Si la saison des Maple Leafs de Toronto est terminée depuis un bon moment et que le seul objectif de cette équipe moribonde sur et à l’extérieur de la patinoire est de maximiser ses chances de remporter la loterie Connor McDavid, celle de Stéphane Robidas prend fin aujourd’hui.

Le défenseur québécois âgé de 38 ans sera opéré au cours des prochaines heures à l’épaule gauche.

« Si nous étions dans une course aux séries, je ne me ferais pas opérer maintenant. Mais comme la réadaptation prendra cinq à six mois, je suis mieux de me faire opérer tout de suite afin d’être prêt à reprendre ma place dès le début du prochain camp d’entraînement », a expliqué Robidas lorsque joint par RDS.ca plus tôt cette semaine.

C’est la deuxième année de suite que la saison de l’arrière sherbrookois prend fin hâtivement et sur une table d’opération.

À Anaheim, le 21 avril dernier, Robidas a été victime d’une fracture de la cheville droite. Le vétéran défenseur donnait alors ses premiers coups de patin avec les Ducks qui avaient fait son acquisition des Stars à la date limite des transactions. Un échange conclu en dépit d’une fracture du péroné subie en novembre à Dallas. Ironiquement, c’est d’ailleurs lors du match Anaheim-Dallas que Robidas a subi cette deuxième fracture en moins de cinq mois.

Stéphane Robidas« Je n’ai jamais été chanceux avec les blessures », a convenu Robidas en laissant aller un petit rire de dérision.

Cette fois, ce n’est pas un impact précis qui a mené Robidas du vestiaire des Leafs à une table d’opération, mais de l’usure accumulée.

« Je traîne ça depuis l’automne. J’ai commencé par ressentir des douleurs aux pectoraux. C’est allé ensuite vers les omoplates, puis au bras gauche. Je suis souvent engourdi et j’ai perdu de la force. Je peine à lever un sac d’épicerie avec ma main gauche. J’aurais quand même pu finir la saison, car j’ai appris à composer avec la douleur et le manque de force. Je gardais mon bras gauche plus près de mon corps. Mais ça devenait difficile de décocher de bons tirs frappés et des tirs sur réception. J’ai vécu le même genre d’opération à deux reprises à l’épaule droite. Je sais donc à quoi m’attendre », expliquait Robidas.

Initialement, les médecins avaient prescrit du repos. Des pauses dont Robidas a profité pendant et après le congé du Match des étoiles ont aidé. Mais pas assez.

« J’ai alors décidé d’aller obtenir l’opinion d’un deuxième spécialiste et il m’a présenté le même diagnostic que le médecin des Leafs. Il fallait opérer », d’ajouter Robidas.

Parce que le défenseur devra subir une anesthésie générale pour permettre l’intervention à l’épaule, les médecins des Leafs profiteront de l’occasion pour retirer les vis installées le printemps dernier dans sa cheville droite pour solidifier les os brisés.

Année difficile

Lorsque Stéphane Robidas se réveillera deux ou trois heures après l’anesthésie, il pourra immédiatement penser à l’an prochain. Il ne pourra toutefois pas effacer les ennuis qui minent sa nouvelle équipe depuis l’automne dernier. Des ennuis qui ont pris des allures de cauchemar cette semaine lorsque Nazem Kadri a été d’abord chassé de la formation pour avoir raté une réunion d’équipe avant d’être suspendu pour deux matchs supplémentaires par le président de l’équipe Brendan Shanahan.

« Disons que tout ce qui pouvait mal aller cette année est mal allé », a reconnu Robidas lors de l’entretien qui a précédé la deuxième sanction imposée par l’état-major de l’équipe.

« Le pire dans tout ça, c’est que nous avons bien amorcé la saison. En novembre, nous étions en feu. On était même devant le Canadien. Je me retrouvais avec l’équipe que j’avais envisagée lorsque j’ai accepté l’offre des Leafs : un club des séries; un club capable de causer des surprises », se souvient Robidas.

Mais voilà. Des feux de la rampe sous lesquels ils jouaient en novembre, les Leafs ont vite plongé dans le feu de l’enfer.

