TAMPA - Lorsque les collègues de Tampa ont demandé à Jon Cooper au lendemain du balayage du Canadien en saison régulière ce que représenterait un deuxième duel en deux ans contre le Tricolore en série, l’entraîneur-chef a répondu : « ce serait quelque chose de spécial, non? »

Quarante-cinq minutes après la victoire de 2-0 aux dépens des Red Wings de Detroit, victoire qui venait de les propulser en deuxième ronde de séries justement contre le Canadien, l’entraîneur-chef du Lightning a conclu son point de presse avec la même réponse. Jon Cooper aurait toutefois pu éviter le conditionnel. Car dès vendredi, à 19 h, le Lightning croisera bel et bien le Canadien dans un Centre Bell qui sera survolté.

Balayé en quatre matchs par le Canadien en première ronde l’an dernier malgré le fait qu’il détenait l’avantage de la patinoire, le Lightning s’est repris de brillante façon cette année avec cinq victoires consécutives en saison régulière. Cinq victoires au terme desquelles Tampa a enfilé un total de 21 buts contre seulement huit pour le Tricolore.

« Ce qui s’est passé en saison ne comptera plus à compter de vendredi. C’est un très beau défi qui se dresse devant nous. Nous venons de remporter un septième match ce qui est une source importante de satisfaction, de confiance et de motivation pour nous. Nous avons quelques heures pour célébrer et penserons au Canadien dès demain lors de notre envolée vers Montréal », a lancé le capitaine Steven Stamkos après la rencontre.

Le Lightning quittera Tampa sur le coup de midi jeudi. Stamkos et ses coéquipiers chausseront à nouveau les patins seulement lors de l’entraînement matinal de vendredi.

Bien que Stamkos assurait vouloir attendre un peu avant de penser au Canadien, il était clair que le capitaine, ses coéquipiers et leur entraîneur-chef avaient déjà une partie de la tête à Montréal. Et une autre dans les souvenirs associés à la série du printemps dernier.

Stamkos et le Lightning débarquent à Montréal mieux préparés que l’an dernier. Ils débarquent aussi et surtout mieux protégés que l’an dernier alors que Ben Bishop, en forme et en santé, sera devant le filet au lieu de suivre les matchs des gradins. Blessé à un coude l’an dernier, Bishop avait cédé sa place à Anders Lindback qui s’était montré très généreux à l’endroit du Canadien qui a enfilé 16 buts en quatre rencontres. Tampa avait répliqué avec 10.

« Ben Bishop a terminé finaliste dans la course au trophée Vézina l’an dernier. Ça confirmait son talent et tout ce qu’il avait accompli pour nous. Regardez ce qui est arrivé au Canadien quand il a perdu Carey Price en finale. Une équipe ne peut pas perdre d’aussi bons gardiens sans en subir de conséquences. Cela dit, il serait injuste d’imputer tout le poids de notre défaite de l’an dernier sur Lindback. Nous n’avons pas joué du bon hockey devant lui. Nous n’étions simplement pas prêts à jouer au niveau nécessaire pour gagner en séries. Cette année nous le sommes davantage. Nous savons qu’il faudra jouer notre meilleur hockey pour rivaliser avec Montréal et composer avec Carey Price », a ajouté Steve Stamkos.

Stamkos sur le point d’exploser

Malgré une performance solide et le fait qu’il se soit fait voler un but par le gardien Petr Mrazek sur un tir vif décoché de l’enclave, Steven Stamkos s’amène à Montréal sans avoir marqué contre les Red Wings de Detroit. Pis encore, le capitaine du Lightning n’a pas marqué à ses 10 derniers matchs de séries éliminatoires.

Une bonne ou une mauvaise nouvelle pour Tampa et Montréal?

