WASHINGTON - Des mains en or pour manier le bâton, des poings de plomb pour punir ses adversaires : le hockeyeur français Antoine Roussel possède cette alchimie qui fait le bonheur des Stars de Dallas dans la LNH.

Cette polyvalence rare fait qu'à 24 ans, ce natif de Roubaix (nord) est le seul joueur français à évoluer à plein temps dans le Championnat nord-américain de hockey sur glace, un turbulent ailier qui n'a pas froid aux yeux et n'aime rien tant que d'aller provoquer ses adversaires.

Et alors que va s'achever la saison régulière, sa première complète dans la LNH, Antoine Roussel est devenu un joueur cadre dans l'équipe texane, à la lutte pour décrocher sa place en séries.

« Là c'est le fun, on se rapproche de plus en plus de notre objectif qui est de faire les séries. Mais il reste quand même sept matchs à faire, donc rien n'est joué », savoure-t-il avec une pointe d'accent québécois.

« Cette saison, on a eu des hauts et des bas. À un moment donné, on a perdu sept ou huit matchs de suite, donc c'était dur. Mais on a réussi plusieurs séries victorieuses de quatre, cinq matchs, ça nous a remis dedans », ajoute ce costaud (1,83 m, 88 kg), aussi charmant en dehors de la glace que teigneux dessus.

En général, chaque équipe possède un bagarreur attitré, chargé de veiller sur les joueurs vedettes de son équipe. Mais il est rare que ces « policiers », comme ils sont surnommés, soient aussi en mesure de marquer des buts régulièrement.

C'est là toute la singularité du Français, deuxième de la Ligue au nombre des pénalités (il a participé à 10 bagarres cette saison et a accumulé 193 minutes de punition), mais qui compte aussi un total très respectable de 13 buts et 15 aides.

« Bouleversement des cultures »

« Cela me dérange un peu que les gens ne me voient que comme un bagarreur, c'est qu'ils ne connaissent pas trop le jeu. C'est une de mes forces d'être polyvalent, de pouvoir toucher un petit peu à tout, c'est vraiment là-dessus que je mise », dit encore l'ailier qui estime cette saison avoir progressé dans la finition.

Son entraîneur Lindy Ruff apprécie d'ailleurs toutes les contributions du Français. « Les autres équipes détestent jouer contre lui, il n'a pas peur de faire le sale boulot et il est souvent récompensé. J'admire la manière dont il joue », affirme-t-il.

Mais s'il évolue aujourd'hui au Texas, Antoine Roussel n'en oublie pas pour autant d'où il vient. Il a fait ses premiers pas de hockeyeur en France et ses parents ont déménagé au Québec quand il avait 15 ans. Il s'est rapidement fait remarquer, gravissant les échelons dans les équipes de jeunes puis dans les ligues mineures avant d'être appelé dans la LNH dans le courant de la saison passée.

« J'ai appris à jouer au hockey en France, sans conteste, entre Deuil-la-Barre, Nantes et Rouen. C'est là que j'ai fait mes classes. Mais quand je suis arrivé au Canada, c'est sûr que c'était un bouleversement des cultures », se rappelle-t-il.

« Cela m'a donné un second souffle parce qu'en France je voyais bien que j'arrivais au sommet de la pyramide. J'ai la chance d'avoir des parents qui ont fait des sacrifices et qui ont voulu déménager au moment où moi j'arrivais à mon apogée, donc le timing était parfait. »

Son contrat avec les Stars arrive à échéance en fin de saison, il n'y a pas encore eu de négociations pour la suite, mais « ça ne me stresse pas trop », assure-t-il.

Avant de penser à une éventuelle prolongation de contrat, il reste concentré sur le parcours de son équipe. En cas d'élimination précoce, il rejoindra l'équipe de France pour le Mondial au Bélarus, courant mai.