BUFFALO – Lorsque Trevor Timmins a fait retentir les mots « Spitfires de Windsor » pour la première fois, vendredi soir, dans le First Niagara Center, Logan Brown ne voulait pas se réjouir trop rapidement. 

Ce n’est pas que Brown ne voulait pas se retrouver avec le Canadien, c’est plutôt qu’il savait que son coéquipier – et bon ami – Mikhail Sergachev avait autant de chances que lui d’être sélectionné par Montréal.

Brown avait vu juste, Timmins a opté pour un défenseur au lieu d’un attaquant bâti sur une charpente de six pieds six pouces qui gagnera en muscle au fil des ans.

« J’étais prêt pour ça, il faut attendre jusqu’au nom, je ne voulais pas m’emballer trop vite. Je suis vraiment content pour lui, il a travaillé très fort pour ça et il le mérite », a souligné Brown qui a reçu la visite de Sergachev après son point de presse.

Heureusement pour lui, son tour n’a pas tardé alors que les Sénateurs d’Ottawa ont joué de prudence en grimpant d’un rang pour s’assurer de ses services.

« Ça s’est joué jusqu’à la dernière minute, on visait vraiment Logan. Nos recruteurs et moi étions très contents d’obtenir un joueur de ce calibre », a exprimé le directeur général des Sénateurs, Pierre Dorion, qui ne savait pas si les Devils allaient opter pour Brown

Dans un monde idéal, il serait demeuré un coéquipier du défenseur russe dans la LNH. Maintenant que ce n’est pas le cas, il a hâte d’en découdre avec son copain dans le cadre de la rivalité entre le Canadien et les Sénateurs.

« Oui, absolument, on a eu déjà plusieurs bonnes confrontations à l’entraînement, on est deux athlètes très compétitifs », a confirmé Brown.

En observant le tout, on finit par constater que l’attaquant aux habiletés offensives supérieures à Michael McCarron cadre à merveille avec les Sens pour une raison évidente.

« C’est plutôt incroyable, j’ai passé presque tous mes étés à Ottawa puisque mes grands-parents vivent là-bas. Je suis vraiment familier avec l’organisation et la ville. En grandissant, j’ai toujours pensé que ce serait agréable de jouer pour les Sens », a commenté Brown encore sous le coup de l’émotion.

« En plus, mon père est l’entraîneur des 67’s (l’équipe junior d’Ottawa). Les mots ne sont pas assez forts pour décrire ma joie », a poursuivi Brown, un athlète volubile et passionné.

« C’est ma première transaction comme DG et ça me permet de nous assurer un joueur qui a des liens profonds avec Ottawa », se réjouissait Dorion qui vient d’offrir tout un atout à Guy Boucher, son nouvel entraîneur.

Les joueurs de centre de son gabarit ne courent pas les rues si bien que la majorité des équipes de la LNH étaient intéressées par son potentiel. Ainsi, Brown ne pouvait pas deviner que les Sénateurs avaient bondi d’un échelon afin de mettre la main sur lui.

« Je n’avais aucune idée qu’ils allaient me choisir. C’est le plus beau moment de ta carrière de hockey, mais c’est aussi déchirant de devoir patienter sans savoir », a raconté Brown qui portait fièrement ses nouvelles couleurs.

Le gaucher de 18 ans s’était présenté au repêchage en connaissance de cause. En effet, son paternel, Jeff, n’avait pas connu l’expérience la plus agréable en 1984 et il lui avait prodigué quelques conseils.

« Je devais me préparer au pire, ça pouvait être une longue journée. Dans son cas, il avait passablement chuté (jusqu’au 36e rang). Tous les scénarios te passent par la tête, mais il faut apprécier le moment, on est entouré de nos proches », a exprimé Brown dont le père avait été repêché par les Nordiques.

Un attaquant dangereux à sa maturité physique

Pour le moment, Brown ne possède pas le physique pour s’imposer dans la LNH, mais il bosse fort pour rattraper le retard qu’il accuse sur d’autres espoirs sélectionnés à Buffalo.

Ce travail s’effectue d’ailleurs avec le préparateur physique des Sénateurs qui a eu de bons mots pour Brown.

« Je suis un bon joueur de poker! »

« Il a évoqué sa très bonne éthique de travail et le fait qu’il peut encore développer de façon considérable au plan physique. De plus, il est prêt à se pousser pour que ça se produise », a résumé Dorion sur cette source intéressante.

En additionnant tous ces facteurs, Dorion et son personnel croyaient que tous les éléments étaient réunis et son potentiel devenait impossible à ignorer.

« Exactement, tu regardes son gabarit, son sens du hockey, sa progression et sa vitesse. Il doit travailler sur son explosion, mais ça viendra avec la maturité physique. On connaît également son bagage familial. On dirait que toutes les cases étaient cochées en sa faveur », a imagé Dorion.

Brown doit également gagner en maturité dans son jeu. Reconnu comme un excellent passeur, il a appris à devenir un peu plus égoïste quand il le faut sur la patinoire. Nul doute, il a trouvé une inspiration emballante pour les Sénateurs.

« Mon but serait de ressembler à Joe Thornton, je l’aime beaucoup comme joueur », a conclu Brown qui a posé sur la scène en compagnie de Daniel Alfredsson, un autre modèle de choix.