« On a encaissé deux dégelées de suite contre Nashville (9-2) et Buffalo (6-1) et on ne s’en est jamais remis. Je n’avais jamais envisagé ça. Les ennuis venaient de partout : un coach congédié, des chandails lancés sur la patinoire en guise de dérision, des gars qui ont connu des ennuis sur la glace, les critiques des fans, des médias. Vraiment, tout s’est mis à mal aller. Ce n’était pas la faute à Randy (Carlyle) et ce n’est pas plus la faute de Horacek (Peter) qui l’a remplacé. Il a essayé de changer des choses, mais le mal était fait. On n’a pas joué comme il faut et on n’a jamais été capable de mettre des bonnes performances de façon répétée sur la glace. Quand l’attaque fonctionnait, on donnait trop de buts. Quand on jouait mieux défensivement, on n’arrivait pas à marquer. Quand je te dis que tout s’est mis à mal aller, c’est de ça dont je parle », racontait Robidas qui a déjà vécu pareille situation lors des saisons noires du Canadien à la fin des années 1990 et au début des années 2000.

Avenir prometteur

Malgré tous les ennuis qui minent son équipe cette année sans oublier cette autre blessure qui frappe son corps déjà pas mal meurtri après 885 matchs disputés aux quatre coins de la LNH depuis son entrée en scène avec le Canadien en 1999, Stéphane Robidas assure ne pas regretter sa décision de se joindre aux Maple Leafs l’automne dernier.

Vrai que Robidas pouvait difficilement lever le nez sur le généreux contrat de neuf millions $ sur trois ans que lui ont offert les Leafs.

Mais au-delà des années et des millions, Robidas assure aimer évoluer dans un marché aussi difficile que celui de Toronto.

Il croit aussi fermement aux chances des Leafs de retrouver le chemin des victoires et des séries dès l’an prochain. Il croit même qu’au-delà leurs ennuis multipliés cette année, le capitaine Dion Phaneuf et le franc-tireur Phil Kessel peuvent non seulement demeurer à Toronto, mais ramener les partisans derrière eux avec de bonnes performances.

« Dion est un bon défenseur. Il joue beaucoup, il est impliqué et il s’expose à la critique. Mais il l’assume et prend au sérieux son rôle de capitaine. Phil est une machine à marquer des buts. Il est parmi les meilleurs de la Ligue. Ils sont bons et ils veulent connaître du succès à Toronto. Ce n’est pas vrai qu’ils se fichent de l’équipe et des partisans, ce n’est pas vrai du tout », a plaidé Robidas.

Pour le reste, le défenseur québécois assure qu’avec les éléments en place et quelques ajouts, les Leafs présenteraient un visage nouveau. Un visage de club gagnant.

« Vous le savez à Montréal, tout commence par un bon gardien. On en a un très bon avec Jo (Jonathan Bernier), qu’on n’a vraiment pas aidé cette année. À la ligne bleue, Morgan Rielly est excellent et il n’a que 21 ans. Bruce Gardiner est un autre très bon jeune défenseur. À l’attaque, en plus de Phil, on a JVR (James van Riemsdyk), Tyler Bozak, Nazem Kadri. On a une meilleure équipe qu’on l’a démontré depuis novembre. On mérite les critiques qu’on a reçues, mais l’équipe est meilleure que ce que les gens disent de nous. »

S’il n’est pas d’accord avec les analyses trop sévères effectuées sur les Leafs, Stéphane Robidas convient que la marge d’erreur sera très mince encore l’an prochain.

« C’est une des raisons qui m’incitent à me faire opérer tout de suite. La saison est gâchée. Même si on gagnait souvent d’ici la fin de l’année, les gens n’oublieraient pas nos ennuis. Il faudra donc être prêt à repartir en neuf à l’automne. Le marché de Toronto est dur. Peut-être même plus qu’à Montréal. Mais c’est le genre de marché dans lequel je veux jouer. On est allé deux fois à Montréal cette année et quand tu entends la musique et la foule crier quand Michel (Lacroix) annonce « accueillons nos Canadiens », ça donne des frissons même quand tu joues pour le club qui visite. C’est ça que tu veux comme joueur. Tu veux une ville qui s’intéresse à toi. Mais si les fans t’encouragent quand ça va bien, tu dois t’attendre à ce qu’ils te fassent la vie dure quand ça va mal. Tu ne peux pas juste avoir le meilleur des deux mondes. Ce sera à nous comme joueurs et comme équipe de les ramener. Et oui je crois vraiment en nos chances d’y arriver. »

Dès l’an prochain?

« Oui dès l’an prochain… »