Dante Fabbro

Gardien (1)

Juuse Saros

Principaux éléments non-protégés

Matt Duchene (A)
Calle Jarnkrok (A)
Rocco Grimaldi (A)
Colton Sissons (A)
Nick Cousins (A)
Mikael Granlund (A / Joueur autonome sans compensation)
Mark Borowiecki (D)
Alexandre Carrier (D)
Matt Benning (D)
Pekka Rinne (G / Départ à la retraite le 13 juillet)
Connor Ingram (G)

Le portrait des équipes de la LNH