« La bonne nouvelle c’est que l’absence de but de Steven démontre la profondeur de notre équipe sur le plan offensif. Elle démontre aussi que le hockey est vraiment un sport d’équipe et qu’un joueur peut contribuer au succès de son club autrement qu’en marquant. Mais si vous me dites que ça fait dix matchs de séries qu’il n’a pas marqué, ça me laisse croire que “Stammer” est sur le point de briller », a lancé l’entraîneur-chef Jon Cooper avec un sourire de satisfaction accroché au visage.

Club mieux préparé

Comme ses joueurs, Jon Cooper a encaissé durement le balayage infligé par le Canadien l’an dernier. Comme ses joueurs, l’entraîneur-chef du Lightning assure que lui et son club sont beaucoup mieux préparés cette année.

« On s’est trempé le bout des orteils l’an dernier. Cette année nous avons plongé à l’eau », a imagé Cooper dans sa façon d’analyser les performances, mais aussi l’attitude de son club depuis le début des séries.

« Les amateurs considèrent qu’il est facile d’accéder aux séries chaque année. C’est loin de l’être. À part pour les Red Wings de Detroit », a lancé en riant Jon Cooper histoire d’auréoler ses adversaires qui viennent d’accéder aux séries pour une 24e saison consécutive.

« Quand les Kings de Los Angeles ont raté les séries, les huit clubs de l’Ouest ont poussé un soupir de soulagement. Nous avons été éliminés en quatre matchs l’an dernier. Nous avons exorcisé nos démons. On a connu une bonne saison. On a accédé aux séries et on vient de remporter une première ronde. Non seulement on vient de battre Detroit, mais la façon dont nous venons d’y arriver a de quoi nous donner confiance. On vient de gagner trois matchs sur quatre, dont deux au cours desquels nous faisions face à l’élimination. C’est gratifiant pour tous nos joueurs », a insisté l’entraîneur-chef du Lightning.

« Ce qui me réjouit le plus dans la victoire de ce soir, c’est l’attitude que nos joueurs ont su maintenir en fin de rencontre. On savait que le match serait serré. Nous étions nerveux en début de partie, c’était évident. Notre gardien nous a permis de garder le score 0-0. Quand nous avons pris les devants en troisième, il restait alors beaucoup de temps (16 minutes). Et c’est là que nous avons joué notre meilleur hockey de la série », a poursuivi Cooper.

Le Lightning devait, selon plusieurs et je fais partie du groupe, sortir facilement de la première ronde l’opposant aux Red Wings. C’est tout le contraire qui est arrivé.

Et c’est peut-être une bonne chose.

Car comme c’est souvent le cas pour les clubs favoris depuis quelques années, c’est la première ronde qui représente le piège le plus menaçant. Après avoir mis plus de temps que prévu, avoir aussi dû dépenser beaucoup plus d’énergie et faire face à une adversité imprévue, le Lightning arrive à Montréal le vent en poupe et en confiance.

Est-ce que le fait de croiser un club reposé qui aura profité d’une pause de cinq jours alors qu’ils n’auront que leur journée de déplacement vers Montréal pour récupérer nuira à la cause du Lightning?

Le Montréalais Alex Killorn ne croit pas du tout. « On a vécu les séries l’an dernier à Montréal. L’ambiance est sensationnelle. C’est survolté. C’est évident que les fans seront derrière le Canadien et contre nous, mais ce genre d’atmosphère t’aide malgré tout à hausser ton niveau de jeu. À embarquer dans la série », expliquait le petit joueur de centre qui a récolté une passe mercredi pour porter à deux buts et quatre points sa fiche personnelle depuis le début des séries.

Ce sera la troisième fois de l’histoire du Lightning qu’il croisera le Canadien en séries éliminatoires. Avant d’être balayé le printemps dernier, Tampa avait fait subir le même affront au Tricolore en 2004 (14 buts pour Tampa contre 5 seulement pour Montréal) alors que Vincent Lecavalier, Martin St-Louis et le Lightning étaient en route vers leur première coupe Stanley.